Entretien avec Marie Boeswillwald - Comprendre Péguy
Comprendre Péguy, Marie Boeswillwald, Claire Daudin et Yves Rouvière, Essai graphique, Editions Max Milo, 2013, 14 €
Charles Péguy, dites-vous ?… Né l’année où Verlaine tire sur Rimbaud (1873), Péguy meurt il y a tout juste cent ans, en 1914, au tout début de la guerre, quelque part sur le front de la Marne. La postérité l’a longtemps oublié dans les appropriations opportunistes de Vichy et d’un certain catholicisme rigide, avant que La Pléiade et son appareillage critique rigoureux, puis Finkielkraut parmi les tout premiers, le réhabilitent. Avec Claire Daudin et l’illustrateur Yves Rouvière, Marie Boeswillwald vient de publier un petit ouvrage didactique pour nous aider, loin des clichés réducteurs et des amalgames hâtifs, à « Comprendre Péguy ».
Frédéric Aribit : Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à Charles Péguy, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas l’un des auteurs les plus visibles dans le paysage littéraire actuel ? Comment expliquez-vous d’ailleurs cette « disgrâce » relative ?
Marie Boeswillwald : Péguy était au programme de ma troisième année licence de Littérature française. Je l’ai découvert par le biais de l’essai Notre jeunesse ainsi que du deuxième volet du triptyque des Mystères, Le Porche du mystère de la deuxième vertu. De cet auteur, je ne connaissais alors pour ainsi dire rien – hormis que son nom m’évoquait vaguement une réplique du film La Grande Vadrouille (!). C’est donc sans aucun a priori que j’ai ouvert son œuvre… jusqu’à m’y laisser totalement prendre. Pour la première fois, à la lecture d’un écrivain, s’est produit en moi quelque chose de l’ordre d’une « rencontre ». J’ai littéralement été bousculée par son message, auquel je n’ai cessé de puiser par la suite.
Il demeure cependant que Péguy reste le parent pauvre du paysage littéraire du tournant des XIXe-XXesiècles, sans doute parce qu’on en a trop souvent véhiculé une image tronquée, voire franchement déformée. Parce qu’elle a été récupérée de part et d’autre, l’œuvre de Péguy, pourtant profondément cohérente, a souffert d’être mutilée pour servir d’argument d’autorité ou de caution morale pour des causes qu’il n’aurait jamais défendues. C’est, à mon sens, la principale raison qui explique cette disgrâce dont vous parlez à juste titre. C’est aussi pour cela qu’à l’occasion du centenaire de sa mort, des efforts sont fournis pour restaurer l’intégralité de son message.
F. A. : Une enfance modeste, un « repêchage » assez rimbaldien dû à un directeur d’école qui remarque ses aptitudes, un entourage chrétien, un patriotisme exalté… En quoi ces origines sont-elles déterminantes pour comprendre Péguy ? Péguy n’est-il pas à ce titre, moins le dreyfusard révolutionnaire qu’il veut bien dire, que le fils éclairé de son époque ?
M. B. : Il est certain que Péguy ne s’est pas fait ex nihilo mais a bénéficié, au cours de ses années de formation, du soutien de ses maîtres. Je pense notamment à Théophile Naudy qui, le premier, repéra les talents d’un élève qui, sans lui, n’aurait jamais eu la possibilité de poursuivre ses études. On ne peut non plus comprendre Péguy si l’on fait abstraction du contexte qui l’a vu naître et grandir, à savoir celui de la Revanche. Péguy est en cela un pur produit de l’école ferryste, éduqué selon les valeurs de la République en laquelle il place toute la « foi » de ses jeunes années. Chez lui, le travail est presque sacralisé car on en sait le prix et la dignité. Péguy revendiquera toujours ses ascendances modestes : il se sait et se dit fils du peuple, et c’est en tant que « peuple » qu’il s’exprimera toujours, sans jamais verser dans les blandices de certains écrivains bourgeois qu’il considère non sans mépris.
C’est sur cet horizon que se découpe l’événement-clef qui va déterminer toute son existence : pour le jeune socialiste alors disciple de Jaurès, l’Affaire Dreyfus n’est pas le faire-valoir d’un militant en quête d’absolu, qui se lancerait un peu bêtement dans ce combat pour faire l’expérience d’une certaine exaltation juvénile. Ce n’est pas de manière superficielle et, somme toute, « parce que c’est la mode », que Péguy s’engage pour défendre le capitaine Dreyfus : c’est parce qu’il est convaincu de son innocence qu’il ne peut souffrir qu’une injustice aussi criante demeure impunie. « L’Affaire » est donc loin d’apparaître seulement comme une parenthèse dans sa vie : c’est le fait marquant qui va cristalliser et catalyser tous ses combats et leur donner sens – dans la double acception de significationet de direction.
