Des voleurs comme nous, Edward Anderson
Des voleurs comme nous, traduit de l’anglais (USA) par Emmanuèle de Lesseps, septembre 2014, 240 pages, 6,60 €
Ecrivain(s): Edward Anderson Edition: Points
C’est l’histoire d’une cavale de trois hommes, des hors-la-loi, des mécréants, des malfaiteurs. Ils braquent des banques comme le bon citoyen va faire des courses. Ils ne sont pas méchants, juste hors système, hors tout. « Les flics m’ont jamais inquiété, dit T. Doub. C’est les mecs qu’on prenait pour des amis qui vous dépassent. Et une femme qui t’en veut. C’est ça qui te dépasse ». Bowie va pourtant s’amouracher d’une « donzelle », d’une fille à part, sauvage et tendre.
« – J’ai l’impression que toutes les femmes font ça.
– Je ne sais pas ce que font les autres femmes (…)
– Je suppose qu’une femme est un peu comme un chien, Bowie. Tu prends un bon chien, si son maître meurt, il refusera qu’un autre le nourrisse et il mordra tous ceux qui veulent le caresser, et s’il continue, il cherchera tout seul sa nourriture et souvent il mourra ».
Echappés d’un pénitencier, ils tentent de survivre, alors que la grande dépression s’étend du Texas à la Floride.
« L’erreur, je l’ai faite quand j’étais môme. Mais un môme peut pas avoir le discernement. J’aurais dû faire avocat ou tenir un commerce ou devenir politicien, et voler les gens avec mon cerveau au lieu d’un flingue ».
L’auteur porte un regard quelque peu ironique et désabusé sur la société américaine.
« Bowie indiqua du menton le terrain de golf derrière eux.
– Ça, c’est encore un machin, j’ai jamais compris l’intérêt. Cogner cette petite balle et la foutre dans des trous.
– Il y a des gens qui n’ont rien d’autre à faire, dit Keechie. Moi remarque, ça me gênerait pas s’ils marchaient sur la tête, du moment qu’ils s’amusent ».
Il fustige les notables, les politiciens et la justice.
« Je ne me fais pas d’illusions, dit Hawkins. Je suis du lot. Regardez-moi, Bowers, avec ces cinq cents dollars que vous m’avez donnés. Je vais me présenter comme juge de paix au printemps. Quand un vieil avocat fourbu a atteint un certain âge, fils, il brigue la fonction de juge de paix ».
On se demande avec l’auteur où est la ligne qui départage « les bons des mauvais », la frontière ne serait-elle qu’artificielle tout juste affaire d’esthétisme et de jeu de langues.
« Gueule de Flic s’avança vers le coupé, jeta un regard à l’intérieur. T. Doub s’approcha de lui, lui planta soudain le canon de son révolver dans le dos, façon uppercut ».
Zoé Tisset
- Vu : 2944