Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba (par Parme Ceriset)
Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba, janvier 2021, 120 pages, 13 €
Edition: Le Mot et le Reste
Qui n’a jamais songé à s’éloigner pour quelque temps du monde, de la société de consommation souvent individualiste et matérialiste, afin de se retrouver en tête-à-tête avec l’immensité et avec soi-même ?
Comme le dit Sylvain Tesson dans son livre, Dans les forêts de Sibérie, « L’ermite nie la vocation de la civilisation, en constitue la critique vivante ».
Il y a parfois une tentative de se reconnecter à l’essentiel, de se retirer de l’enfer urbain où l’on ne prend jamais le temps de s’arrêter et de savourer l’instant présent.
En découvrant page après page ce récit particulièrement vivant que la narratrice d’Encabanée déroule à la manière d’un journal de bord quasi-quotidien, on ne peut s’empêcher de penser à cet extrait de Walden :
« Je m’en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte, vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie, mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l’heure de ma mort, que je n’avais pas vécu ».
Et c’est bien dans la lignée de Thoreau que s’inscrit la démarche d’Anouk, l’héroïne, qui choisit de quitter sa vie citadine de Montréal pour une cabane dans une forêt au Kamouraska. Elle savoure le bonheur de vivre une existence sobre mais découvre non sans difficulté les tâches nécessaires à la survie au quotidien dans un environnement sauvage (couper du bois, s’approvisionner en eau). Après avoir affronté sa peur de la nuit, le froid et la solitude, elle parvient à se recentrer sur elle-même, sur ses combats de jadis pour la défense de la planète et la cause féministe, sur les raisons qui l’ont poussée à fuir les liens sociaux parfois décevants et superficiels, le règne de l’artifice et de l’apparence.
Cette nouvelle vie lui apporte des moments d’émerveillement devant la beauté de la nature, quelques épreuves, et surtout une expérience inattendue qui prouve que même dans le cœur d’une rebelle en exil, la chaleur des liens interhumains n’est jamais très loin.
Parme Ceriset
Gabrielle Filteau-Chiba, auteure et traductrice, a quitté Montréal en 2013 pour vivre quelque temps dans un petit chalet en forêt près de la rivière Kamouraska sans eau courante ni électricité. Cette expérience lui a inspiré l’écriture de son premier livre, Encabanée.
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