Carnets d'un fou - XXII
Le 28 juillet 2013
Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité
« Je me sens très optimiste quant à l’avenir du pessimisme » : Jean Rostand (Cité par Michel Host, dans son Petit vocabulaire de survie aux Éd. Hermann, 2012)
Ces Carnets d’un fou sont un tissu d’observations et de réflexions. Tissu déchiré parfois, car enfoui dans le sépulcre de l’impubliable : deux éditeurs, craintifs, ont fait marche arrière tant les timides et rares audaces qu’il enveloppe leur ont paru devoir contrarier leur bonne réputation, leur chiffre de vente et leur belle complicité avec la chronique littéraire parisienne. Seule une publication en revue est donc accessible à ces notations. La Cause littéraire, après La Vie littéraire, les accueille à son tour : qu’elles en soient remerciées. Ravaudages et reprises, donc ! Mis sur le métier en 1999, on y verra défiler des « vues » d’un passé de quelques années auxquelles, ici ou là, des commentaires touchant à notre proche actualité fourniront d’autres perspectives. Nous attendons monts et merveilles de ces travaux d’aiguille.
« Chacun est comme Dieu l’a fait, et bien pire le plus souvent », Cervantès, Don Quichotte
# Notations : du 25 juillet au 30 septembre 2002
¤ Commentaires : juillet-août 2013
# Les employés du métro de la station Duroc, enfermés dans leur cage de verre, refusent de sortir pour répondre à l’appel au secours d’un malheureux touriste étranger incapable de s’orienter dans le labyrinthe ; ils font la sourde oreille et détournent le regard. Des usagers contournent l’égaré en baissant les yeux. Une dame s’arrête enfin.
Les deux dames antillaises qui officient à la réception des malades du pavillon de néphrologie-urologie de l’hôpital Necker le prennent aujourd’hui de très haut – quelle mouche les aura piquées ? – avec tout le monde, sur le ton d’un adjudant peu assuré de ses maigres galons ; leur bêtise est déconcertante. Elles ont cette mine revêche ou furieuse de beaucoup de jeunes femmes noires (et blanches parfois) vivant à Paris. Pour l’ensemble « métro-hôpital », Péguy nommait cela la panmuflerie. La marque la plus lisible de la société française d’aujourd’hui.
25 / VII / 2002
¤ Quoi qu’on pense de ces anecdotes et de leur multiplication, elles révèlent une société travaillée par le manque d’éducation, le retirement, la crainte de l’autre et l’égoïsme. Le défaut du langage est flagrant, on ne peut plus se parler. Une société que je ressens comme horriblement fatigante.
# Match Israël / Palestine. Certes, on ne sait plus qui a commencé, ni quand, ni peut-être pourquoi. Hommes et femmes changés en bombes ambulantes, tueurs des deux camps assassinant enfants, filles, femmes et vieillards par dizaines. Quoique moi-même d’une douceur toute relative et fort accessible au réflexe vindicatif, à voir ce que les croyants se font les uns aux autres, je suis heureux de n’être qu’un mécréant.
Dieu ? On dit qu’il laisse aux hommes la liberté d’accéder ou non à la raison, à la compassion. Dieu, s’il existe, est hors du champ de la raison et de la compassion.
29 / VII / 2002
¤ Dieu ? Une commodité, un alibi, une assurance-paradis en assignats. De « grâce à Dieu » à « si Dieu le veut » le croyant de toute religion s’ouvre un large espace d’irresponsabilité.
¤ Je viens de porter ces observations dans mes Faits & Gestes de l’été 2013.
Je ne crois pas inutile de les livrer ici, à cet instant.
« Le Caire. L’armée égyptienne persiste à faire feu sur ces islamistes immodérés que sont les Frères musulmans. Morts et blessés s’accumulent. Des mosquées d’où seraient partis des tirs contre la police sont détruites. C’est un fait, bien malheureux, inhumain, mais qu’a l’humain à voir avec le fanatisme. La force n’est-elle pas la règle de l’islam lorsqu’il se met, depuis toujours, en situation de conquête ? Ici, la conquête du pouvoir politique. Selon une rumeur mêlée d’informations, les Coptes subiraient chaque jour la vengeance sanglante des Frères, notamment dans les campagnes. On s’en émeut ici ou là.
