Canari, Duane Swierczynski
Canari, avril 2017, trad. anglais Sophie Aslanides, 408 pages, 22 €
Ecrivain(s): Duane Swierczynski Edition: Rivages
Serafina Holland, dite Sarie, étudiante particulièrement brillante, admise à suivre le cursus des « honors students » à la faculté de lettres de Philadelphie, est aussi une belle jeune femme, longiligne et bronzée de type mexicain. Pour son père, Kevin, addictologue, elle est une enfant remarquable, sortant assez peu, ne buvant pas, ne fumant pas, ne se droguant pas, un modèle pour son jeune frère Marty et un soutien pour la famille. Sarie a perdu sa mère, Laura. Elle y pense souvent et a hérité de sa Civic au volant de laquelle elle se déplace dans Philadelphie. Au cours d’une soirée précédant la fête de Thanksgiving, elle va cependant commettre l’irréparable : boire une gorgée de bière et aspirer une bouffée de « joint ». Et, il n’en faudra pas plus à notre étudiante exemplaire pour transgresser ses codes et accepter nuitamment d’emmener « D. », pour qui cette jeune femme pratiquement sobre est une aubaine, à un mystérieux rendez-vous.
La ligne jaune est franchie, les règles de conduite bafouées, le destin de notre Sarie va basculer. Alors que son passager s’enfuit laissant son blouson dans le véhicule, elle se fait arrêter par la police qui découvre dans un sac dans le vêtement de son « ami » de l’oxycodone, des Mollies, de la suboxone. Comment ne s’est-elle pas rendu compte qu’elle transportait un dealer ? Pourquoi ne va-t-elle rien vouloir dire de sa soirée au sergent Wildey, obsédé par la lutte contre le trafic de drogue qui va lui mettre un drôle de marché en main ? Soit elle dénonce son passager qui s’est enfui, soit elle devient un indic, une balance, une donneuse, un « canari » ! Ou en terme plus élégant, côté police, une exfiltrée sur le marché de la dope de Philadelphie pour faire tomber le redoutable « Chuckie Morphine ». Comment va-t-elle se sortir de cette situation inextricable sans trahir son code de l’honneur ?
C’est un roman policier au goût de comédie que nous livre Duane Swierczynski. La construction en est particulièrement brillante. L’auteur rompt la linéarité du récit en faisant intervenir le frère de son héroïne, son père, mais surtout en nous donnant à lire les pages de son cahier intime adressé à la mère disparue. L’ensemble est brillant et se termine sur un rythme particulièrement haletant servi par une écriture très tendue.
Jean-Jacques Bretou
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