D1 - Troisième et dernière partie
Juin est passé. J’ai quitté l’île de Vancouver, Pacifique Nord, et traversé le continent d’ouest en est. En survolant l’Atlantique, je n’ai pas besoin de me pencher vers le hublot pour deviner sous la carlingue l’étendue bombée de l’océan épouser la couleur du ciel et, en son sein, d’autres troupes d’orques. De retour des fjords norvégiens, elles croiseront peut-être la troupe D de Colombie-Britannique au hasard de leur route.
J’ai scruté, durant mon séjour, avec une résignation croissante l’horizon. La troupe D est arrivée comme prévu. Pas Dalva. J’ai voulu imaginer que ses compagnons me chantaient de ne pas être triste, que c’est la vie. La vérité tient toute dans cette banalité, c’est la vie. Tant pis pour ceux qui l’idéalisent. Depuis quand et comment est-elle morte ? On meurt un jour parce qu’il le faut, voilà tout.
Sa fille, maintenant, mène le groupe. Les taches blanches sur son corps noir forment un dessin singulier que j’ai appris durant qu’elle sacrifiait au rituel de la crique des caresses. Si j’avais l’oreille plus fine, j’aurais aussi appris sa voix. C’est en nageant à ses côtés que je m’endormirai désormais. Je vais réfléchir au nom qu’au début de l’été prochain je mêlerai, dans un murmure, au tumulte des eaux du détroit de Johnson.
Marie-Pierre Fiorentino
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