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Carnets d’un fou - XXV

Ecrit par Michel Host le 21.03.15 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Carnets d’un fou - XXV

 

(Pour la nouvelle présentation de ces « Carnets », lire ICI)

 

Carnet de février 2015

 

« Ne t’occupe pas de la femme, c’est de l’eau versée sur le sable ».

Proverbe confucéen (cueilli au vol sur une radio périphérique)

 

# Une idée de M. Macron, ministre de l’économie chez M. Hollande : autoriser officiellement les employés des postes à décerner les permis de conduire. Lesdits employés prétendent, sans doute mensongèrement, qu’ils ont bien assez de leurs tâches ordinaires. Pour cette tâche, je proposerais donc à M. Macron d’engager chaque matin, aux heures où elles ne travaillent pas, les dames du Moulin Rouge et du Crazy Horse Saloon. Cela fluidifierait le trafic.

Le 1er/2/2015

Écrivain, écrivain… Il pleut des écrivains, en France, comme sur aucune autre nation du monde. Ce doit être dû à ce fait que le métier a été facilité depuis ces quarante dernières années que l’on n’enseigne ni n’apprend plus la langue ! Un exemple entre vingt autres, la présentation des intervenants lors d’une émission de radio, en janvier 2015 : « Monsieur Black-Bourrin, pédiatre en grande banlieue, maître de conférence au CNRS, écrivain… Monsieur l’abbé Gentillet, missionnaire au Gabon, spécialiste de Thomas d’Aquin, écrivain… Madame Vaudreuil de Phalempin-Valmore, mère au foyer, mycologue, écrivain… M. le docteur Émile Herbecourt, cardiologue, chef de clinique à l’hôpital St-Philibert d’Argentan, écrivain…

# MM. Valls et Hollande, par un effort de l’esprit encore inégalé, ont imaginé de contrer les futurs djihadistes (adeptes de la guerre sainte) en les conviant à regarder sur les « réseaux sociaux », autrement dit l’internet, les effets réels de ladite guerre sainte : vous ne trouverez pas la gloire des combats, mais le crime ; ni la lumière d’Allah, mais les larmes des enfants et des mères ; ni le paradis ni les vierges, mais l’égorgement et la chute dans un ravin… C’est vouloir « prendre » ces gens-là par la raison et par le seul organe dont ils sont dépourvus, le cerveau. Cautère sur une tête de bois, l’expression ne trouvera jamais meilleur emploi. Et un déni de réalité supplémentaire.

# À Lunel (Hérault), vingt personnes, dont des femmes et des enfants, sont partis pour la Syrie afin d’y soutenir les djihadistes, ou d’y combattre à leurs côtés. Six déjà y auraient perdu la vie. Certains sont rentrés : ils sont interrogés par la police. Lunel compte 26.000 habitants. La proportion des « départs » y est supérieure à tout ce que l’on connaît actuellement en France. La mosquée El Baraka de Lunel (d’obédience tabligh ?) est fortement suspectée d’être au cœur de l’affaire. On en dispute scolastiquement dans Le Monde (1er et 2 février) quand déjà les imams de ce centre de prêche devraient avoir été renvoyés sur la terre natale de Mahomet et ladite mosquée réduite en cendre.

Demi-mesures, pas de mesures du tout… Notre faiblesse et notre inconscience sont patentes : ils en jouent fort bien.

# Déclaration de celui qui géra la mosquée de Lunel jusqu’en 2012 : « Ils [ceux qui partaientvoulaient vivre leur religion. Ils sont morts, c’est leur choix, explique Meziane Ben Abdelkader. Ils n’ont fait aucun attentat en France. Pourquoi ils partent ? Parce qu’on les empêche de pratiquer leur religion : il y a le problème du voile à l’école, des certificats pour l’Aïd, énumère-t-il. Mon fils voulait apprendre la religion. Il ne parlait jamais de combattre ». Il est mort en Syrie au mois de mai : Le Monde, 1er et 2 février.

Dans cette déclaration, qui mériterait une analyse poussée, saute aux oreilles le complet manque d’émotion et de compassion du locuteur. Sa soumission absolue à ce qu’il appelle « la religion » doit être l’explication. On note aussi que la préservation par la France laïque de ses dernières traditions nationales lui paraît un intolérable obstacle à une pratique religieuse que, précisément, la laïcité protège sur le plan de la vie personnelle. Notons encore que la mosquée de Lunel ne parut pas à son fils apte à dispenser un suffisant enseignement de sa religion. Des incapables, par conséquent ! Et enfin, que la pratique de l’attentat en France semble pouvoir être un recours éventuel à tant de coercition, et que « ne pas parler de combattre » suppose un pacifisme digne des meilleurs bouddhistes. Ce fils, rempli d’un esprit de paix, mort en Syrie, fut-il la victime d’une balle perdue ou d’un bacille encore inconnu des médecins ?