F. A. : Vous soulignez la cohérence de son parcours autour de la volonté de justice, entre dreyfusisme et socialisme. Pourtant, très peu sur Marx, dont il est très loin en réalité. Quant à Jaurès, vous détaillez longuement les points de divergence, et situez même Péguy plutôt du côté de l’antiétatisme d’un Fourier voire d’un Proudhon. Mais il y a loin entre le communautarisme utopique du premier et l’individualisme anarchiste du second. Est-ce que cet engagement ne relève pas finalement d’une totale méprise de sa part, et son spiritualisme fervent, pluraliste, idéaliste, ne trouvera-t-il pas davantage à s’exprimer dans les rangs plus libéraux et antimodernistes où on a coutume de le placer aujourd’hui ?
M. B. : Il est juste de souligner que Péguy n’est pas marxiste, bien qu’il ait lu et étudié Marx, en suivant notamment les cours de Charles Andler à Normale en 1895. Alors considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du socialisme allemand (il a personnellement rencontré Engels quatre ans auparavant), ce dernier propose à ses élèves une analyse détaillée du troisième livre du Capital. Les travaux de Géraldi Leroy, consacrés aux idées socialistes de Péguy, ont montré que le jeune normalien possède bien davantage qu’un simple rudiment sur les divers courants socialistes qui existent à son époque. Jeune homme, Péguy lit beaucoup en puisant à des sources éclectiques, dont il tâche de faire la synthèse. Par exemple, il admire en Millerand le doctrinaire, et sait gré à Walras de prôner une éthique de non-violence. Partageant l’idée jaurésienne d’un « socialisme ouvert », Péguy ne restreint pas son propre idéal politique à un moule précis. C’est pourquoi l’on retrouve sous sa plume des traits d’inspiration blanquistes aussi bien qu’une tendance à l’anarchisme. Car à ses yeux, « tout le socialisme, tout le collectivisme n’est pas dans Marx », comme dit Leroy. Cela ne l’empêche pas de conserver du marxisme ce qu’il juge bon. Ainsi, l’auteur de La Cité harmonieuse fait droit, dans une certaine mesure, à la solution collectiviste, tout en maintenant son attachement à la propriété individuelle « en ce qu’elle a de légitime et d’essentiel », selon la formule de Jaurès. En revanche, il refuse de militer en faveur de la lutte des classes, puisque toute lutte procède à ses yeux d’un ressentiment bourgeois. Or, nulle dictature, fût-elle du prolétariat, ne saurait s’imposer sans détruire – ou du moins, sans corrompre – ce « système économique de la saine et de la juste organisation du travail social » qu’il s’agit au contraire de préserver intact de tout “sabotage” ». En fin de compte, Péguy se méfie de ce qu’il perçoit comme une entreprise d’« excitation des instincts bourgeois dans le monde ouvrier » (voir son livre L’Argent). Comme l’a souligné très justement Robert Burac, la ligne de partage se trouve moins, dans la vision politique péguyste, entre le monde ouvrier aliéné et la bourgeoisie capitaliste qui l’asservit, qu’entre le monde des travailleurs et tous ceux qui le parasitent.
Or, si Péguy finit par congédier Marx, c’est à cause des présupposés monistes et déterministes qui forment les arcanes de son système. Il ne peut, en effet, souscrire au marxisme en tant qu’il se présente comme un « socialisme scientifique », sorte de positivisme politique élaboré par l’homme en qui Engels n’hésitait pas à voir le « Darwin de l’histoire ». Contrairement à Jaurès, davantage rallié à la cause marxiste, Péguy n’est pas du tout providentialiste, ce qui explique en outre ses réticences à l’égard d’un mouvement qui conserve les caractéristiques d’une religion sécularisée en promouvant la croyance au sens de l’histoire.
F. A. : Restent des termes équivoques. Celui de « race », par exemple, où dites-vous, il faut lire une volonté de revendiquer avec force son héritage paternel et national. Celui de « pureté », également, au sens d’une fidélité acharnée à ses idéaux. Ces termes n’encombrent-ils pas la réception contemporaine de Péguy ?