Je vois dans ces événements dont la négociation (difficile, je le reconnais, après la destitution du président Morsi) eût permis de n’avoir pas à les connaître, l’annonce soit d’une guerre civile soit d’une véritable et bénéfique séparation des affaires religieuses et des affaires civiles dans le monde musulman. Les fenêtres longtemps fermées s’ouvrent sur des visions sanglantes. Le 18 / VIII / 2013 ».
# Ce carnet est délaissé. La nécessité est moins vive de suivre les événements du monde au jour le jour. Le monde garde sa folie, il ne progresse ni ne régresse, il est sans cesse lui-même. Deux paramètres intensifient les maux universels : une intense communication affole ou épuise les esprits, une surpopulation galopante accroît les activités polluantes, les occasions de violences, crimes et massacres, sans parler des conséquences climatiques, lesquelles se retournent avec d’autant plus de brutalité sur les masses humaines concentrées. Nous fabriquons, dans l’inconscience de l’irresponsabilité assumée, une machine circulaire de causes à effets et d’effets à causes nouvelles, dont je ne pense pas que les humains, chacun d’entre eux étant occupé à sa tâche de fourmi, sans vue d’ensemble, rejetant sur son voisin, ou les politiques, ou les scientifiques le soin de prendre du recul, soient un jour capables de la mettre en panne, du moins avant que la marche des catastrophes soit irréversible.
¤ Il m’arrive de prendre du recul non par volonté et système, mais pour respirer plus librement. J’écris aujourd’hui des carnets intitulés « Faits & Gestes » (dans l’espoir de les publier eux aussi), où je m’assigne cette double démarche : ou coller à l’événement, à l’anecdote significative, ou m’envoler dans l’ironie qui relève d’abord d’une grande lassitude.
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Ma plaisanterie anti-rousseauiste selon laquelle l’homme naît méchant sans que la société et la fréquentation de ses semblables n’arrangent rien, me paraît de moins en moins une plaisanterie.
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Plus que jamais, le jardin de P…, la maison, ses petites dépendances, ont quelque chose d’une principauté à l’écart du monde. Peu d’oiseaux cette année. Des amis en visite de temps en temps. Nos chattes y vivent libres, autant qu’il leur est permis : Artémis vieillit mais a repris, semble-t-il, de l’énergie et le goût de vivre et de chasser ; Nedjma, le plaisir d’exister fait chatte, manifeste continûment sa nature primesautière, sa presque inaptitude à la chasse, et un grand appétit ; elle aime aussi à dormir une grande partie de l’après-midi sur le siège arrière de la voiture ; une troisième petite chatte tricolore enfin, deux cents grammes d’os et de poils à son arrivée, aujourd’hui même. Ysé l’a recueillie près des jardins du Louvre, errant terrorisée le long d’un fossé et dans le vacarme de la circulation. Elle dort et joue dans la chambre de sa première bienfaitrice, avec, aujourd’hui même, l’occasion aussitôt saisie d’augmenter son territoire d’explorations à notre chambre. Nous lui ouvrirons d’autres portes. Elle joue seule ou avec nous, et déjà nous a accordé sa totale confiance. Nous ne voulons pas la baptiser car elle sera donnée, à la fin de septembre, à la mère d’une amie d’Ysé. Même animé des meilleures intentions, l’homme reste le maître absolu, fût-ce d’un animal inoffensif et délicieux.
13 / VIII / 2002
¤ Il va sans dire que la chatte dernière arrivée n’a été « donnée » à personne, et qu’elle partage notre existence depuis maintenant onze années. Elle s’appelle Tanit. On croit prendre un chat et c’est lui qui vous prend, vous charme et il vous tiendra pour le temps que vous vivrez les uns et les autres.