Le 3/2/2015

 

# Nous avons connu, il y a peu d’années, un jeune homme d’origine tunisienne, avec lequel nous nous entendions fort bien. Un jour, pourtant, il se fâcha tout rouge contre la France et les Français qui, selon lui, mettaient obstacle sur obstacle au parcours des étudiants étrangers dans notre pays, et notamment de ceux venus du Maghreb. Il était logé, notons-le, dans une résidence pour étudiants, et avait soutenu victorieusement son doctorat en Histoire, cornaqué par M. Vidal-Naquet. Il venait d’obtenir un poste de chargé de cours en Sorbonne et postulait à un poste de chercheur au CNRS. Il s’appelait S.M. Nous l’avions aidé à créer et diriger une collection d’auteurs classiques du monde arabe chez Fayard. Sept ou huit ouvrages y parurent. Opposé à toute victimisation, il se comportait lui-même en victime. Il écrivit un texte durement polémique (j’en assurai la relecture) dont j’ignore ce qu’il est devenu. Je l’incitai à ne pas le proposer à la publication. Le pays qui l’accueillait n’y faisait pas la meilleure des figures. Nous ne l’entendons plus aujourd’hui sur aucune des difficultés qui concernent la république laïque et les musulmans vivant sur le territoire de cette république. Ni sur les violences dont se rend coupable un islam dévoyé sur les territoires de la Syrie et de l’Iraq. Il va sans dire que notre amitié a beaucoup pâti de cette accumulation de contradictions.

Le 4/2/2015

 

# Les adeptes de l’E.I. (État Islamique) viennent d’égorger deux Japonais qui passaient sur leurs terres sans intention belliqueuse, nous a-t-il semblé. Ils ont aussi brûlé vif le pilote jordanien qu’ils avaient capturé il y a quelque temps. L’Europe prend acte, ou plutôt prend note, et retourne à ses affaires d’argent. Le président Obama obamatise (1) la sauvagerie et s’enferme dans le bureau ovale. Le Japon s’élève contre ce déni d’humanité et parle de rompre sa neutralité militaire. Les autorités jordaniennes laissent entendre que leur réaction sera impitoyable et surprenante. La civilisation en est réduite aux mots. Situation shakespearienne, et, face à elle : words… words… words… C’est assez compréhensible d’ailleurs, les gens civilisés sont des adeptes de la parole avant tout, car c’est elle qui précisément en fait des civilisés.

Le 4/2/2015

 

# Les Jordaniens ont réagi : pendaison de la femme terroriste qu’ils détenaient et dont les sauvages de l’E.I. réclamaient la personne. Bombardement par leur aviation des positions des mêmes sauvages, par ailleurs condamnés par tout le monde musulman, y compris par les autorités morales de l’université Al-Azhar du Caire. La civilisation ne progresse qu’à reculons : nous voici revenus à la loi du Talion. C’est ce que souhaitent les gens de l’E.I. : enflammer le monde arabe, déstabiliser la Jordanie, où ils ont des partisans, accentuer les désordres du monde, à l’imitation des Américains, mais selon leurs méthodes à eux.

Le 6/2/15

 

# J.-J. Rousseau, Les Confessions

Jean-Jacques me paraît menteur davantage par erreur, omission involontaire et oubli que par volonté de dissimuler. Je fais montre ici d’une certaine naïveté, c’est probable.

Au Livre II, sa confession de l’ignominieux mensonge qui condamna la petite Marion au déshonneur, peut-être à la prostitution, lui est une tache indélébile et insupportable. Il affirme que la rédaction desConfessions a, parmi ses premières causes, la nécessité de cet aveu. Là encore, on est enclin à le croire. Ce sont des pages considérables, et qui manifestent une manière d’introspection personnelle et morale très fine et approfondie. J’ai souvenir que MM. Lagarde et Michard, dans leur manuel de littérature française, nous proposèrent ces pages à étudier. Mes maîtres, des religieux, les sautèrent allègrement : ils trouvaient un intérêt bien supérieur à Bossuet, à Pascal, et même, je peine encore à le croire, à Voltaire. Trois grands écrivains, eux aussi !

Un peu plus loin à ce même Livre II, Rousseau avoue qu’il fut un temps exhibitionniste, ce qui lui valut une mésaventure-aventure qui tourna bien. On est surpris de cette franchise.

