Craie des brumes, par Joëlle Petillot
Faire tous les voyages au seuil d’un temps sans ride, sans terme, sans mot, un temps d’une lenteur sévère. S’y grefferont des rêves à la sauvagerie de tableau noir.
Il y eut une nuit coupée de lune comme d’étoiles, d’un noir d’araignée où la douleur m’attendait, patiente. La patience n’exclut pas la voracité.
Depuis l’infini de la blessure renaît de ce qui n’est même pas ses cendres.
L’écho des nuits humaines dure au-delà d’elles.
La survivance n’est pas la vie, mais elle la cherche dans chaque geste : le pied meurtri sur la pierre, le poing serré sur un bijou, la mèche écartée d’un souffle et le sommeil savon qui s’amuse à déprendre et rit de l’abandon.
Prendre une craie des brumes et tracer, tracer quand même.
Avec des chemins plein la gorge.
Joëlle Petillot
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