Etre Charlie ou ne pas l’être. C’est la question. Elle fracture désormais Nord/sud, Algérie/France, Occident/Couchant, morts et vifs, compassion et banalisation. Topographie du cas algérien : l’être ou ne pas l’être ? C’est selon, quand on lit, écoute, voit ou discute. Etre Charlie s’appuie sur la compassion et le choc : on ne tue pas des dessinateurs au nom de Dieu ou de son Prophète. La vie est donnée par ce Dieu, elle ne peut être ôtée que par lui, selon les tablettes anciennes.
Etre Charlie c’est être avec la vie, la liberté, l’humanité et la raison. Tu dessineras, mais tu ne tueras point. On a déjà vécu cela chez nous, en nous, avec nous-mêmes. Il ne s’agit pas de Français ou d’autres mais de la vie qui n’a pas de nationalité, seulement un droit et une flamme et une couronne. Beaucoup d’Algériens l’ont vécu ainsi. Ils sont Charlie parce que Charlie est aussi la vie.
Et « je ne suis pas Charlie » ? A cause des malentendus, de la haine en soi, ou de l’aigreur ou de la colère ou du manque de conscience ou de l’abus de différences. Les deux premières raisons sont sales, on ne va pas en parler. Reste la troisième : des Algériens ont sorti par exemple des arguments légers : nous avions été seuls à l’époque de notre guerre. Faux : les journalistes du monde se sont solidarisés avec les journalistes algériens à cette époque. Il ne faut pas mentir, ni confondre Mitterrand avec les solidarités du monde.