# Il prend à M. Manuel Valls – premier ministre, rappelons-le – et à la troupe de ses suivants, la fantaisie de visiter le misérable quartier de La Castellane, dans les faubourgs de Marseille, où l’on est logé dans un confort plutôt acceptable. Les enfants des écoles et quelques professeurs le conspuent, je crois parce qu’il ne leur a pas donné assez de moyens ou leur en aura retiré. Puis des tirs de kalachnikov sont tirés d’un des immeubles en direction du cortège ministériel et de sa protection policière. Des véhicules de police sont atteints par les balles. Il n’y a ni morts ni blessés. M. Valls élève une faible et inaudible protestation. Je l’imagine méditant en son for intérieur sur les temps cruels et monstrueux de nos colonisations qui lui valent aujourd’hui ce mitraillage ! C’est donc mérité ! À moins que, par sa visite courtoise, il n’ait dérangé que quelques marchands de cocaïne et de fines herbes. Deux jours plus tard, on mettra en examen des jeunes gens détenant des armes de guerre dans leur appartement. Madame Taubira – quel bonheur ! – leur épargnera de longs mois de prison. Je n’ai toujours pas entendu M. Valls ni aucun de ses ministres tonner contre ce qui, au XIXe siècle, eût été considéré comme un attentat majeur, ni ne les ai vus agir dans ce quartier d’une manière conséquente et proportionnée à l’affront. N’oublions pas que certaine élue socialiste de cette circonscription conseillait, il y a peu, d’y faire intervenir l’armée, et qu’elle fut elle aussi conspuée, mais par ses collègues de parti. Je pense à ce qu’eût fait, comme en 1834, la troupe sous les ordres d’un Bugeaud et que Daumier immortalisa dans sa Rue Transnonain ! Ce n’est pas ce qu’on réclame, évidemment, mais seulement le courage d’un peu plus de fermeté. Faudra-t-il, pour y arriver, qu’un ministre tombe sous les balles et que la voyouterie régnante démontre plus clairement encore son entrée en guerre contre la république et ses lois ? En attendant, nous avons eu quelque chose comme « Ce sont des petits malappris ! On leur fera pan-pan-cul-cul !

# Du Monde de ce jour : « Un enseignant de l’université Paris-XIII Villetaneuse, qui menaçait de ne plus faire cours devant une étudiante voilée, a été déchargé de son enseignement. Chargé d’un cours de droit des assurances en master 2 de droit des affaires, il avait exprimé son hostilité au port de signes religieux dans l’espace public… » (AFP) – La République et la laïcité se renient elles-mêmes, marchant à reculons. Sommes-nous gouvernés à la fois par des politiciens faibles et lâches et par des juges pieux acquis au Prophète ?

Le 12/2/2015

 

# M. Jack Lang, tout « socialiste » qu’il est, exige un service digne de lui. Il se plaint d’un plateau-repas « imbouffable » (sic) qui lui aurait été servi dans un avion d’Air France. On dirait d’une princesse sud-coréenne !

À l’IMA (Institut du Monde Arabe) où ses amis l’ont installé en manière de sinécure, un traiteur lui réclame, à lui comme à son épouse, le paiement de tous ses repas depuis plusieurs années, qu’il avait tout de même obtenu qu’on leur servît, à eux et à leurs invités, au prix de 25 € au lieu des 60 € habituels. Là encore il se plaint amèrement : ledit traiteur lui aurait mitonné de la cuisine libanaise alors qu’il n’apprécie que la marocaine. S’il paie, ce sera avec l’argent du contribuable, le mien, le vôtre par conséquent. Trafic d’argent public ! S’il ne paye pas, ce sera comme chez les princes de l’ancien régime, du moins tels qu’on nous les a décrits dans nos livres d’histoire républicaine, insatiables profiteurs, voleurs du peuple… Dans les rues de nos villes, aujourd’hui, des troupes de SDF ne se plaignent que d’avoir faim et froid. N’est-il pas assez rat, notre ex-ministre de la culture ? Y a-t-il autre chose qu’un slogan creux dans ce mot d’ÉGALITÉ inscrit sur nos monuments ? Rappelons-nous que M. Lang, en récompense de sa vente de la chaîne télévisée TF1 à M. Bouygues (c’était il y a des années), reçut le cadeau d’un logement approprié, un hôtel particulier situé dans Le Marais, qu’à ses électeurs d’Amboise, dont il était le maire, il présentait comme un simple un pied-à-terre. Rappelons-nous que ses débuts d’ennuis judiciaires pour des rencontres avec de très jeunes gens, au Maroc, furent rapidement étouffés, puis oubliés. Sans nier que des responsables du bord politique rival aient pu agir de la même façon, le cynisme radin de M. Lang me paraît difficile à égaler.

