Idées fixes, Patrick Sirot
Idées fixes, éd. Chez Higgins, coll. Carnets d’artiste, Montreuil, 2016
Eric Higgins ouvre de manière magistrale sa nouvelle collection de carnets d’artiste et sa nouvelle aventure réalisée avec Marie Bolton. En édition limitée enrichie d’une œuvre originale de chaque créateur, cette collection permet de faire découvrir les dessous des œuvres d’artistes qui ne se laissent pas détrousser facilement. Patrick Sirot le prouve.
Dans ces dessins l’être devient un monstre presque invertébré et parfois une sorte de larve dont les soupentes sont des garde-manger étranges. L’artiste (et poète) fait passer du paroxysme de l’idéal à un abîme. Il aiguillonne autant l’absurde que le critique du monde par ses germinations plastiques. Elles ouvrent des perspectives que nous voulons souvent ignorer.
Les dessins, par leur trace, leur « odeur », créent des hantises en des situations qui placent l’être dans ses miasmes. Patrick Sirot transforme l’homme en pantin. Et Topor ne renierait pas de telles œuvres. Comme les siennes, ici, le graphisme remplace le travail du deuil et de la mélancolie par celui du comique et de la drôlerie. Les situations qui pourtant ne prêtent pas à rire. Et c’est un euphémisme.
Face à l’inconscient qui n’est souvent qu’une surface et l’apparence qui n’est qu’une peau, la photographie plonge sur des gouffres et des énigmes. Chaque dessin brouille les lignes de la représentation et celles de nos images mentales. « Par le dessin la viande ne se perd pas » dit Artur Danto : sa carapace non plus. Elle devient l’indice et le symbole de rapprochements intempestifs avec l’animalité inhérente à toute existence.
Jean-Paul Gavard-Perret
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