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Debout, assis, couché, Jacques Ancet

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) 13.11.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Debout, assis, couché, éd. La Porte, 2014, 163 pages, 7,10 €

Ecrivain(s): Jacques Ancet

Debout, assis, couché, Jacques Ancet

 

Nous sommes avec l’œuvre de Jacques Ancet dans l’espace de « l’entre », en bordure de lisière, sur une ligne de crête. Posture marginale et « vertiginale » d’une sensibilité touchant / tentant de s’espacer dans le travail d’une expérience centrale, celle d’un vivre pur, équivalent à être en terre de souffle & de poésie. Expérience expérimentant sa confrontation/son retour à une réalité rugueuse dont il faut mesurer l’écart, comme dans la linéarité de la Chronique d’un égarement. Entre le regard & les choses, le flux d’un réel sans cesse à reconnaître, à écrire sans dire ce qu’on allait dire / où manquer de se perdre, de sombrer sans sombrer

 

Debout, assis, couché :

Le registre & la tonalité / la teneur sont comme annoncés / dès que le titre est donné.

Mais de quoi parle le poète ?

En distiques ponctués / déclinant au fil des pages chaque adjectif de la devise comme une anaphore :Debout / assis / couché

la césure ou l’enjambement ouvrant les sens / la perspective / le monde

le poète Jacques Ancet parle ici du quotidien / le sien /

pouvant être/ devenir le nôtre

revisité par une mise en perspective / singulière

un point de vie / personnel

modulé dans une mise en forme / modulable

sur le mode d’une gestuelle quotidienne déclinée comme son titre l’indique « Debout, assis, couché »…

Au fil de 14 textes en prose de fibre poétique, structurés par le rythme ample mais embarqué de distiques, le mouvement s’ébauche dans une gestuelle quotidienne élémentaire. Du lever au coucher, restreints à une mécanique du corps sommaire / comme en convalescence / à l’écoute d’un temps qui passe où l’essentiel s’observe. Si rien ne se passe, le réel cependant advient, voire même vient à la rencontre du regard.

Dehors marche à ma rencontre : les visages, les feuilles, les voitures et même le ciel.

Même s’il ne se passe rien, pouvant à peine bouger,

On écoute, on regarde : bourdonnements, lueurs. On ne sait pas ce qu’on attend.

 

Tandis que

 

Les oiseaux s’affairent, le ciel se couvre, je

me baisse, la vie

Passe et impossible de la retenir, tout le

monde sait ça. Pourtant

Il y a dans ces mots que j’écris un désir

toujours vif de garder ne serait-ce que cette

cuillère

Seule dans sa tasse, cette main posée sur la

table et dessous, ces quelques miettes

éparpillées.

 

Le narrateur (la prose poétique invite ici le lecteur dans le voyage d’un récit) peut encore se lever et laisser venir à lui les objets, les paysages, le ciel, les oiseaux…

Ébauchée dans ses gestes les plus simples la vie se déroule ainsi à portée du regard – lorsqu’il n’est pasinterdit – & à vue d’œil, dans le courant – sinon apaisé du moins paisible hormis la peine du corps – d’un temps qui passe, avant que n’advienne la nuit

L’obscurité est un puits où tombent une à une

les heures.

Observé, le réel devient ce qui vient à la rencontre de celui qui l’accueille & le reçoit / le restitue à sa quintessence dans l’acte essentiel & dépouillé / épuré de tout superflu / dans la solitude & / l’écriture.

 

Je m’assois. Le paysage change, s’arrête,

vibre à la pointe d’une herbe.

(À la pointe de l’écriture. Ndla)

 

Je regarde ce que mes yeux n’ont cessé

de regarder : le chêne, la clôture

Et toutes ces images brouillées dans la

grisaille du jour qui font comme un voile

Entre le moi et le monde. Les genoux croisés, je

fixe un point, là-bas

 

Là où la montagne rencontre le ciel, ou est-ce

l’inverse ? Je ne vois

Rien d’autre qu’un espace flou confondu à la

brume.

 

Les perspectives se brouillent, les lignes de fuite effacent la trame & la trace d’un horizon retouché / élucidé dans la succession des instants / par l’immanence d’un réel écoulé sans desseins.

 

Une histoire à dormir couché / debout ?

– L’histoire d’une vie

 

Assis debout couché, debout couché assis,

couché assis debout, c’est-la-c’est-la-vie.

