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Côté Arts

Retour à Martha’s Vineyard, Richard Russo (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Côté Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Quai Voltaire (La Table Ronde), Côté Musique(s)

Retour à Martha’s Vineyard, août 2020, trad. anglais (USA) Jean Esch, 384 pages, 24 € . Ecrivain(s): Richard Russo Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Ce roman est fondé sur une construction et une intrigue classiques, autour de trois personnages : Lincoln Moser, agent immobilier, Teddy Novak, éditeur indépendant, et Mickey Girardi, musicien et ingénieur du son, tous trois anciens étudiants dans la même université prestigieuse de la côte Est des Etats-Unis, Minerva college, au tout début des années 1970, tous trois serveurs à la résidence des Theta, une sororité du campus, afin de payer leurs études.

Très vite on retrouve ce langage potache de l’entre-soi des étudiants, conservé plusieurs dizaines d’années après leur expérience universitaire : les surnoms ou diminutifs, affectueux ou moqueurs, les private jokes (ou plaisanteries internes), les sujets de conversation immatures, les beuveries, le sens de la fête… « Que la fête commence », c’est ainsi que le Lincoln de 66 ans accueille à nouveau ses deux camarades dans sa maison de vacances de Chilmark, sur l’île de Martha’s Vineyard.

Tombeau de Christopher Falzone, Jean-Louis Rambour, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 18 Juin 2018. , dans Côté Arts, Les Chroniques, La Une CED

Tombeau de Christopher Falzone, Jean-Louis Rambour, peintures de Renaud Allirand, éditions L’Herbe qui tremble, 2018, 55 pages, 13 €

Le Cahier d’arts et de littératures Chiendents sous-titre son numéro consacré au poète Jean-Louis Rambour : Le guetteur de réel. Et il est vrai que le parcours de l’auteur du Mémo d’Amiens ou de Faire-part – pour ne citer que les deux publications les plus récentes complétant plus d’une trentaine de titres – capture le réel dans ses lignes d’écriture avec une attentive connexion au monde alentour parfois mal connu parce qu’anonyme, non considéré alors que l’humain s’y révèle dans sa puissance authentique (j’allais écrire : tragique) et âpre, reformulé par le poète dans ses arêtes vives. La volubilité n’est pas le fait de J.-L. Rambour. La densité de son langage travaille le réel sur l’établi d’un artisan de la langue observateur de La vie crue, loin des artifices d’esthète.

Dans Clore le monde, Jean-Louis Rambour se penchait sur la vie des humbles, des humiliés – ceux du Santerre ; des hommes « faits » consommateurs ; dans son Mémo d’Amiens il consignait par le poème la vie d’hommes et de femmes de peu cohabitant dans l’Amiens industrialisé de l’après-guerre ; dans Tombeau de Christopher Falzone, J.-L. Rambour se penche sur la vie d’un artiste qui « probablement marchait depuis longtemps à côté de la vie », le pianiste Christopher Falzone, mort à l’âge de 29 ans.

La palette chamanique de Marc Varvarande, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Lundi, 04 Juin 2018. , dans Côté Arts, Les Chroniques, La Une CED

 

Certains itinéraires artistiques fraient leur chemin hors sentiers battus, creusent leur sillon hors sylve abattue, fertilisent leurs créations hors modèles rabattus. Il est des sentes buissonnières, des vadrouilles pionnières, des tortilles ouvertes par quelque muse braconnière, qui mènent aux vallées inexplorées, foisonnantes de plantes insoupçonnables et de créatures inimaginables. Heureux l’artiste comme Marc Varvarande qui les arpente et projette sur des paysages connus les lumières cueillies au-delà des nuages. Le peintre transpose les fééries visuelles sur les murs nus des écoles déshéritées, avec la patience du jardinier qui ne voit passer le temps qu’à travers les saisons, la délicatesse de l’artisan qui donne à chaque motif sa belle raison, la générosité du samaritain qui sème la beauté dans chaque maison. Qui peut percevoir mieux que les enfants, encore préservés des jugements acquis, le jaillissement poétique des formes et des couleurs, sinon l’artiste, réfractaire à la routine stérilisante, puisant dans sa mémoire mutine les intuitions premières et les sensations diamantines. L’image enjambe la barrière langagière pour formuler l’indicible, esquisser l’inaccessible, diaprer l’immarcescible. Les intuitions, éblouies par le spectre solaire, se font clairvoyances.

Un peu de beauté (4ème et dernière partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 26 Juin 2015. , dans Côté Arts, Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

Réalisme symbolique (19ème siècle)

Portrait de la sœur de l’artiste (1887, 96x74,5 cm) (1) de Fernand Khnopff (1858-1921)

Quand l’artiste Fernand Khnopff peint sa sœur Marguerite, son double, une jeune fille énigmatique apparaît, en pied, dans une robe immaculée. 400 ans plus tard, telle La Dame à la Licorne de Raphaël, elle ne nous livre qu’une part d’elle, une bouche fermée, un regard fuyant et un visage tourné sur le côté. Elle tient son bras ganté, ne dénude aucune partie de sa chair. La couture du milieu de la robe suture le buste, la poitrine haute. Tous les blancs – de l’ivoirin des longs gants au laiteux de l’étoffe – sont traités de manière liliale. La sœur inspiratrice du Beau s’élève comme une colonne lactescente, dans un environnement clair où, à la hauteur du cœur, un objet rond, en or, est accroché au mur.

Un peu de beauté (1ère partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 05 Juin 2015. , dans Côté Arts, Les Dossiers, La Une CED

 

 

« Est beau ce qui est connu sans concept comme objet d’une satisfaction nécessaire »

(Critique de la faculté de juger, Emmanuel Kant)

 

« Sans doute des jeunes gens avaient surgi qui aimaient aussi la peinture mais une autre peinture, et qui n’avaient pas comme Swann, comme M. Verdurin, reçu des leçons de goût de Whistler, des leçons de vérité de Monet, leur permettant de juger Elstir avec justice. Aussi celui-ci se sentait-il plus seul à la mort de M. Verdurin avec lequel il était pourtant brouillé depuis tant d’années, et ce fut pour lui comme un peu de la beauté de son œuvre qui s’éclipsait avec un peu de ce qui existait, dans l’univers, de conscience de cette beauté »

(Le Temps retrouvé, Marcel Proust)