Le 13/2/15

 

# Ne chipotons pas au président Hollande ce fait qu’il se conduit plutôt bien sur le front extérieur. Il tente militairement de tenir à distance les troupes d’Al-Qaïda au Mali et non loin de la Côte d’Ivoire. Il fait bombarder par notre aviation les dangereux demeurés mentaux de Daesch (État Islamique) dans le nord de l’Iraq. Il tente, avec Dame Merkel, de faire taire les armes entre Ukrainiens… Il fait donc là-bas, loin d’ici, figure de dur-à-cuire. En revanche, sur le plan intérieur, ici où fait florès l’islamisme (que prudemment il appelle l’islam, démontrant qu’il n’a pas ouvert le Coran), il nous laisse ronger par le cancer de cette religion importée, laquelle nous emportera, à moins que nous lui livrions le combat, la guerre qu’elle a entrepris de nous livrer en dépit des dénégations de ses représentants les moins stupides, qui savent bien, eux qui ont lu le saint livre, de quoi ils retourne. À l’intérieur, le président Hollande est donc bien mol et tendre qui, par sa lâcheté et son impuissance nous voue à la guerre civile dont, malheureusement, je verrai peut-être les commencements.

# À la suite de l’accueil guerrier reçu par M. Valls, il y a peu, à Marseille, la police aurait arrêté quelques complices ou simples suspects dans la banlieue parisienne. Attendons et voyons.

Affreuse encore est la profanation d’un cimetière juif situé dans le Bas-Rhin. Près de 300 stèles auraient été renversées, plusieurs pierres tombales déplacées. L’affaire fait scandale à juste titre, et d’autant plus qu’à Copenhague un jeune homme nommé Al Hussein vient d’être tué par la police danoise pour avoir fait deux morts, dans la fraîche tradition française pouvons-nous dire, l’un dans un centre culturel où avait lieu un débat sur la liberté d’expression et la caricature, l’autre devant la synagogue où il avait tué un fidèle juif.

En ce qui concerne le cimetière juif, un très jeune homme de la région, pris de remords, est venu se dénoncer à la police ainsi que ses quatre complices. Ce cimetière fut l’objet de deux autres profanations dans les années précédentes. On saura dans quelque temps les motivations du crime. On se demande ce qui suscite cette haine contre les juifs qui, en Israël, vivent cernés par six à sept-cent mille ennemis armés dont le seul but est de les chasser de leur territoire actuel, sur lequel, selon moi, leur antique histoire donne des droits légitimes aux fils d’Abraham et de Moïse. On se demande quelles boueuses pensées ou imaginations barbotent dans les boîtes crâniennes de ceux qui veulent aussi tuer les morts ! Il me semble (mais c’est à vérifier) que les nazis eux-mêmes ont laissé dormir les Juifs dans les cimetières où ils étaient les seuls alors à pouvoir reposer. À Prague, tout au moins, la chose a pu être vérifiée. On peut aussi imaginer que, triomphants, les nazis eussent par la suite profané les cimetières des juifs, et de quelle manière.

Nous apprenons que ces cinq jeunes gens, croyant le cimetière à l’abandon, se seraient livrés à leurs déprédations sans avoir conscience un instant de se trouver dans un cimetière juif. On s’interroge… Tout de même, à la deux-centième tombe !

En attendant, jouant sur les craintes naturelles des juifs d’Europe, M. Netanyahou les invite à l’alya, au voyage du retour. Il veut de nouveaux soldats, c’est évident. Il nous privera de l’intelligence, du savoir, de l’ingéniosité et de notre amitié avec le peuple le plus admirable et résistant de la terre. Nous nous ferons les complices des bourreaux des juifs français dans la mesure où nous nous montrerons incapables de les protéger efficacement.

Nous vivons, c’est évident, une époque d’intense civilisation… Bien entendu, j’ai tort de voir, selon une formule très usitée, le verre à moitié vide plutôt que le verre à moitié plein. Oui, c’est vrai, je pourrais me passionner pour ces skieurs qui descendent les pentes alpines, pour les championnats de rugby, les footballeurs, les golfeurs, et toutes ces activités qui donnent à l’existence des hommes la consistance des bulles de savon. Oui, j’ai tort, j’ai grand tort !

Tenez, j’ai appris que vingt-et-un Coptes égyptiens, capturés en Lybie, ont été égorgés par des membres de l’E.I. Eh bien, quoique athée, ça m’a tout de même fait un petit quelque chose. Mais on oublie vite. On n’a pas entendu non plus M. Vincent Peillon. Je m’interroge sur le silence de cet ami de la justice et des droits de l’homme. Peut-être qu’à ses yeux les chrétiens orientaux ne sont pas entièrement des hommes. Quant au Pape, le bienheureux François, il a élevé sa plainte vers le Ciel, exprimant son incompréhension du fait que des hommes épris de leur religion assassinent d’autres hommes épris eux aussi de leur religion. C’est pourtant la loi, il me semble, depuis le fond des siècles. Seul M. Al-Sissi, actuellement président de l’Égypte, agit et fait bombarder les positions des criminels sur le territoire libyen.