 

Livret à commander chez Yves Perrine, éditions La Porte, 215 rue Moïse Bodhuin, 02000, LAON.

 

Murielle Compère-DEMarcy


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A propos de l'écrivain

Jacques Ancet

 

Jacques Ancet est un poète et traducteur français né le 14 juillet 1942 à Lyon. Après des études secondaires et supérieures dans cette même ville, il fut lecteur de français à l’Université de Séville, puis agrégé d’espagnol. Il a enseigné depuis plus de trente ans dans les classes préparatoires aux grandes écoles avant de se consacrer à son travail d’écrivain et de traducteur près d’Annecy, où il réside. Nombreux prix et très nombreux ouvrages publiés (pour s’enquérir de ceux-ci, se reporter à sa page Wikipedia).

 

A propos du rédacteur

MCDEM (Murielle Compère-Demarcy)


Lire toutes les publications de Murielle Compère-Demarcy dans la Cause Littéraire


Murielle Compère-Demarcy (pseudo MCDem.) après des études à Paris-IV Sorbonne en Philosophie et Lettres et au lycée Fénelon (Paris, 5e) en École préparatoire Littéraire, vit aujourd'hui à proximité de Chantilly et de Senlis dans l’Oise où elle se consacre à l'écriture.

Elle dirige la collection "Présences d'écriture" des éditions Douro.

 

Bibliographie

Poésie

  • Atout-cœur, éditions Flammes vives, 2009
  • Eau-vive des falaises éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Je marche..., poème marché/compté à lire à voix haute, dédié à Jacques Darras, éditions Encres vives, collection "Encres blanches", 2014
  • Coupure d'électricité, éditions du Port d'Attache, 2015
  • La Falaise effritée du Dire, éditions du Petit Véhicule, Cahier d'art et de littérature Chiendents, no 78, 2015
  • Trash fragilité, éditions Le Citron gare, 2015
  • Un cri dans le ciel, éditions La Porte, 2015
  • Je tu mon AlterÈgoïste, préface d'Alain Marc, 2016
  • Signaux d'existence suivi de La Petite Fille et la Pluie, éditions du Petit Véhicule, 2016
  • Le Poème en marche, suivi de Le Poème en résistance, éditions du Port d'Attache, 2016
  • Dans la course, hors circuit, éd. du Tarmac, 2017
  • Poème-Passeport pour l'Exil, co-écrit avec le photographe-poète Khaled Youssef, éd. Corps Puce, coll. « Parole en liberté », 2017
  • Réédition Dans la course, hors circuit, éd. Tarmac, 2018
  • ... dans la danse de Hurle-Lyre & de Hurlevent..., éd. Encres Vives, collection "Encres blanches" , n°718, 2018
  • L'Oiseau invisible du Temps, éd. Henry, coll. « La Main aux poètes », 2018
  • Alchimiste du soleil pulvérisé, Z4 Éditions, 2019
  • Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, coll. « L'Or du Temps », 2019
  • Dans les landes de Hurle-Lyre, Z4 Éditions, 2019
  • L'écorce rouge suivi de Prière pour Notre-Dame de Paris & Hurlement, préface de Jacques Darras, Z4 Editions, coll. « Les 4 saisons », 2020
  • Voyage Grand-Tournesol, avec Khaled Youssef et la participation de Basia Miller, Z4 Éditions, Préface de Chiara de Luca, 2020
  • Werner Lambersy, Editions les Vanneaux ; 2020
  • Confinés dans le noir, Éditions du Port d'Attache, illustr. de couverture Jacques Cauda; 2021
  • Le soleil n'est pas terminé, Editions Douro, 2021 avec photographies de Laurent Boisselier. Préface de Jean-Louis Rambour. Notes sur la poésie de MCDem. de Jean-Yves Guigot. Illustr. de couverture Laurent Boisselier.
  • l'ange du mascaret, Editions Henry, Coll. Les Ecrits du Nord ; 2022. Prélude et Avant-Propos Laurent Boisselier.
  • La deuxième bouche, avec le psychanalyste-écrivain Philippe Bouret, Sinope Editions ; 2022. Préface de Sylvestre Clancier (Président de l'Académie Mallarmé).
  • L'appel de la louve, Editions du Cygne, Collection Le chant du cygne ; 2023.
  • Louve, y es-tu ? , Editions Douro, Coll. Poésies au Présent ; 2023.