M. B. : Il est malheureusement vrai que les termes de pureté et de race, entachés de connotations xénophobes, sont inévitablement associés à l’idéologie nazie qui a conduit aux tragiques événements du XXe siècle concentrationnaire… C’est pourquoi il est si important de dire et de rappeler que sous la plume de Péguy, ces substantifs sont absolument dénués de toute signification raciste. Aussi, présenter Péguy comme l’inspirateur du national-socialisme ou l’égérie de la collaboration vichyste est pire qu’un contresens : c’est à proprement parler absurde. Péguy était si peu raciste qu’un écrivain comme Léopold Sédar Sengor a pu dire de lui que c’était un « poète nègre » ! Quant à son philosémitisme, il n’est pas à prouver : il suffit d’ouvrir les Cahiers de la quinzaine pour se rendre compte à quel point Péguy aimait le peuple juif, dont il a si bien perçu la tragique singularité. À l’époque où La France juivede Drumont (1886) se lit comme « un best-seller », selon le mot de Poliakov, rares sont les écrivains qui, comme Péguy, comprennent intimement la vocation d’Israël, dont la mystérieuse élection fait son drame comme sa grandeur…
Explicitons donc ces termes sujets à controverse. Selon Péguy, pur est celui qui, habité par l’idéal de justice, ne va pas immoler celui-ci sur l’autel des compromissions parlementaires ou partisanes. C’est en ce sens qu’il faut relire ses invectives parfois violentes à l’encontre de Jaurès, de Herr et de tous ceux qu’il qualifie de « capituleurs » (L’Argent). Du point de vue politique, la pureté de Péguy n’a d’égal que son intransigeance, ce qui lui vaudra d’ailleurs de rompre avec bon nombre de ses amis…
Fortement marqué par la morale kantienne (dont il outrera à tort le formalisme), Péguy va cependant doucement revenir sur ses positions inflexibles, sans rien perdre de son intégrité morale. À compter du moment où il retrouve l’esprit du christianisme originel, débarrassé de ses scories « bourgeoises », une fois sorti de l’impasse des « mains pures », Péguy peut désormais s’inclure dans la catégorie de ceux qui ont besoin d’être sauvés. C’est alors que le mot de pureté revêt un sens nouveau, spirituel, qui l’apparente à la vertu chrétienne de l’esprit d’enfance. Ainsi, l’être pur par excellence, aux yeux du poète des Mystères, c’est l’enfant dont l’innocence n’a pas encore été flétrie. Mais c’est aussi l’adulte qui se réclame de cet âge où la confiance – confiance en la vie, en autrui – va de soi. À quarante ans, l’auteur de L’Argent, « qui sait qu’on n’est pas heureux », espère pourtant qu’en dépit de son caractère destructeur, le temps n’a pas eu raison d’une certaine grâce inaltérable propre à l’enfance : « Nous sommes, revendique-t-il avec ferveur, ces enfants d’avant douze ans, ces mêmes enfants, aussi purs, peut-être plus purs ». Péguy exploite ici, avec son originalité propre, un topos littéraire et spirituel qui court comme un leitmotiv dans les œuvres d’autres auteurs catholiques comme Bernanos. Or, loin de se réduire à un trope, le thème de l’enfance préservée de la dégradation s’avère être l’une des clefs fondamentales pour entrer dans la pensée du poète comme de l’essayiste.
Quant à la signification réelle de race, elle ne peut se comprendre qu’à la lumière même qui éclaire le terme de pureté précédemment analysé. Alain Finkielkraut, auteur de la biographie de Péguy Le Mécontemporain, a fort bien défini la race au sens péguyste comme « le fait de naître avec une parole d’honneur à laquelle il est possible de se dérober à tout moment ». Or, c’est la hantise de déroger à cette parole qui conduit Péguy à placer la loyauté à son idéal plus haut que tout. La phobie du mélange n’est donc nullement d’ordre ethnique, puisqu’au contraire, nul ne doit être exclu de la cité harmonieuse. En revanche, c’est l’intention qu’il s’agit de garder pure, à l’abri des transigeances qui en altérerait la pureté.
