Christine Montalbetti
L’auteure parlant d’elle-même : « Je suis née au Havre, où je n’ai jamais vécu. C’était l’été, mon père faisait son service militaire, mes grands-parents maternels habitaient là. Depuis j’y ai très peu porté mes pas, mais j’aime l’idée d’être née dans une ville portuaire. Je viens parfois écrire à Trouville, et mon attachement pour cette petite ville tient peut-être aussi au fait qu’on y aperçoit depuis la plage ma ville natale, ses deux cheminées souvent coupées par la brume et qui m’ont un petit air de Fuji-Yama, toujours fourré dans un coin de l’estampe. Depuis peu j’écris aussi pour le théâtre – cette manière très excitante dont le texte alors est tourné vers quelque chose à venir, vers les inflexions des voix, vers l’énergie du plateau, vers la fête de l’incarnation. Mais pour l’essentiel j’écris des romans, qui prennent leur temps, j’aime le luxe de la phrase longue, le confort de ses arabesques, et le loisir des digressions, qu’écrire soit musarder, filer la rêverie. Je m’attache aux émotions nombreuses et contradictoires qui peuvent innerver un tout petit instant, je les considère en macroscopie, je leur laisse toute la place, et à d’autres petites choses encore, des objets, des insectes, dont j’invente les épopées. Je m’adresse beaucoup à mon lecteur, parce que je crois profondément qu’écrire, c’est aussi écrire votre histoire à vous. La mienne à la vôtre tressée, ce en quoi elles se rencontrent. Là où, laissant résonner les instants de notre expérience, nous pouvons, peut-être, nous entendre ».