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C, Tom McCarthy

Ecrit par Yann Suty 09.10.12 dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, L'Olivier (Seuil), Recensions, Roman, USA

C (C), trad. de l’anglais par Thierry Decottignies, 23 août 2012, 430 p. 24 €

Ecrivain(s): Tom McCarthy Edition: L'Olivier (Seuil)

C, Tom McCarthy

 

La quatrième de couverture de C, le nouveau roman de Tom McCarthy, est alléchante au possible :

« Qu’est-ce que C ?

C comme Serge Carrefax. Comme le cyanure avec lequel se suicide Sophie, sa sœur bien-aimée. Comme la cocaïne dont il abuse.

Mais aussi C comme communication. Car Serge, né au début du XXe siècle, en même temps que la télégraphie sans fil, et élevé dans un institut pour sourds, est plongé depuis sa naissance dans un monde étrange et poétique de signaux qu’il ne peut déchiffrer.

Lorsque la guerre de 1914 éclate, c’est la fin de l’idylle. Opérateur radio à bord d’un aéroplane, capturé puis interné en Allemagne, toujours à la recherche de la voix perdue des morts, il participe à l’expédition de Lord Carnavon, l’égyptologue qui, pour avoir violé la tombe de Toutankhamon, mourut, dit-on, de la « malédiction du pharaon ».

Quel programme en perspective ! Une épopée pleine d’énigmes et de rebondissements, qui ausculte la première partie du XXe siècle, avec pour fil conducteur cette mystérieuse lettre « C ». Tom McCarthy va en quelque sorte nous remaker V de Thomas Pynchon avec un « C » à la place du « V ».

Le début de lecture est perturbant. On recherche partout ce « C », comme s’il y avait un message codé derrière chaque mot. On est à l’affût. C’est impressionnant le nombre de mots qui commencent par la lettre C. L’auteur fait-il exprès ou est-ce normal ?

Mais, mais, mais… Le soufflet retombe vite. Tom McCarthy n’est pas Thomas Pynchon. Il n’en a pas l’érudition, pas la maîtrise, il n’en a surtout pas le talent (ce dont on ne peut pas vraiment lui tenir rigueur, qui pourrait se targuer d’arriver à la cheville du maître ?).

Le style est poussif et ampoulé. Tom McCarthy rajoute toujours le mot de trop, la phrase de trop, le paragraphe de trop, et bientôt la page de trop. On se demande, mais pourquoi cette scène, à quoi sert-elle ? Et on n’obtiendra pas la réponse…

On a l’impression que l’auteur essaye d’impressionner le lecteur, il joue les érudits, les singes savants, mais ce qu’il réussit à faire, c’est un kouglof indigeste, où c’est vite l’ennui qui triomphe.

Et quant à cette énigme du C, elle fait pschiiiittt comme disait l’autre. Où est passé ce qu’annonçait la quatrième de couverture ? Serait-elle mensongère ? Qui l’a rédigée ? Un fan de Thomas Pynchon qui a fantasmé un peu trop fort ? Ou bien, y a-t-il un message caché quelque part que le lecteur lambda ne peut découvrir faute d’intelligence, de culture ? Faut-il se plonger dans le texte, chercher entre les lignes, interpréter et peut-être qu’au final un sens apparaîtra ?

C = Ctrl + C de V. Mais la copie est loin d’être à la hauteur…

Bref, Tom McCarthy réalise le tour de force d’avoir une quatrième de couverture qui surpasse son livre. Mais ce n’était peut-être même pas lui qui l’a écrite.

 

Yann Suty


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A propos de l'écrivain

Tom McCarthy

 

Né en 1969, ancien étudiant d’Oxford, Tom McCarthy est l’auteur de Et ce sont les chats qui tombèrent et d’un livre sur Hergé. C a figuré dans la sélection du Man Booker Prize en 2010. Tom McCarthy est fondateur de l’avant-gardiste Société des Nécronautes.

 

A propos du rédacteur

Yann Suty

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Yann Suty est écrivain, il a publié Cubes (2009) et Les Champs de Paris (2011), chez Stock