Henry James chez Rivages Poche
Le Siège de Londres, et Autres Nouvelles, Henry James, Rivages, janvier 2016, trad. anglais (USA) Jean Pavans, 480 pages, 9,20 € ; La Tour d’Ivoire, trad. anglais (USA) Jean Pavans, 326 pages, 9,20 € ; Mémoires d’un Jeune Garçon, trad. anglais (USA) Christine Bouvart, 384 pages, 9 € ; janvier 2016, Rivages.
Le 28 février 1916, à l’âge de soixante-treize ans, l’auteur américain Henry James rendait l’âme et la plume à son Créateur, après l’avoir plus que dignement servi par une grande quantité d’écrits, surtout des nouvelles et des romans, dont la plupart conservent aujourd’hui une pertinence rare. Il n’est que de voir la récente (2012) adaptation et transposition à l’époque contemporaine du roman Ce que Savait Maisie (1897) pour se rendre compte du génie d’observation d’Henry James et de la modernité absolue de son regard : qui aurait pensé à écrire un divorce, phénomène que l’auteur observe autour de lui en pleine expansion, et toutes ses dérives, du point de vue de l’enfant ? Un fin observateur de l’espèce humaine dans sa variante protestante nord-américaine et européenne, ni plus, ni moins.
Quoi qu’il en soit, centenaire de sa mort oblige, 2016 sera une année à forte actualité éditoriale pour Henry James. Cette actualité débute, chez Rivages, par la réédition de trois livres donnant à eux trois un aperçu relativement complet de l’œuvre protéiforme d’Henry James : un recueil de nouvelles, Le Siège de Londres, et Autres Nouvelles, un de ses deux ultimes romans inachevés, La Tour d’Ivoire, et le récit autobiographique de son enfance, Mémoires d’un Jeune Garçon.
Le recueil comprend trois nouvelles, Madame de Mauves (1874), Le Siège de Londres (1883) et Lady Barberina (1884), ainsi qu’une préface signée David Lodge. De cet auteur anglais, on sait qu’il est un fin connaisseur d’Henry James, puisqu’il a écrit un très beau récit sur ses désirs de dramaturge frustré,L’Auteur ! L’Auteur ! (2004), qu’on recommandera à qui voudrait lire un récit magnifique sur le monde littéraire d’avant la Grande Guerre dans les pays anglo-saxons. Pour reprendre l’expression de cet éminent préfacier, les trois nouvelles ici recueillies appartiennent à la veine du « thème international » cher à Henry James : la confrontation, par personnages interposés, entre l’Ancien et le Nouveau Monde, entre les Européens héritiers d’une longue et noble lignée et les Américains anciennement européens et ayant acquis d’autres valeurs, sans qu’il soit possible de trancher en faveur de l’un ou l’autre groupe ; James, en fin romancier, se pose en observateur, pas en juge, et c’est au lecteur de tirer ses éventuelles conclusions.
Ainsi, dans Madame de Mauves, la première nouvelle, la plus ancienne et la plus tragique du lot, un jeune homme provenant des Etats-Unis, Longmore, s’amourache en France d’une compatriote, Euphemia, ayant épousé un Comte de Mauves : il se lie à elle, devient son ami, jusqu’à découvrir en elle une profonde tristesse et en comprendre la raison ; elle qui a épousé un noble, a en fait épousé un rustre, un fauché qui n’en voulait qu’à son argent et la trompe malgré sa grâce et sa beauté. La tragédie était en germe dès la demande en mariage, puisque la mère d’Euphemia l’avait avertie, clairvoyance qui permet à James un de ces traits sublimes dont il a le secret : « Mrs Cleve, qui s’était montrée moins rigoureuse pour son propre compte, ressentait un authentique besoin spirituel de sacrifier sa fille aux convenances. Elle appartenait à cette large classe d’Américaines qui font peu de cas de l’Amérique dans leurs propos familiers, mais qui sont rappelées à un sentiment de responsabilité morale quand elles voient les Européens les prendre au mot ». Au passage, remarquons le jeu onomastique de James qui, fasciné par la culture européenne en vient à écrire l’histoire d’une nouvelle Mademoiselle de Clèves, à une lettre et un accent près. Longmore est vite pris dans un jeu cynique par de Mauves et sa sœur, Madame de Clairin, qui l’incitent en termes à peine voilés à devenir l’amant d’Euphemia, ce à quoi il se refuse. Confrontation entre une Amérique puritaine et une France à la noblesse dévoyée, cette première nouvelle se termine sur une note mélancolique.