Le Monde des 15 & 16 février présente en première page une carte de France indiquant la petite trentaine de départements où le PS, aux élections cantonales des 22 et 29 mars, pourrait perdre « au profit de la droite ». Une flèche grise ou noire (le FN) indique les lieux où se produirait l’éventuelle inversion des pouvoirs : le Monde se fait le représentant attristé de nos gouvernants maladroits, appliquant depuis bientôt 3 ans la politique que la droite ambitionnerait de mener à sa place si elle en avait encore la force. Le Monde, quotidien dit d’information objective, nous démontre une fois de plus la nature de son objectivité : la droite républicaine est, dans sa constante vision des choses, quelque chose comme le Diable, quelque chose de très proche du fascisme, quelque chose qui est de l’ordre du Mal. Rappelons que nous avons toujours près de quatre millions de chômeurs sur notre territoire, probablement autant d’assistés et un nombre illimité de personnes vivant dans la pauvreté, cela malgré les promesses électorales de l’Archange François, lequel ne s’en remet plus qu’à la divine providence et à la baisse du prix du pétrole pour résoudre les difficultés.

Le 16/2/15

 

Les Confessions. Au Livre III, Jean-Jacques nous expose la manière dont, venant d’une classe sociale modeste et faisant montre d’un peu de talent, on « parvient ». Il suffit d’entrer au service d’une famille huppée et bienveillante. « Parvenir » se dirait aujourd’hui « réussir », car le parvenu, même et surtout chez les parvenus, a mauvaise réputation, et cela depuis la chute de Napoléon au moins. Il nous montre aussi comment un enfant, un très jeune homme, lui-même en l’occurrence, par sa soumission au désir d’aventure, à ses pulsions juvéniles en somme, s’évite cette voie âpre et assez déplaisante pour un esprit comme le sien. Il a ces mots qui fixent bien l’adolescence : « Pour concevoir jusqu’où mon délire allait dans ce moment, il faudrait connaître à quel point mon cœur est sujet à s’échauffer sur les choses, et avec quelle force il se plonge dans l’imagination de l’objet qui l’attire, quelque vain que soit quelquefois cet objet ».

Le 17/2/15

 

Petits faits du jour sans autre importance

§. Nous apprenons que les égorgeurs de 21 Coptes, en Lybie, avaient tourné leurs victimes vers Rome à l’heure des assassinats. Les aliénés du Prophète viennent de découvrir la géographie.

§. Afin de jouir à nouveau en paix de leur palais de campagne au Maroc, nos dirigeants, M. Cazeneuve en tête, vont décorer de la Légion d’honneur le sieur Abdellatif Hammouchi, patron du contre-espionnage marocain, pourtant visé en France par plusieurs plaintes pour torture. C’est ce qui s’appelle se moquer de sa propre institution judiciaire, se coucher pantalon aux chevilles. M. Cazeneuve et les siens se déshonorent et logent, selon moi, quelque chose de pétainiste dans l’âme qu’ils n’ont pas (information Le Monde 17/2, p.7).

§. # Les choses par leur nom. L’éditorial non signé du Monde (le 17/2) dit admirablement que les attentats inspirés par « la barbarie djihadiste », à Copenhague, ont exactement les mêmes cibles que ceux de Paris, et qu’en conséquence, il faut les mêmes réponses : ne rien céder et appeler « les choses par leur nom ». Appeler les choses par leur nom, c’est tout aussi exactement ce que ne savent ou ne veulent pas faire nos élus socialistes.

§. M. Laurent Fabius, notre ministre des affaires étrangères : « Il faut que les religieux musulmans nous aident, comme l’a très bien fait le grand imam de la mosquée Al-Azhar au Caire. Les auteurs de ces actes sont de faux religieux et de vrais criminels ». Si nos dirigeants et les imans de l’Égypte se mettent eux aussi à l’islamophobie, où allons-nous ?

§. M. Netanyahou appelle les juifs d’Europe à se réfugier en Israël. L’éditorialiste du Monde (17/2, p.22) commente : « Paraphrasons ce qu’écrivait Claude Lanzmann dans ces colonnes le 13 janvier : L’Europe sans les juifs d’Europe, ce ne sera plus l’Europe, parce qu’elle signerait alors la victoire posthume d’Hitler ». Mme Esther Benbassa, revenue de ses rêveries extravagantes, signe dans Libération une tribune allant dans le même sens.

