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Dernière nuit à Montréal / L’Hôtel de verre, Emily St. John Mandel (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou 20.09.21 dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Recensions, Canada anglophone, Polars

Dernière nuit à Montréal, mars 2021, trad. Gérard de Cherge, 346 pages, 9,15 € / L’Hôtel de verre, mars 2021, trad. Gérard de Cherge, 398 pages, 22 €

Ecrivain(s): Emily St. John Mandell Edition: Rivages

Dernière nuit à Montréal / L’Hôtel de verre, Emily St. John Mandel (par Jean-Jacques Bretou)

 

Dernière nuit à Montréal est le premier roman publié par Emily St. John Mandel. Tout commence par une histoire d’amour. Eli, étudiant en linguistique, rencontre Lilia. Il est très épris et pense avoir trouvé en cette dernière la « femme de sa vie ». Lilia semble très attachée à Eli. Et puis, un jour celle-ci dit à Eli vouloir aller acheter le journal. Et, elle ne reparaîtra pas. Eli fera le tour du voisinage, en vain. Et, il se souviendra de ce que lui avait raconté Lilia, que son père l’avait enlevée, l’arrachant à l’emprise d’une mère qu’elle n’aimait pas et qui n’avait d’attention que pour son frère. Elle n’avait alors que sept ans. Elle lui avait dit aussi avoir voyagé de lieu en lieu, d’hôtel en refuge quatorze ans durant, fuyant cette mère. Il lui arrivait juste de laisser sur les pages des bibles Gideon trouvées dans les hôtels quelques lignes : « Arrêtez de me chercher. Je n’ai pas disparu ; je ne veux pas qu’on me retrouve. Je désire rester volatilisée. Je ne veux pas renter à la maison. Lilia ». Seulement, aujourd’hui Lilia est majeure et peut faire ce qu’elle veut.

Eli va partir à la recherche de Lilia sans savoir que de son côté la mère de Lilia avait confié la mission à un certain Christopher de la rechercher aussi. Nous allons donc parcourir une partie de la belle province sur les traces de la fugueuse. Lieu qui semble avoir une place toute particulière dans le cœur de l’auteur en tant qu’enclave où l’on parle une langue en voie de disparition, qu’une législation très dure tente de protéger ; rappelons d’ailleurs qu’Eli est linguiste.

Nous croiserons sur le chemin d’Eli, Michaela, la fille de Christopher, funambule à ses heures et stripteaseuse, ainsi que nous retrouverons les traces d’Erica, un grand amour de Lilia.

Ce polar, un cas particulier de dromomanie, est excellent et nous a donné envie de lire le dernier de la même auteure : L’Hôtel de verre.

La jeunesse de Paul et Vincent, à la fin des années 1990, est tumultueuse. Vincent est la demi-sœur de Paul, son prénom original lui vient du goût de sa mère pour la poète Edna St. Vincent Millay. Paul, après avoir étudié la finance puis la musique s’est un jour retrouvé mi-toxico, mi-alcoolo à looser dans un groupe de musique, avec Mélissa. Vincent, avant de disparaître de la vie de Paul à treize ans, a gravé dans son esprit des mots griffonnés à l’acide sur une des vitres de son école à Port Hardy, en Colombie-Britannique : Envolez-moi.

On retrouve Paul et Vincent en 2005 à travailler dans le luxueux hôtel, pour millionnaires, Caiette, situé à l’extrémité de l’île de Vancouver. Vincent comme barmaid, Paul comme factotum. Un beau jour sur la baie vitrée de l’établissement on peut voir écrit à l’acide, la phrase : Et si vous avaliez du verre brisé ?

C’est le début du dernier polar d’Emily St. John Mandel. Une construction moderne très construite et poétique sur fond d’aventure financière et de mélancolie, où les ficelles sont tirées par le milliardaire Alkaitis.

St. John Mandel confirme qu’elle a toute sa place dans le peloton de tête des grands auteurs de la black littérature.

 

Jean-Jacques Bretou


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A propos de l'écrivain

Emily St. John Mandell

 

Emily St. John Mandel, née en 1979 à Comox en Colombie-Britannique, est une romancière canadienne anglophone, spécialisée dans le roman policier.

 

A propos du rédacteur

Jean-Jacques Bretou

 

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Rédacteur

Jean-Jacques BRETOU est traducteur.