De mélancolie, il n’est pas question dans la nouvelle suivante, qui voit James commencer à se jouer des points de vue narratifs, inventant des techniques à enseigner dans toutes les bonnes écoles de cinéma. La nouvelle s’ouvre en effet sur une scène à la Comédie-Française, avec comme personnages principaux « deux Américains », Littlemore et Waterville (« pour qui la civilisation européenne n’avait pas cessé d’être une nouveauté, et qui durant les six derniers mois s’était trouvé confronté à des problèmes tout à fait insoupçonnés » – génie du trait jamesien, à nouveau) qui remarquent une femme, « une sorte de beauté ! ». De ces deux Américains qui semblent pourtant disposer de tous les traits nécessaires à être des personnages principaux, il ne sera plus guère question, sauf de Waterville, car le personnage principal, c’est cette femme vue au théâtre à Paris : Mrs Nancy Headway, qui représente à elle seule le type même de l’Américaine honnie par cette vieille Europe. A vrai dire, elle qui vient de la Côte Ouest rebute même ses compatriotes issus de la Côte Est, plus collet monté, plus enclins à respecter les usages et les formes anciens. La suite de la nouvelle voit cette femme, divorcée plusieurs fois, monter à l’assaut de la bonne société européenne, jusqu’à se retrouver à Londres, d’où le titre, puisque l’on peut considérer qu’elle assiège la bonne société de cette ville en quête d’un mari. Elle trouvera en Sir Arthur Demesne une victime tout désignée, même après que le passé de l’Américaine sera révélé à la mère de l’Anglais par Littlemore ou Waterville, le premier ayant connu Headway aux Etats-Unis. Ce qui décide finalement Lady Demesne à laisser convoler son fils avec cette femme correspondant pourtant bien peu à ses propres critères sociaux, ce serait peut-être bien la fortune de cette dernière. Mais au-delà de cette considération, ce qui est remarquable dans cette nouvelle, c’est, d’une part, l’empathie dont fait montre James à l’égard de Mrs Headway, pourtant un personnage bien éloigné de ses propres valeurs, et, d’autre part, la subtile cruauté dans le trait pour montrer une noblesse anglaise finissante, voire insignifiante, et capable d’une superficialité affolante dans ses jugements et appréciations (« Waterville remarqua, de plus, que la société anglaise cherchait toujours des amusements externes, et que dans cette transaction elle tenait à être payée comptant. Si Mrs Headway se montrait suffisamment amusante, elle réussirait probablement, d’autant plus que sa fortune, si fortune il y avait, ne serait pas un obstacle »).