À la télévision, une journaliste de province rend compte de quelque événement local : elle ne manque aucune des liaisons qui font la prononciation française souple et agréable. Elle parvient même à dire « trois cents-z-euros » sans qu’il paraisse lui en coûter le moindre effort ! J’ignore son nom, la voix est jeune, preuve que l’on peut encore apprendre, et même savoir, en notre époque de brumes. Gageons que cette dangereuse maniaque de la correction et de l’élégance langagières ne tardera pas à être licenciée.
Pour ce qui est de la façon dont est traitée notre langue, j’oscille chaque jour entre espoir et désespoir.
¤ Je reviens sur le sujet de notre langue dans mes Faits & Gestes d’août 2013, à l’occasion d’une lecture commentée de l’excellent livre de Pierre Chalmin, Le crétin tel qu’on le parle ou le jargon des élites, publié par Les Éditions de Paris. Un document qui montre à quel point s’est fissuré l’immeuble de la langue française, comme à la suite d’un violent séisme.
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# De conférence de Rio de Janeiro en conférence de Johannesburg, les difficultés écologiques de préservation de la terre, de l’air et de l’eau, et accessoirement des êtres humains, plus aiguës d’année en année, sont abordées par des gens de bonne ou de mauvaise volonté. On a sans doute réalisé quelques progrès dans la gestion de notre domaine – « dominez sur les êtres et les choses », dit Yahvé, dans la Genèse –, ce qui paraît signifier « gérez-les en dominus », en maître du bien de la famille humaine plutôt qu’en tyran imprévoyant, avide et destructeur. Pour l’ensemble, les choses ne vont guère mieux, les grands empires d’intérêts industriels et du profit immédiat restant ces grosses machines aveugles et sourdes dont nul ne se risque à ralentir la marche de peur de déplaire aux actionnaires et à l’ordure boursicotante. Il faut raser toutes les Bourses du monde, revenir à une conception plus territoriale et personnelle de l’entreprise humaine et de l’actionnariat.
Cela dit, la cause première et essentielle du désordre universel polluant et destructeur, des activités mortifères de ce monde, c’est bien l’être humain. Pour lui, pas de double, ni comme pour les roues des voitures, d’homme « de secours ». Il se multiplie, c’est sa première fonction et reste tel qu’il fut toujours. L’allusion même à ce sujet n’est pas admissible : il s’agit de la surpopulation, de la croissance exponentielle d’une natalité que décès et catastrophes naturelles ne peuvent contenir. Une telle mise en cause de la cause serait de prendre de front les trois religions monothéistes, avec quelques autres sans doute, et tout un ensemble de traditions millénaires qui, pourtant, ont commencé de se retourner contre l’humanité tout entière. L’épuisement des ressources de la Terre, puis leur destruction sans retour, sont en proportion de la multiplication des activités humaines, donc en proportion exacte du nombre des humains vivant sur son sol.
Vivant ? Le terme est à la fois mensonger et risible : la majorité des humains est accablée de misère économique, de sous-nutrition ou de famine, de guerres dont le mâle imbécile et dominant, l’homme de religion, ne se rassasiera jamais, d’épidémies et, au bout de sa course malheureuse, de morts dans la souffrance après une existence qu’on ne sait comment qualifier. Le défaut d’instruction, d’esprit critique et de vision est la cause de ces maux qu’on ne corrige pas ou alors avec une accablante lenteur.
Pour ma part, je ne goûte pas le spectacle de ces milliers de très jeunes enfants squelettiques, couverts de mouches, gonflés de vers ou vidés par la dysenterie, que l’on nous montre dans l’intention ou de nous apitoyer ou de nous culpabiliser, ou que l’on ne nous montre pas, moins par honte que par oubli : ils sont si nombreux que leur vision deviendrait lassante. Pas davantage celui de leurs parents accablés de misères et livrés à l’humiliation de l’assistanat.
Des campagnes d’alphabétisation et d’éducation menées en faveur d’une contraception active et préventive seraient la première urgence de ce temps, après quoi on devrait logiquement pouvoir être mieux armés – je veux dire plus efficaces – pour enrayer les autres maux de la Terre.
