De l'utilité du genre, Joan W. Scott
De l’utilité du genre, trad. de l’anglais (USA) par Claude Servan-Schreiber, 2012, 224 p. 18,50 €
Ecrivain(s): Joan W. Scott Edition: Fayard
A la lueur du genre
Avec Judith Buttler, Joan W. Scott est une des plus grandes théoriciennes du « genre ». Ce champ d’étude, appelé « gender studies » outre-Atlantique, se développe en France seulement depuis une quinzaine d’années alors qu’il a été initié par les féministes anglo-américaines au milieu des années 1970.
Ces pionnières de la notion mettaient déjà en avant « la dimension fondamentalement sociale des distinctions basées sur le sexe. Le mot dénotait un rejet du déterminisme biologique implicite dans l’emploi de termes tels que “sexe” ou “différence sexuelle” ».
Depuis, le mot a fait école. Il a servi à légitimer la recherche féministe des années 80, il a été utilisé pour « désigner les relations sociales entre les sexes » puis a permis de distinguer pratiques sexuelles et rôles sociaux assignés aux hommes et aux femmes. On peut désormais séparer, grâce à ces recherches, ce qui relève du « sexe – une donnée biologique naturelle – du genre – l’attribution sociale et culturelle ».
Les différents articles regroupés dans le présent volume sont la marque de l’intérêt qu’a porté Joan W. Scott à ce concept, depuis le milieu des années 80 jusqu’à aujourd’hui. Car il est selon l’auteur « un outil “utile” pour penser la constitution historique des relations entre les femmes et les hommes, l’articulation dans des contextes différents (culturels, temporels) des significations du sexe et de la différence sexuelle ».
Et c’est ce qui est ici démontré à travers des analyses qui s’intéressent tour à tour à la question du genre et à la psychanalyse (et à son erreur qui consiste en l’universalisation des catégories « homme » et « femme » et au figement des sexes « dans un état d’antagonisme permanent »), à la question du genre et de la politique ou encore à celle de la laïcité et de l’égalité des sexes.
Dans chacune de ces approches, l’historienne nous amène à revoir notre manière de penser les catégories établies, preuve, s’il en fallait, de la pertinence du concept de genre.
Arnaud Genon
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