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Côté Musique(s)

Retour à Martha’s Vineyard, Richard Russo (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Côté Musique(s), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Quai Voltaire (La Table Ronde), Côté Arts

Retour à Martha’s Vineyard, août 2020, trad. anglais (USA) Jean Esch, 384 pages, 24 € . Ecrivain(s): Richard Russo Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Ce roman est fondé sur une construction et une intrigue classiques, autour de trois personnages : Lincoln Moser, agent immobilier, Teddy Novak, éditeur indépendant, et Mickey Girardi, musicien et ingénieur du son, tous trois anciens étudiants dans la même université prestigieuse de la côte Est des Etats-Unis, Minerva college, au tout début des années 1970, tous trois serveurs à la résidence des Theta, une sororité du campus, afin de payer leurs études.

Très vite on retrouve ce langage potache de l’entre-soi des étudiants, conservé plusieurs dizaines d’années après leur expérience universitaire : les surnoms ou diminutifs, affectueux ou moqueurs, les private jokes (ou plaisanteries internes), les sujets de conversation immatures, les beuveries, le sens de la fête… « Que la fête commence », c’est ainsi que le Lincoln de 66 ans accueille à nouveau ses deux camarades dans sa maison de vacances de Chilmark, sur l’île de Martha’s Vineyard.

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, Serge Loupien

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 27 Août 2018. , dans Côté Musique(s), Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Rivages

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, mai 2018, 405 pages, 23 € . Ecrivain(s): Serge Loupien

 

On sait les bouleversements auxquels les sociétés occidentales ont dû faire face durant les années que cet ouvrage se propose de nous narrer : chacun a une idée liée à l’épicentre que fut mai 68, mais rares sont ceux qui peuvent embrasser la décennie concernée dans tous ses aspects culturels, liés à une sociologie singulière : les individus à l’œuvre pour cette « révolution » forment la première génération née après la guerre, génération qui va « inventer » la jeunesse en tant que classe sociale avec des caractéristiques qu’il faudra créer, un habitus qui devra englober un idiome, une musique, des habitudes vestimentaires, le tout à contrecourant d’une culture engluée dans un conformisme que tous ces « jeunes » veulent combattre à l’aide d’outils que sont la musique, les médias qui se développent et les modes vestimentaires, ce qu’on appelle une contre-culture.

Le Condamné à mort, Jeanne Moreau et Etienne Daho, Jean Genet, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 29 Novembre 2017. , dans Côté Musique(s), Les Chroniques, La Une CED

Le Condamné à mort, Jeanne Moreau et Etienne Daho (Radical Pop Music/Naïve, 2010), Jean Genet, Gallimard/Poésie, 1999, 130 pages, 6,20 €

 

La poésie mise musique, on connaît, avec des réussites éblouissantes (John Cale et Do not go gentle into that good night, de Dylan Thomas, pour ne citer qu’un exemple), mais aussi des exercices intellectuels où certes la musique est d’une grande beauté, mais où la poésie, dans ce qu’elle a de plus formel, donne à l’ensemble un aspect guindé (rien à faire, Léo Ferré, c’est pour les connaisseurs, j’ai des difficultés à croire que ses enregistrements de Baudelaire et Rimbaud puissent donner un plaisir inconditionnel, une pure jouissance, à qui que ce soit) et des choses dont il vaut mieux feindre l’ignorance la plus totale (Mylène Farmer interprétant L’Horloge, à réserver aux sourds) ; l’interprétation du Condamné à mort de Jean Genet par Jeanne Moreau et Etienne Daho fait partie de la première catégorie, voire la sublime, et ce qui suit ne servira pas tant à le démontrer qu’à expliquer en quoi cette interprétation est bouleversante.

Composer de la musique aujourd’hui, Michèle Reverdy

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 05 Décembre 2014. , dans Côté Musique(s), Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Composer de la musique aujourd’hui, Michèle Reverdy, éd. Klincksieck, coll. 50 questions, 2007, 216 pages, 15 €

 

Michèle Reverdy, une personne vivante

Je voudrais écrire quelques mots sur une personne et un livre à la coupure de différents faisceaux d’intérêts qui sont miens, amicaux et intellectuels. Amitié et reconnaissance de Michèle Reverdy, la compositrice de Médée – commande de l’Opéra de Lyon – qui m’a confié les deux dernières pages manuscrites de la partition dudit opéra (1). J’ai donc un point de vue à la fois très argumenté et personnel de la production de la compositrice, qui nous livre dans son ouvrage chez Klincksieck une vraie parole d’artiste. Et pour mieux dire, je crois utile de préciser que cet autographe me hante un peu, à la manière d’un vin dont les notes pourraient être des grappes, dont les clusters pourraient devenir une musique dionysiaque et vibrante, et constituer une œuvre vivante d’aujourd’hui.

L’invention musicale : essai de définition

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 13 Novembre 2014. , dans Côté Musique(s), Les Chroniques, La Une CED

 

21 janvier 1943. Carnegie Hall, New York. Dans quelques minutes, ce sera la première audition américaine du Concerto pour deux pianos et percussion de Béla Bartók. Dans quelques minutes, Fritz Reiner dirigera l’Orchestre de la New York Philharmonic-Symphony Society, et Bartók sera au piano. Il faut que ça marche, se dit le compositeur. Il faut que par ce concert ma carrière soit relancée. Il faut que, instant après instant, les instrumentistes soient en accord – un accord profond, tenace – avec ma musique, sans omettre une seule indication, une seule fraction du silence sans quoi rien de ce qui est la musique ne pourrait nous atteindre, nous atteindre et suspendre dans le vide bleu, très pâle, de l’infini ce qui, de notre intériorité, est le plus embrasé. Le concert commence ; Bartók ne sait pas, bien sûr, que ce qu’il vit là, c’est son dernier concert. Comment pourrait-il savoir qu’il y aura bientôt un 22 septembre, et que ce jour-là il sera emmené au West Side Hospital. Comment pourrait-il connaître à l’avance les mots qu’il prononcera, à plusieurs reprises, alors : « Il est bien dommage que je doive partir alors que ma valise est encore pleine ». Comment pourrait-il savoir que le 26 septembre, son épouse et son fils se sentiront impuissants face à son dernier soupir, qu’ils ne sauront pas comment recueillir.