27 / VIII / 2002
¤ J’ai l’impression d’enfoncer sans cesse les mêmes portes. Elles restent ouvertes, même s’il m’est arrivé de lire enfin dans la presse qui pense comme-il-faut (je veux dire Le Monde) des articles dénonçant ici ou là cette surpopulation insensée.
# Dimanche 1er septembre. Fête, ou plutôt Foire de la chasse, à Châteauvillain. Messe devant des bancs clairsemés, avec sonneurs en tenue. Chiens de meute entassés, accablés d’ennui et de chaleur. Cages, partout, où somnolent lapins, pigeons, poules… et même des tigres. Engins motorisés destinés à rouler à travers champs, à achever d’enlaidir les campagnes. Friperies, autant que sur le Boul’Mich, bottes, vestes de chasse, manteaux longs… Odeurs de frites et de charcutailles de gibier. Faces rougeaudes et satisfaites, amazones rebondies, enfants piailleurs ; plus loin, bonimenteurs, commentateurs, incitateurs, fureurs musicales du siècle déversées par haut-parleurs, et surtout armes de toutes sortes, blanches et à feu, armes pour tuer, tuer, tuer… tuer les animaux. On imagine mal, dans les villes lointaines, l’autosatisfaction sereine des partisans de cet archaïsme de mort.
4 / IX / 2002
¤ C’est bien étrange. Il m’arrive d’entendre ou de lire des chasseurs qui prétendent que leur activité est un indispensable régulateur des populations d’animaux sauvages. Aucun d’entre eux, ni personne d’ailleurs, pour nous parler de la régulation des populations humaines.
# Incroyable difficulté – parce que jamais rencontrée encore – à me mettre à un travail suivi. Les causes sont externes, matérielles, et le décès d’une personne que vous connaissez et aimez depuis plus de quarante ans laissent des séquelles qu’on ne pouvait soupçonner.
# Mes lectures se sont faites lentes, précautionneuses. Je reprends celle du gros ouvrage de Renaud Camus – plus de 500 pages –, intitulé Du Sens. Il y tient des propos fort pertinents sur le journal, dont celui-ci : « Rien n’est exaspérant, et surtout fastidieux et vain, comme ces journaux intimes où l’auteur se présente infailliblement sous son meilleur jour, ne semble avoir que des vertus et paraît n’être jamais traversé que de sens, d’opinions, de pulsions, qui seront à la ronde approuvés sans réserve ».
Je ne crois pas m’être garanti entièrement contre cette présentation « photographique » (sous le meilleur jour ou profil) de ma personne : je m’en serai défendu, au moins, en qualifiant ces pages-ci de carnets. J’ai voulu (y suis-je parvenu ?) m’y tenir à bonne distance de l’ego envahissant, marque de notre éternel printemps de Narcisse. J’y suis aidé par la non-nécessité d’y rapporter mes moindres faits et gestes ou de m’accrocher à chacun de mes jours. Pourtant, je n’imagine pas Renaud Camus naïf au point d’oublier que celui qui se décrie lui-même, se présentant sous son jour le pire et se couvrant la tête des cendres de ses péchés et de ceux de ses ancêtres, procède négativement (au sens photographique) à un éloge forcené de lui-même.
Ce que je me vois confirmer en lisant Du sens, et que j’avais appris aussi bien à travers l’épisode de La Campagne de France et d’autres livres, c’est que cette forme de sincérité qui nous porte à dire nosvérités n’est pas recevable en ces temps de pensée de gendarmerie : « À la conception littéraire du sens, libérale, feuilletée et tout-enveloppante, s’est substituée une conception militante, univoque, impliquant la police et la propriété – la police parce que la propriété ».
