Capter l’indicible, Silvaine Arabo (par Parme Ceriset)
Capter l’indicible, Silvaine Arabo, éditions Rafael de Surtis, septembre 2021, 76 pages, 15 €
Ce recueil est une quête, une aventure exploratoire dont la visée est de déchiffrer en transparence la grande énigme du monde, « l’arcane mystérieux » qui se cache sous le voile des apparences, afin de « reconquérir en somme le privilège d’être ».
Cette mission s’inscrit dans la continuité de la spiritualité ancestrale, de « toutes ces mains filant le destin du silence / D’âge en âge / De blancheur en blancheur ».
L’auteure incite le lecteur à s’engager lui aussi sur ce chemin : « L’univers est en toi / Entends, ami, entends / Le chant suprême des Transparents ! ».
Pour l’accompagner, elle, poète, « Elle – tisseuse », l’aide à ouvrir « les vannes de l’indicible », à percevoir ce « grand souffle arrimé au métier transparent », ce « quelque chose en l’être qui se détend / qui vibre, enfin, dans l’univers du reflet ».
Elle lui délivre quelques indices, points de repères qui éclaireront son parcours : ainsi, il reconnaîtra
« le sombre marécage » au « silence absolu de ses colombes ».
Elle le rassure sur sa capacité à affronter toutes ces étapes, ces épreuves, en lui affirmant qu’il a déjà connu jadis cette sensation de nager « dans la lumière / Dans la jeunesse comme de grands cygnes blancs… ».
La poète en est certaine, l’entreprise sera victorieuse : « On grattera de nouveau / D’obscurs palimpsestes / À la nage dans la lumière / On saura ». Elle se fait ainsi messagère du « Souffle qui parle au souffle », « redonnant vie / À qui pensait mourir ».
Le cygne, incarnation vivante du signe, apparaît désormais dans son éclatante vérité – « Un grand cygne blanc dans le matin / Double les transparences » – chassant « l’impossible non », et accompagnant ce « réveil de l’épouvante » d’une grande joie d’être.
Cette Présence ainsi révélée est assimilée au printemps, « arbres en fleurs et promesse de fruits ! » (…), « les printemps vont frapper de porte en porte / Pour annoncer la bonne nouvelle ».
La certitude est de mise : « Je jure bien que la mort / N’est que constructions / Dans la tête » (…) « Fini des troncs secs ! / Mainte étincelle surgit / Pour éveiller les morts-vivants ».
En conclusion, le langage poétique de Silvaine Arabo, presque prophétique, est un étrange révélateur de l’indicible et de l’invisible. Il est aussi, toujours et avant tout, une ode à la beauté. Ainsi, ces vers magnifiques : « Dans l’air léger, le vent du soir / Les prairies bleues dessous la lune » (…), ou encore, « On dirait des morceaux de soleil / Concassés dans la brume haute… ».
La poète rend également hommage aux « voix jadis familières » perdues « en un abîme » et leur redonne vie en faisant « éclore – Vertige oublié – Le chant des Transparents ».
Parme Ceriset
Directrice des éditions Alcyone, Silvaine Arabo a publié de nombreux recueils de poèmes. Ses textes ont paru dans des revues françaises et étrangères, dans une dizaine d’anthologies. Elle a créé en 2001 la revue « de poésie, d’art et de réflexion », Saraswati. Et fut par ailleurs, pendant cinq ans, directrice littéraire des Editions de l’Atlantique. Elle conduit parallèlement un travail de plasticienne et a exposé ses toiles à Paris (Galeries du Marais, Orangerie du Sénat…), en province et à l’étranger (Chine, Japon) où elle a remporté plusieurs Prix d’honneur pour ses œuvres. Ses encres ont orné les recueils de nombreux poètes. Elle a également publié plusieurs livres d’art : dessins, collages, encres, photographies (Arbres, Fleurs, Bords de mer, Saisons…).
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