§. Procès dit du Carlton, à Lille. Je m’intéresse peu à ce fait divers, dans lequel M. DSK, modèle du sportif libidineux de l’extrême, pourrait être accusé de proxénétisme. On rirait s’il n’y avait au milieu de tout cela des prostituées que M. DSK prétend avoir confondues avec des dames du meilleur monde. Il est démontré qu’il n’était pas le dernier à les appeler « le matériel » et qu’il était capable de leur imposer par la violence des actes qu’elles refusaient manifestement ! Or les trois avocats de ces trois dames, avec un ensemble qui éveille la curiosité, viennent de se retirer du procès, ayant soudain constaté qu’il n’y avait plus de « charges suffisantes » contre M. DSK. Ces avocats n’ignoraient pourtant rien du contenu du dossier ni de la fragilité des charges. L’euro symbolique qu’ils se contenteront de réclamer pour ces dames lavera au moins celles-ci de l’accusation éventuelle de cupidité. J’ai d’abord pensé que des hommes de main, sans doute recrutés dans l’entourage de M. DSK ou de sa dizaine de co-accusés, avaient menacé de quelque violence les avocats eux-mêmes. M.D.B. (2) me rappelle que c’est au maillon le plus faible que s’attaquent d’ordinaire les malfrats, ici, les prostituées. Or celles-ci ont une vie, une famille, des enfants… C’est à travers ces derniers qu’on les aura menacées. Elles auront donc demandé à leurs avocats d’en rester là. Qui le démontrera ? Personne, je le crains. Seule désormais, une association (Le Nid) vouée à la lutte contre la prostitution maintient sa plainte. Il y a gros à parier que, jouant de tous les artifices offerts par le code pénal, la machine judiciaire française va se transformer une fois encore en lessiveuse, et blanchira ces beaux messieurs. Seul Dodo La Saumure(Dominique Alderweireld), le visible, amusant et intelligent proxénète, fournisseur du matériel, devrait jouir du confort de nos geôles pour un temps limité ; c’est du moins ce qui est annoncé.

On peut trouver affligeant qu’un homme ne sache commander à sa verge et se laisse commander par elle ; affligeant aussi que cet homme, non content de s’être déshonoré – mais a-t-il la moindre notion de ce qu’est l’honneur ? – ait jeté la honte sur sa famille, ses enfants (il a au moins une fille). Ces choses, qu’on a beau savoir de toutes les époques, ne laissent pas d’étonner.

§. Le centre hospitalier de Roanne s’est vu contraint de renvoyer un patient de 85 ans, en pleine nuit, vers l’hôpital de Saint-Étienne, à plus de 80 kilomètres. Manque de lits, absence des crédits promis par l’État… Il y a plusieurs années que, dans ces Carnets, je dénonce la portugalisation de la France, simple allusion à l’extrême misère du Portugal dans les dernières décennies du XXe siècle.

Le 18/2/15

 

Tribunal correctionnel de Lille. Le procureur vient d’absoudre M. DSK du péché de proxénétisme. C’est logique et compréhensible, on ne peut exceller en tout. Le proxénétisme est un dur métier qui a ses règles particulières, assez différentes, il me semble, de celles qui régissent le Fond Monétaire International. M. Dodo la Saumure le vérifiera à ses dépens, lors du prononcé du jugement.

# Amis islamistes de l’E.I, d’Al-Qaïda et de Boko-Haram, je sais que votre hygiène, à défaut de votre pensée, est impeccable : vous vous livrez à de minutieuses ablutions post-défécatoires, et je vous imite sur ce point car je reconnais le bien-fondé de la méthode ; dans le désert, vous procédez rituellement avec des galets polis par le sable. Je vous imiterai le jour où j’irai au désert. Dans l’attente de ce doux moment, je vous demande de laver aussi vos mains du sang qui les recouvre.

Le 21/2/15

 

# Le poète Aragon clamait autrefois Hourrah l’Oural ! De nos jours, MM. Cazeneuve et Hollande clamentHourrah l’Islam ! Cet islam, déguisé en islamisme radical pour ne pas prêter à confusion (tant de délicatesse émerveille !) vient pourtant de leur démontrer de quoi il est capable, sur notre territoire. On pense donc à créer une « instance de dialogue » propre comme un sou neuf avec « toutes les composantes de l’islam »… comme si dialoguer avec le CFCM ne servait plus à rien désormais. Nos élus ne comprendront jamais rien à l’islam, et notoirement à la taqiya ou mensonge autorisé, ni au projet de l’islam car ils n’ont rien lu ou ne veulent rien lire concernant cette religion. On formera donc pendant une année les imans des mosquées de France à la laïcité, à la langue et aux traditions françaises. Ils en rient déjà dans leurs sacristies : y a-t-il des sacristies dans les mosquées ? Pas à ma connaissance, mais rien qu’une tribune pour les prêches et un lieu où laisser babouches et pantoufles. Est-il seulement question de renvoyer chez eux les imans prêcheurs de violences et de guerre : non, pas une seconde. Pourquoi serions-nous si méfiants ?