Vous mentionnez également l’héritage national que défend Péguy. À dire vrai, il est comparable à celui qu’un historien comme Michelet ou qu’un poète comme Hugo – deux auteurs que Péguy admirait beaucoup – célèbre ou chante, chacun à sa manière. Cette conception toute romantique de la France guide des peuples, directement inspirée de l’idéal internationaliste des Lumières, est alors fortement relayée par l’École républicaine. En ce sens, Péguy ne déroge point aux idées de son époque. Ceci dit, rappelons que la vocation qu’il croit dévolue à son pays se comprend comme un appel à servir l’homme, et non comme une revendication identitaire qui se traduirait par une tendance impérialiste ou colonialiste.
F. A. : 1913 est la grande année créative de Charles Péguy, avec la publication de « L’Argent », ou celle de sa longue fresque poétique « Ève », « accueillie dans un rire unanime », dites-vous. C’est que 1913 est aussi l’année charnière de toute la modernité esthétique, et pas seulement littéraire, avec Proust bien sûr, avec « Alcools » d’Apollinaire ou « La Prose du Transsibérien » de Cendrars, avec les premiers ready-made de Duchamp. Or Péguy, c’est le moins que l’on puisse dire, semble loin de tout ce renouveau, pour ne pas dire réfractaire. Comment le situez-vous dans ce panorama ?
M. B. : Vous avez raison de souligner que Péguy n’est pas un avant-gardiste ! Alors que se développe un fort mouvement esthétique et littéraire foncièrement discontinuiste, Péguy se tient délibérément en retrait des divers courants modernistes émergents. Pétri de culture classique, féru d’hellénisme, admirant l’héroïsme vertueux qui se dégage du Polyeucte de Corneille, l’auteur des innombrables alexandrins d’Ève ne semble pas prendre la mesure des innovations littéraires des écrivains et poètes contemporains. S’il reste ignorant des auteurs que vous citez, ou indifférent à leur génie propre, ceux-ci lui rendent la pareille. Ainsi de Marcel Proust – (qui n’a souscrit aux Cahiers que par amitié pour Halévy, dans un mouvement philanthropique un rien condescendant : puisque ton ami est dans le besoin…) –, qui juge que Péguy publie ses brouillons ! Il est vrai que l’écriture de Péguy – écrivain dont le philologue Léo Spitzer a dit qu’il avait fait de la répétition un style – a de quoi surprendre. Sur le ton de la conversation, le poète comme l’essayiste martèle ce qui lui tient à cœur : « je n’ai qu’une écriture, on me l’a assez dit. Et je n’ai aussi qu’un propos. Et ce qu’il y a de plus désagréable, c’est que le propos est le même que l’écriture. Je dis ce que j’écris. J’écris ce que je dis ». Or, à ce message vivant, vibrant, il faut une forme accessible, populaire. C’est sans doute ce qui explique le recours fréquent à l’alexandrin, qui favorise la mémorisation et n’a rien qui puisse surprendre le lecteur. La poésie de Péguy n’est donc pas destinée à quelques initiés, au petit groupe des happy few : elle se veut avant tout pédagogique et s’adresse au peuple dont elle emprunte le parler. Et par anthropomorphisme, Dieu même, soucieux de se faire comprendre des petites gens, adopte ce langage familier !
F. A. : Qu’a-t-il, finalement, à nous dire aujourd’hui ? Comment notre époque peut-elle recevoir son « paternalisme chrétien », si vous me passez l’expression ?
M. B. : Ce terme de paternalisme me gêne, car rien n’est plus étranger à l’œuvre de Péguy, et plus encore, à sa propre expérience de père de famille, que cette forme d’ingérence et d’autoritarisme. Péguy fait partie de ces hommes qui admirent sans singer, qui savent éprouver et exprimer de la gratitude envers leurs maîtres sans les idolâtrer. C’est en ce sens qu’il a pu tout à la fois se réclamer du « commencement de Jaurès » puis lui tourner le dos, de même qu’il a fini par se brouiller avec des hommes comme Herr, sans jamais renier ce qu’il leur devait.
