Dissonances N°23 : Superstar
Dissonances trace sa route. Non, la métaphore ne colle pas. Dissonances trace son chemin vicinal, sa voie – une voix – décalée et salutaire. En ces temps de rentrée littéraire et de prix déprimants, lire les étoiles, enfin les « superstars » de ce numéro 23, fait un bien fou. Au moral, à l’intelligence, aux zygomatiques aussi car on sourit, on rit, souvent.
Superstar, ça déménage. Imaginez seulement : il y a Johnny bien sûr, et Elvis, et Lou, Et Bob, et Mick, et James. Il y en a même pour les footeux, avec Marco, Alain, Sylvain. Vous pourrez vous amuser à refaire le chemin de Petit Poucet qu’on vient de vous suggérer. Et vous pourrez trouver d’autres cailloux à semer au long de cette piste aux étoiles.
Par chemin encore plus détourné, on a même la joie suprême – et l’immense honneur - de croiser François. Oui LE François, le premier des Français. Sous forme d’un rap en anaphores. « Moi président de la république, je préfère me faire me faire sucer au bord de l’eau ». Oh pardon. Le choix n’est pas des plus élégants. Difficile de faire plus convenable cependant.
Hommages posthumes et rigolards à des stars dont la plupart sont encore vivantes. Enfin oui, vivantes mais un peu passées quand même. « (…) et le loup blanc éponge ton sang de star crevée ». Qu’importe, les jeunots n’y sont pas mais la jeunesse est ailleurs dans ce Dissonances. Elle pétille dans le talent des auteurs et une inventivité de chaque ligne. Car il est facile de trouver la cohérence parfaite de ce patchwork d’une vingtaine de plumes : l’inattendu, qu’il soit dans le sens ou dans le rythme, le mot, le choix syntaxique. Le lecteur de ce 23 de dissonances reste éveillé à chaque page parce que les auteurs sont des empêcheurs de dormir en rond. Ou en trop carré. Rien ici n’est carré et c’est pour notre plus grand bonheur.
Pas carrés non plus les dessins de Devis Grebu qui ponctuent la fin de superstar. Du sens, des « évidences » qui jaillissent au coin du trait, surprenants mais tellement convaincants maintenant qu’ils sont là, sur la feuille.
Dissonances – en général et dans ce N°23 en particulier – fait honneur à l’écriture, aux écritures, d’aujourd’hui.
Encore une fois, en ces temps gris de rentrée française aussi morne qu’interminable, c’est comme un rayon de soleil qui vient nous rappeler à la subversion originelle, à la fraîcheur de l’acte littéraire.
Léon-Marc Levy
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