Les choses par leur nom. Vingt-et-un travailleurs Coptes viennent d’être égorgés en Lybie. A-t-on entendu M. Hollande parler de « chrétiens » égorgés ? Point. Cela lui arracherait la langue, je crois : c’est de « ressortissants égyptiens » qu’il nous parle. Plus de quatre-vingts villageois chrétiens viennent d’être enlevés en Syrie par les troupes de l’E.I. (présumé État islamique). Pour MM. Cazeneuve et Hollande : « des personnes odieusement violentées ». Toute référence au christianisme, fondateur des valeurs françaises les plus enracinées, serait comme un crapaud visqueux dans leur bouche. Il faut qu’un athée comme je suis s’en souvienne et y trouve quelque chose de beau et de vrai encore !

C’est la laïcité à trois vitesses, soit :

1ère vitesse : l’islam, dont on brûle qu’il devienne la première religion de France et nous fasse de bons électeurs.

2e vitesse : le judaïsme, qui ne doit pas quitter le pays car ce serait la honte. Un peu de tenue, tout de même !

3e vitesse (proche de la marche arrière) : le christianisme est à ignorer, c’est un archaïsme qui conteste nos réformes sociétales et dont nous nous fichons comme d’une guigne.

Mon conseil pressant aux chrétiens de France : qu’ils se constituent en « Communauté chrétienne » et en CFCC (Conseil Français des Cultes Chrétiens) s’ils veulent être un brin respectés et écoutés. N’y ont-ils jamais pensé ?

M. Roger Cukierman, pour avoir dénoncé les choses telles qu’elles sont, les avoir dites telles qu’il est clair de les dire – à savoir que les attentats antisémites sont, en France, prioritairement le fait de jeunes musulmans téléguidés ou décervelés – s’est fait vertement rabrouer au dîner annuel du CRIF : il aurait commis le péché d’islamophobie primaire. Il aurait déplu à M. Boubakeur, de la mosquée de Paris, qui n’est pas venu dîner avec tout le monde. Il n’y a que la vérité qui blesse, dit excellemment lavox populi. M. Cukierman s’est vu contraint à des excuses publiques. La vérité est devenue honteuse, le mensonge vérité, car nous sommes en régime socialiste. C’est, comme dans l’antique URSS, la lente réécriture de l’Histoire. On dira tout ce qu’on voudra dire dans ce pays-ci, aujourd’hui, sauf la vérité dans les termes de la vérité.

Cela sent la pourriture au royaume de France, et se paiera très cher, mon petit Polonius.

Nouvelle rafraîchissante. On apprend que M. Alain Bougrain-Dubourg présidera, à la mairie du XVIe arrondissement, un colloque consacré à la vie des oiseaux.

# Je pars en Belgique, ce 26 février, avec dans la poche Le Mysticisme sans Dieu, de Jean Claude Bologne. J’en reviens avec quelques observations.

Fin du mois d’avril, retour d’une brève croisière à Bruxelles. Ce que j’ai vu et entendu, ce que je n’ai ni vu ni entendu.

§. Un pied dans le Thalys, l’autre sur le quai de la gare du Nord, j’entends M. Jean d’Ormesson réclamer à grands cris des autorités européennes et mondiales une intervention en faveur des foules chrétiennes martyrisées au Proche-Orient. Il a mille fois raison, et il use à bon escient de sa notoriété ; mais je pense que même lui, le vieil enfant chéri de nos médias, clame dans le désert.

§. Ce dernier mercredi ; environ 200 chrétiens syriens ont été enlevés par l’E.I. Tous ne savent peut-être pas ce qui les attend, mais nous, nous le savons très bien. Et nous nous taisons.

§. Gare du Nord. Parmi la foule, j’ai vu un monsieur d’environ 60 ans, la bedaine avantageuse, bâiller de ses 146 dents.

§. J’ai vu un jeune homme et une jeune femme marcher en se tenant par l’épaule et par la taille.

§. J’ai vu une dame faire le trottoir sans en avoir l’air.

Entre nous, les trottoirs de Bruxelles n’en sont pas, ce sont des défonçoirs !

§. Passant en taxi, j’ai aperçu la Finance Tower. Sur le parvis, pétris en une matière imitant le bronze, un couple de jeunes gens nus, statufiés, frigorifiés.