La figure paternelle est une clef pour comprendre l’œuvre de Péguy, même si elle est rarement thématisée de façon explicite. Or, lorsqu’elle affleure, c’est toujours pour dénoncer une forme d’emprise paternaliste. Qu’il s’agisse du rapport maître-élève ou de celui, plus originaire encore, qui lie un père à son enfant, Péguy s’en prend à ceux qu’il appelle les « pères gouvernementaux », pour mieux les opposer aux « pères paternels » qui sont les seuls, à proprement parler, à mériter ce nom. Au sein des Cahiers, il a à cœur de ne pas imposer sa marque, au détriment d’avis divergents qu’il publie au contraire, pour favoriser un dialogue polyphonique : « Nous ne sommes pas des hommes qui préparons des hommes pour qu’ils soient faits comme nous, mais nous sommes des hommes qui préparons les hommes pour qu’ils soient libres de toutes servitudes, libres de tout, libres de nous ». Du point de vue éducatif, désireux de ne pas faire de projections sur ses enfants mais de s’effacer devant le destin qui leur est propre, il déclare : « laissons-les faire leurs comptes, qui nous chassent ». Enfin, au niveau spirituel, le Dieu Père qu’il fait parler dans ses Mystères est si peu paternaliste qu’« il s’est mis à dépendre de sa créature », qu’il a choisi de « tombe[r] sous la servitude de celui qu’il aime ». On le voit, à tous égards, Péguy tient en haute estime la liberté humaine, contre laquelle Dieu même ne peut rien : elle est à ses yeux un réquisit inamissible.
Pour éviter toute dérive autoritaire, la mission paternelle de guide et de maître doit donc être contrebalancée par une vocation de service. Dans cette optique, la relation père-enfant apparaît asymétrique à double titre : ce n’est pas seulement l’enfant qui se trouve en position d’infériorité par rapport au père, à cause de sa fragilité et de sa dépendance constitutives. C’est encore le père qui, mis à nu par l’expérience de la paternité, devient en quelque sorte son débiteur. « Otage » d’autrui, le père en est aussi l’hôte. Il n’accède à la souveraine liberté intérieure qu’en se recevant d’un plus petit que lui, son enfant. En choisissant d’engager sa vie pour lui, il accepte d’entrer dans la seule obédience qui n’aliène pas : celle de l’amour.
Propos recueillis par Frédéric Aribit
Née en 1988, Marie Boeswillwald incarne la jeune génération de chercheurs péguystes.
Normalienne et auteure de plusieurs livres, Claire Daudin est actuellement en charge de la réédition chez Gallimard des Œuvres poétiques et dramatiques de Péguy dans la collection de La Pléiade. Elle est également présidente de l’Amitié Charles Péguy depuis 2010.
Yves Rouvière est illustrateur. Il a collaboré à Marx et Le Capital (2010), Fredu (2011), Sade (2012),Lacan (2013) et Hitler (2013), tous publiés aux Editions Max Milo.
Charles Pierre Péguy (1873-1914) est un écrivain, poète et essayiste français. Son œuvre, considérable, comprend des pièces de théâtre en vers libres, comme Le Porche du Mystère de la deuxième vertu(1912), et des recueils poétiques en vers réguliers, comme La Tapisserie de Notre-Dame (1913), d’inspiration mystique, et évoquant notamment Jeanne d’Arc, un personnage historique auquel il reste toute sa vie profondément attaché. C’est aussi un intellectuel engagé : après avoir été militant socialiste libertaire, anticlérical, puis dreyfusard au cours de ses études, il se rapproche à partir de 1908du catholicisme et du conservatisme ; il reste connu pour des essais où il exprime ses préoccupations sociales et son rejet de la modernité (L’Argent, 1913).
Essais :
De la raison, 1901
De Jean Coste, 1902
Notre Patrie, 1905
Notre jeunesse, 1910
Victor-Marie, Comte Hugo, 1910
Un nouveau théologien, 1911
L’Argent, 1913
L’Argent suite, 1913
Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne, 1914
Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, 1914 (posth.)
Clio. Dialogue de l’histoire et de l’âme païenne, 1931 (posth.)
Véronique. Dialogue de l’histoire et de l’âme charnelle, Gallimard, 1972 (posth.)
Poésie :
Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, 1912
La Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, 1913
La Tapisserie de Notre-Dame, 1913
Dont : « Prière pour nous autres charnels », adapté par Max Deutsch et Jehan Alain
Théâtre :
Jeanne d’Arc, Paris, Librairie de la Revue socialiste, 1897
Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, 1910
Le Mystère des Saints Innocents, 1912
Divers :
Lettres et entretiens, 1927 (posth.)
Correspondance Charles Péguy-Pierre Marcel, Paris, L’Amitié Charles Péguy, XXVII (posth.)
Œuvres complètes :
Œuvres complètes de Charles-Péguy (1873-1914), Paris, NRF, Gallimard, 1916-1955 (20 vol.)
Œuvres poétiques complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1941
Œuvres en prose complètes I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1987
Œuvres en prose complètes II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988
Œuvres en prose complètes III, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1992
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