Cette même noblesse terrienne anglaise en prend à nouveau pour son grade dans la troisième nouvelle du recueil, la plus aboutie au point de vue technique, la plus savoureuse aussi, Lady Barberina. Tout comme la précédente, elle s’ouvre sur une scène où deux personnages secondaires observent le spectacle du « Drive » dans Hyde Park, et c’est parti pour un chapitre où, tel un chœur antique, ce duo permet au lecteur, relativement complice (« Je prie le lecteur de me faire confiance ; je ne lui demande pas une vaine concession »), de comprendre les tenants et aboutissants du récit qui suit : celui d’un mariage inter-continental, encore un, mais abouti dans le sens inverse des deux nouvelles qui précèdent. Dans Lady Barberina, en effet, l’épousée européenne émigre vers New York, et son Américain de mari est confronté aux mœurs anglaises dans toute leur splendeur ironique. Ainsi, à lui qui est millionnaire, on demande de garantir à sa future une rente, ce qui mène à quelques réflexions savoureuses relatives à ce qui est une « odieuse coutume anglaise » aux yeux de Jack Lemon, l’Américain tombé amoureux de Lady Barberina ; et James de pointer avec une ironie dont la délicatesse est quasi flaubertienne : « Il n’avait vu la maîtresse de ses pensées que deux ou trois fois, et avait reçu des lettres de Mr Hilary, l’avocat de Lord Canterville, lui demandant, dans les termes les plus obséquieux, il est vrai, de désigner quelque homme de loi avec lequel on pût fixer les préliminaires de son mariage avec Lady Barberina Clement ». Le mariage ayant eu lieu, le couple part pour New York, avec comme conséquence que ce qui paraissait quasi grotesque en Angleterre devient presque risible aux Etats-Unis, la noble Anglaise se renfermant dans sa maison : « L’esprit new-yorkais répandrait ses charmes sur Lady Barb si seulement elle lui en donnait l’occasion ; car il était extrêmement brillant, divertissant et sympathique ». Cette confrontation entre deux univers peu faits pour se comprendre prend sous la plume de James des colorations savoureuses, qui amènent souvent le sourire aux lèvres du lecteur.
La traversée de l’océan est aussi au cœur de La Tour d’Ivoire (publication posthume en 1917), roman incomplet sur lequel travaillait James au moment de son décès. D’après les notes de l’auteur, reproduites en fin de volume, ce roman devait contenir une dizaine de livres ; seuls quatre ont été rédigés et finalisés. La question que l’on peut se poser de bon droit est relative à l’opportunité de cette publication : les fonds de tiroir, ou ce qui y ressemble, n’ont que rarement glorifié leur auteur, et le lecteur-amateur peut se sentir grugé : il n’en est rien ici. La trame narrative étant connue dans ses très grandes lignes, bien que certains points resteront à jamais obscurs, on prend un plaisir gigantesque à en lire les quatre premiers livres, regrettant certes les six derniers (heureusement qu’en « grande » littérature, des auteurs peu regardants ne sont pas invités à finir voire continuer l’œuvre d’un auteur décédé, comme cela arrive parfois dans les genres « mineurs » – voir le massacre de l’œuvre de Robert E. Howard), mais ne jouissant pas moins d’une écriture devenue affolante de précision, respectueuse des règles qu’elle s’est elle-même imposées. Ainsi celle du point de vue différencié : de cette histoire d’un jeune homme, Graham Fielder, revenant d’Europe pour assister aux derniers jours de son richissime oncle, Frank Betterman, et en hériter la fortune, James offre quatre points de vue pour autant de livres, et cela seul vaut le détour, cette grâce avec laquelle l’auteur fait pivoter son récit comme un objet précieux exposé à la curiosité du lecteur, qui ne peut qu’en admirer chaque facette, chaque point de vue offert à sa contemplation.
Autour de ce récit de rien, ou de si peu (le rêve de Flaubert, encore et toujours), James brode une critique sans équivoque et parfois sarcastique d’une société décadente, celle de la station de Newport, Rhode Island, crevant littéralement de richesse. Ainsi, Abel Gaw, père de la somptueuse (en tant que personnage) Rosanna, meurt d’avoir entendu que, suite à l’arrivée de son neveu, Frank Betterman, son éternel concurrent financier, se portait mieux, ce qui vaut un échange à fleurets mouchetés digne de l’écrivain gigantesque qu’était James :
Rosanna réagit aussitôt […]. « Alors c’est mon père qui doit être malade ! » déclara-t-elle en s’éloignant vivement vers l’endroit où Abel Gaw l’attendait d’une manière si incongrue, et en étant suivie par Cissy et Davey, lequel tira pour la jeune fille la morale de l’histoire.