12 / IX / 2002
# Rien ne sert de critiquer l’époque, les gens, les mœurs… Tout est frappé comme jamais auparavant de surdité, de cécité et d’une profonde imbécillité. Rien ne bougera venant de la source des paroles écrites. D’abord, qui sait lire encore ? Il n’y a plus qu’à rire. Les procès pour pensée divergente que l’on fait actuellement à un romancier qui n’a que l’habileté pour talent, n’est qu’une pitoyable parodie. Baudelaire, Flaubert avaient risqué un peu plus qu’une relaxe attendue, car la vertu, même hypocrite, avait alors des griffes et des dents. Haïr son temps reste pour l’artiste le fondement de la moralité personnelle et de l’honneur.
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# Je suis, en France, auteur natif clandestin. Je suis un-sans-papiers ! De cela, quoique durement, j’ai appris à rire.
Pour être vrai, on m’écrit des papiers dans des revues d’amateurs, de connaisseurs, dans les espaces éloignés des centres de visibilité. Je le dis pour rendre grâce. C’est cela, aujourd’hui, il faut savoir se rendre visible et l’être. Et si on l’est, quoi qu’on écrive, on est quelqu’un pour ses contemporains.
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# Cette délicieuse évocation du socialisme due à Marcel Aymé – cueillie dans sa nouvelle En arrière,reprise dans le numéro 31 de L’Atelier du Roman : « Que le socialisme s’acharne à appauvrir les pauvres, soit, puisque ça paraît leur faire plaisir, mais ce que nous ne pouvons plus tolérer, c’est qu’il empêche les riches de jouir de leur argent avec une bonne conscience et qu’il les oblige à pousser des soupirs fraternels »… Poussés vers 1948, ces soupirs nous fendent l’âme aujourd’hui encore.
22 / IX / 2002
# Les mauvaises lectures sont mes préférées. Elles le resteront. Le contre-courant est ce qu’il y a de plus amusant. Pourquoi nager dans la facilité, naviguer avec les vents dominants ? Je suis aujourd’hui dans les écrits de Jacques Laurent, qui n’était pas si bête, plutôt drôle et piquant, et que l’on fit académicien. Alors !
Que je souligne ainsi mon goût de fréquenter les « mal-pensants » indique peut-être que je ne me sens pas moi-même si mal-pensant que je le voudrais. C’est fort possible. Après tout, n’ai-je pas reçu une éducation religieuse stricte ? Enfin, qui sait qui il est et ce qu’il est ? Croyez-moi, je fais pourtant les plus grands efforts.
Ce dimanche, nous sommes attablés vers midi, avec Saber Mansouri, à la terrasse d’un café de Chablis. Derrière nous, conversation animée entre quatre buveurs d’apéritif :
« – Paillard… paillard ! – ça veut dire quoi ?
– Mon vieux, c’est quelque chose genre hard… un truc de cul, quoi ! ».
Le français tel qu’il s’explique et se parle.
30 / IX / 2002
# Que penser et dire de cette XXIIe livraison de mes carnets anciens à La Cause littéraire ?Ennuyeuse ? Un peu, c’est probable. Parce que répétitive ? Tout aussi probable. L’existence des hommes, les événements de l’actualité ne sont-ils pas répétitifs ? Et qui n’insiste pas pourrait, je crois, paraître manquer de constance ou de conviction. Au vrai, j’aime les commencements et la nouveauté, je l’ai dit ici ou là. Ma mémoire est follement sélective, elle garde bien les choses, mais peu de chose… De sorte que le même me surprend toujours comme s’il était de l’inédit, de l’imprévu. Cette impression dure un instant. Le temps de la coucher sur le papier, puis de déchanter. C’est un avantage. C’est aussi comme la batterie qui se recharge grâce à la dynamo du temps. Un mécanicien automobile, cependant, m’expliquait il y a peu qu’une batterie, si l’un des éléments qui la composent baisse soudain de tonus, de quelques volts seulement, vous laissera en plan. Vous ne pourrez faire redémarrer votre voiture si vous coupez le contact. Veillons sur nos batteries intérieures. Roulons, roulons sans nous arrêter.
Fin des Carnets d’un fou n°XXII
Michel Host
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