Dix portraits d’écrivaines françaises rebelles en leur temps, A l’usage des esprits curieux, Mireille Delaunay (par Parme Ceriset)
Dix portraits d’écrivaines françaises rebelles en leur temps, A l’usage des esprits curieux, Mireille Delaunay, Éditions Complicités, septembre 2020, 101 pages, 10 €
Dans cet essai joliment illustré par des portraits de Flora Gressard, Mireille Delaunay rend hommage aux écrivaines françaises qui ont contribué par leurs œuvres, leurs combats, leurs tempéraments souvent libres et audacieux, à faire évoluer la condition féminine et le droit pour les femmes d’accéder à l’instruction (droit réclamé notamment par Christine de Pizan dans La Cité des dames), de recevoir une éducation analogue à celle des garçons (revendication présente dans les textes de Madame de Lambert).
D’autres, comme Louise Labé, ont revendiqué également le droit à la création littéraire. Chacune a lutté à sa façon pour sa propre émancipation et celle de ses contemporaines, en vivant pour certaines de leur plume (comme Christine de Pizan ou George Sand), en se prononçant ouvertement contre le mariage forcé (Contes de Madame d’Aulnoy, roman Indiana de George Sand), en ouvrant des salons mondains ou littéraires. Ces attitudes, révolutionnaires pour leur époque dans des sociétés patriarcales, étaient souvent risquées et c’est ainsi que la « Déclaration des droits de la femme et du citoyen » a conduit Olympe de Gouges à l’échafaud.
Mais avant d’être des militantes, ces écrivaines étaient avant tout des femmes, et c’est avec talent que Mireille Delaunay nous fait découvrir ce que furent leurs joies, leurs amours et leurs souffrances. Ainsi, on admire l’existence si libre et passionnée qu’elles ont parfois réussi à conquérir, on s’émerveille de la capacité qu’elles ont eue à prendre en main leur destin, à trouver des solutions pour publier leurs écrits, quitte à employer un pseudonyme masculin, même si elles furent parfois rattrapées par les drames liés à leur féminité puisque certaines d’entre elles furent malheureuses en ménage, d’autres moururent des suites d’un accouchement…
Cet essai, dans lequel on navigue aisément grâce à l’écriture fluide de l’auteure, est riche d’enseignement et peut contribuer à faire prendre conscience aux générations à venir du chemin parcouru depuis le Moyen-âge jusqu’au droit de vote des femmes en 1944 et jusqu’à nos jours.
En somme, un excellent livre qui se lit avec la soif d’apprendre et la joie de la découverte.
Parme Ceriset
Professeure de lettres en région lyonnaise depuis une quarantaine d’années, Mireille Delaunay a également réalisé un album sur le résistant Gustave André (à paraître).
Parme Ceriset, membre de la Société des Poètes Français et rédactrice à La Cause littéraire, publie dans des revues de poésies et anthologies. Elle est l’auteure de recueils de poésie, N’oublie jamais la saveur de l’aube (Ed. BOD), Le Souffle de l’âme sauvage (Ed. du Lys bleu), et d’un roman autobiographique, Le Serment de l’espoir (L’Harmattan). Deux de ses ouvrages ont fait l’objet de recensions dans La Cause littéraire.
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