« S’il est bouleversé au point de ne pas avoir pu sortir seul, eh bien, que je sois pendu si je ne comprends pas pourquoi ! »
Mais le plus étonnant fut la façon dont Cissy elle-même comprit vite la chose. « Vous voulez dire parce qu’il ne peut supporter l’idée que Mr. Betterman ne soit pas mourant ?
– En effet, chère et ingénieuse petite… il a tellement voulu le voir disparaître !
– Mais enfin, n’est-ce pas ce que nous voulons tous ?
– Sans aucun doute, pure perle de pénétration ! acquiesça Davey tandis qu’ils marchaient. Sa résurrection serait un sale coup, ajouta-t-il lugubrement, même si elle ne tuerait personne d’autre que Mr. Gaw ! »
C’est à cette société qu’est confronté Graham (Gray) Fielder, avec tout ce qu’elle a de faux, de frivole, de superficiel, dans une vision réjouissante proposée par un Henry James qui montre ses personnages dans leurs plus horribles atours. Ainsi de Betterman s’adressant à son neveu et lui expliquant pourquoi il l’a choisi, lui qui n’appartient pas au monde de l’argent : « Je veux dire que tu ne t’en es jamais approché. ça se lit sur ton visage… la façon dont tu en es resté éloigné. Je savais qu’il ne pouvait qu’en être ainsi… et puis elle [sa sœur, la mère de Graham] m’a dit qu’elle le savait. Je vois que tu es vide sur ce point… et personne ici n’est vide, pas un seul être que j’aie croisé. Je ne veux pas dire qu’ils ne sont pas des tas à être de fameux crétins, et il y en a des tas d’autres, des tas bien plus gros, sans doute, qui sont de fameux gredins, sauf que, pour la plupart, les gredins sont les plus crétins. Mais ils ne sont pas vides ; ils sont pleins de ce poison… sans aucune autre bonne idée. Toi, tu es le vide que je veux… si tu me suis bien… et pourtant tu n’es pas un complet idiot ».
Ce jeune homme est tellement éloigné de toute considération financière qu’il enferme un testament à lui adressé dans une tour d’ivoire, objet dont Henry James se sert tellement littéralement durant un dialogue entre Gray et Vinty Horton qu’il est inutile de psychanalyser le roman : oui, Gray se protège de ce monde purulent de pognon par une tour d’ivoire, et on ne peut lui reprocher. Ce dialogue entre Gray et Vinty, outre qu’il est digne de toute anthologie sur les amours homo-érotiques non déclarées (là aussi, merci de laisser la psychanalyse de côté : que Henry James ait été de la jaquette flottante ou pas, qu’il en ait été conscient ou pas, ne change pas un iota à la qualité de son œuvre, gigantesque), est l’occasion de célébrer les qualités d’écriture de La Tour d’Ivoire, où Henry James semble avoir porté à incandescence l’art du dialogue, de la répartie qui fait mouche, et celui de la scène, au rythme imparable, machine narrative entraînant le lecteur – et lui faisant regretter de n’avoir à lire que quatre des dix livres devant former La Tour d’Ivoire.