§. À Bruxelles, les chauffeurs de taxis sont aimables, souriants, prêts à vous commenter les beautés de la ville. Ils s’expriment dans un excellent français. Beaucoup sont des Noirs ou des Tunisiens.

§. À la gare du midi, devant les terrasses des brasseries vides en raison de la grande froidure, j’ai vu le buste d’un anonyme posé sur un socle de tôle, dans le style Poubelle & Décharge qu’affectionnent MM. Arnault et Pinault.

§. À l’entrée de la nuit, j’ai vu des dames qui ne faisaient pas semblant. Et dans les rues sombres, des brasseries à peine éclairées où l’on ne fait que boire de la bière.

§. À la Foire du Livre (lieu-dit Tour & Taxi), j’ai vu des écrivains, le stylo en l’air, assis devant leurs propres livres avec des airs de poulets ayant trouvé des couteaux. Je le sais, j’étais des leurs. Non loin, Mmes De Rosnay et Amélie Nothomb, emplumées et chapeautées, se donnaient des entorses au poignet et faisaient la fortune de leur éditeur, et la leur, en dédicaçant, j’imagine, d’émouvantes histoires d’amour.

§. Je n’ai pas vu le critique et académicien belge Jacques De Decker, car il n’est pas venu.

§. À la gare du Midi. J’ai vu de très jeunes gens pédaler furieusement sur des « vélos d’appartement » installés dans le hall d’attente menant aux trains Thalys.

§. Partout, à la radio, dans les cafés, les épiceries, les restaurants, est diffusée une musique insipido-commerciale, destinée à « faire passer » la pilule amère de l’existence. La plupart des gens sourient, car ils se dirigent vers les magasins.

§. À l’aller comme au retour, j’ai eu beau scruter les ciels de l’Oise, de la Picardie et des deux Flandres, je n’ai aperçu AUCUN de ces vols de ramiers, de corneilles ou de corbeaux, ni aucun gibier au milieu des champs, comme on en voit encore au plein de l’hiver, en Bourgogne. Naturellement, ma pensée a été : « Ce qu’ils doivent déverser de pesticides et d’engrais, sur leurs terres, les agriculteurs ! »

 

Michel Host

 

(1) « Obamatiser » me paraît un néologisme capable de réunir les champs sémantiques de « stigmatiser » et « anathématiser ».

(2) M.D.B. est l’ange féminin qui parfois me rappelle au bon sens, voire à la raison.

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A propos du rédacteur

Michel Host

 

(photo Martine Simon)


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Rédacteur. Président d'honneur du magazine.


Michel Host, agrégé d’espagnol, professeur heureux dans une autre vie, poète, nouvelliste, romancier et traducteur à ses heures.

Enfance difficile, voire complexe, mais n’en a fait ni tout un plat littéraire, ni n’a encore assassiné personne.

Aime les dames, la vitesse, le rugby, les araignées, les chats. A fondé l’Ordre du Mistigri, présidé la revue La Sœur de l’Ange.

Derniers ouvrages parus :

La Ville aux hommes, Poèmes, Éd. Encres vives, 2015

Les Jardins d’Atalante, Poème, Éd. Rhubarbe, 2014

Figuration de l’Amante, Poème, Éd. de l’Atlantique, 2010

L’êtrécrivain (préface, Jean Claude Bologne), Méditations et vagabondages sur la condition de l’écrivain, Éd. Rhubarbe, 2020

L’Arbre et le Béton (avec Margo Ohayon), Dialogue, éd. Rhubarbe, 2016

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Mémoires du Serpent (roman), Éd. Hermann, 2010

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Carnets d’un fou. La Styx Croisières Cie, Chroniques mensuelles (années 2000-2020)

Publication numérique, Les Editions de Londres & La Cause Littéraire

 

Traductions :

Luis de Góngora, La Femme chez Góngora, petite anthologie bilingue, Éd. Alcyone, 2018

Aristophane, Lysistrata ou la grève du sexe (2e éd. 2010),

Aristophane, Ploutos (éd. Les Mille & Une nuits)

Trente poèmes d’amour de la tradition mozarabe andalouse (XIIe & XIIIe siècles), 1ère traduction en français, à L’Escampette (2010)

Jorge Manrique, Stances pour le mort de son père (bilingue) Éd. De l’Atlantique (2011)

Federico García Lorca, Romances gitanes (Romancero gitano), Éd. Alcyone, bilingue, 2e éd. 2016

Luis de Góngora, Les 167 Sonnets authentifiés, bilingue, Éd. B. Dumerchez, 2002

Luis de Góngora, La Fable de Polyphème et Galatée, Éditions de l’Escampette, 2005