Des Iraniennes, Femme, vie, liberté, 1979-2024, Collectif (par Yasmina Mahdi)

Une date fatidique : le 7 mars 1979, lorsque « Khomeini déclare dans la ville sainte de Qom que les femmes doivent porter le voile ». Un régime théocratique, dictatorial et misogyne est alors mis place, dans lequel « l’exclusion de la femme est au cœur du projet théocratique des chefs religieux chiites ». C’est à la suite de quoi, le 8 mars 1979, que des militantes du MLF-Psychanalyse et Politique, en présence de Kate Millett, se sont jointes aux femmes iraniennes, ont produit un film et de nombreux documents diffusés dans la presse du monde entier. Ce précis historique rend compte du coup d’État des mollahs et ayatollahs chiites qui ont perpétué d’une autre façon le régime tyrannique du Shah, en indexant la population à des diktats religieux et féodaux. Des milliers de femmes ont résisté, lutté contre cet anéantissement de l’individu, protestant contre la dissimulation du corps entier et les interdictions de participer à la société civile.

Aux documents d’archives inédits sont jointes des prises de paroles dactylographiées par télex depuis Téhéran. Le gouvernement impérialiste du shah – comportant la brutalité des méthodes de la SAVAK, le faste ostentatoire des plus riches et de la famille impériale, la répression des mouvements d’opposition et la sclérose démocratique – est remplacé par l’investiture de Khomeini. Des lois autoritaires et despotiques sont votées sans l’accord de la population iranienne, ainsi que la censure culturelle, le port du tchador obligatoire. La démocratie a été volée au peuple iranien :

« L’ancien régime, une certaine forme de dictature a sauté – et voilà à la place, sous le nom d’islam, un autre régime dictatorial. Ce n’est pas une vraie révolution. Beaucoup disent qu’il s’agit plus d’un coup d’État que d’une révolution » [Taraneh, Des femmes en mouvement, hebdo n°4].

De plus, le racisme persan vis-à-vis des minorités, l’illettrisme, et le tabou de l’homosexualité se rajoutent à l’éradication systématique des femmes dans le secteur public. En 2022, des centaines d’enfants, de femmes et d’hommes ont été tués, des milliers sont blessés, des milliers d’autres soumis à des arrestations, à des détentions arbitraires et des condamnations à mort. Ces révélations d’atteintes aux droits fondamentaux des êtres humains ne doivent pas être oubliées. Cet ouvrage collectif en témoigne.

Yasmina Mahdi