Cette imparable machine narrative n’est pas à l’œuvre de la même façon dans les Mémoires d’un Jeune Garçon. En effet, à côté de ces œuvres narratives fictionnelles, quand bien même le biographe maniaque ou le psychanalyste tatillon, ou les deux conjugués en une seule personne, y trouvent matière à disserter, avec pour thème l’entrelacs entre fiction et réalité dans la vie d’Henry James, lesMémoires d’un Jeune Garçon, publiés en 1913, sont d’une toute autre trempe. Si la petite histoire veut que Marcel Proust admirât Henry James, elle veut aussi que ce dernier lût le premier volume de La Recherche du Temps Perdu sur son lit de mort, admiratif lui aussi – à cette admiration réciproque, rien d’étonnant une fois que l’on est confronté au premier des trois volumes d’un ensemble qui forme moins une autobiographie qu’une réflexion sur le passage du temps, son effet sur la mémoire et donc sur le rapport que chacun entretient avec sa propre histoire. Cette réflexion, Henry James la montre à l’œuvre un peu partout dans ces Mémoires d’un Jeune Garçon, montrant, trahissant les processus menant à la souvenance : « Je me perds, à dire vrai, sous la pression de cette poussée de mémoire, due aux récents retours en arrière et reconnaissances – action de ce fait que le temps, naguère encore, avait épargné les environs, et peut toujours épargner, chose tout à fait exceptionnelle, résultat d’une anomalie ou d’une pitié des plus rares à New York, tout un ensemble de points de repère, me permettant de localiser et de vérifier, à droite et à gauche, les moindres détails préservés. Ces choses, sous la pression, se regroupent de nouveau, entremêlent leurs figures et me la jettent presque au visage, cette absurde petite fusion d’images, pour retracer une histoire ou un tableau de l’époque – dont le cadre, après tout, m’apparaît bien moins sous ce désagréable angle de la Sixième Rue que sous bien d’autres formes ».
Ce travail sur la mémoire se fait en longues périodes, en longues phrases sinueuses constituant de longs paragraphes et tentant donc plus de réfléchir à ce phénomène (« Frapper à la porte du passé équivalait en somme à la voir s’ouvrir toute grande à moi – à voir le monde intérieur commencer à se mettre en place, avec une grâce bien à lui, autour de la figure principale, et à le voir se peupler, s’animer et s’imposer ») que vraiment raconter le passé d’Henry James. Ce passé, cette histoire individuelle, est bien présente, mais comme en filigrane, comme une base à partir de laquelle laisser la réflexion vagabonder en des pages superbes sur Charles Dickens ou sur la fascination qu’ont pu offrir au jeune James les arts de la scène – fascination qui explique probablement son insistance à vouloir devenir dramaturge malgré ses échecs répétés (voir le récit L’Auteur ! L’Auteur ! de David Lodge mentionné ci-dessus), ou d’autres encore relatives à une visite à la prison de Sing-Sing, ou à propos du plaisir éprouvé, enfant, à fréquenter une librairie en ce milieu de dix-neuvième siècle à New York… C’est une enfance spécifique qui est ici proposée par Henry James, dans un milieu aisé (tellement que le père se permet de ne pas faire donner de véritable instruction à ses enfants) mais éloigné de tout « esprit affairiste » (on retrouve ici en écho le « vide » célébré par Betterman chez son neveu dans La Tour d’Ivoire) ; c’est son enfance, avec comme personnage central son aîné d’un an, William, avec une certaine dose de réinvention (souvenir de Paris alors qu’il était toujours en robe de bébé), mais avec aussi une volonté absolue de comprendre comment fonctionne la mémoire – en cela bien contemporain de Proust, donc.
Des trois ouvrages publiés par Rivages en ce début 2016, ces Mémoires d’un Jeune Garçon sont celui à réserver aux inconditionnels de James, à ceux qu’un voyage élaboré dans son passé et sa conception de la mémoire intéresse. Tous, par contre, gagneront à lire les trois nouvelles du recueil Le Siège de Londres, excellentes et représentatives de l’art d’Henry James, raconteur sans aucune pitié et avec un regard acéré d’une bonne société en cours de mondialisation (que verrait-il aujourd’hui sur quoi diriger le regard du lecteur ?), entre l’Europe qui vit sur son passé et l’Amérique qui se construit sa propre aristocratie, sur d’autres valeurs – sans que cet Américain ayant passé ses dernières années en Angleterre tranche en faveur de l’une ou de l’autre. Quant à La Tour d’Ivoire, si l’on est disposé à voir sa jouissance de lecteur interrompue, il faut lire ce grand roman en puissance, qui n’aurait peut-être pas eu l’envergure des Ailes de la Colombe ou des Ambassadeurs, mais aurait constitué une façon plus qu’élégante pour Henry James de conclure une œuvre à laquelle se frotter comme à l’une des ultimes classiques, toutes nationalités confondues.
Didier Smal
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