Branlebalivernes, Par Hans Limon
Le solœil était braque et la brume était rose
Malabar saliveux. Sous un ciel de pécrose
une junge Frau doigtait par le feuillu
quelques frisquas d’emphase avec un air crouillu.
Ad libitum l’infâme et les granfants d’abord
mêlaient par monts-et-veaux le deuil du tarbabord
ensuite aux cauchements du frisson fermoulu.
C’était un brocarnage au décours invoulu
d’où les blachats de la paléopolitique
semblaient sourdre de poudre en glimpsant l’écliptique.
La môme prophétesse enfifloutait ses yeux
d’un contrejour hagard sous dypnose épandieux.
Son trait pressa si fort qu’on vit du bas fulmir
un malfragonarchange afrusqué comme émir.
« Vlatipa Gabriel je me deutéronome,
pour te servir la messe ou te pulser le gnome !
J’ai brisé par mépris ma planche de salut,
alors je sommeillais plus ferme qu’un talus.
Ton index a tâté ma septième vertèbre.
Sur ma foi ! Ta conscience est un bien triste zèbre !
Je l’ai sentie rayer le parquet de ma nuit !
Pourquoi tant d’amertume et comment tant de bruit ? »
La Messite au babil fut prise de morbleur.
« Oh ! je te reconnais, trombiblique branleur !
C’est de ta faute enfin si le monde a splitté !
Et celle du Seigneur, en toute probité ! »
Vlatipa déplia sa vrape de genèse
et fit clasher son aile aux puits de l’anamnèse.
« Parle-moi bien, déjà » Tu es trop jeune encore
pour souiller Sa lumière et cribler mon phosphore !
Tu sauras très bientôt que si Rome a coulé,
Mexico culbuté, Washington dévalé,
si la grive a souffert et le givre fondu,
si l’ozone a vomi et l’atome mordu,
si l’Enfer a trouvé la Nature à son goût,
si l’océan n’est plus qu’un putride ragoût,
c’est à cause de toi, c’est à cause de lui,
c’est à cause de vous si le miracle a fui ! »
Le jeunotte ne put contrebrandir sa larme.
« Dis-moi ce que fut l’Œuvre avant le grand vacarme
et sur ton pied léger je tracerai mes songes !
Dis-moi ce que fut l’homme avant tous ses mensonges ! »
Le vautourniquoteur acclusa la requête.
« Voici de la bamboche une fruste maquette :
il fut un temps, pourtant, où les cyprès nimbés
murmuraient au Levant de graves alphabets,
où les rais de l’azur fécondaient les abysses,
où la paume innocente ignorait les sévices,
où la mère était mère et l’amour oblatif,
où la cime était blanche et le gouffre chétif,
où les pleutres serpents dormaient sous les talons,
où les poétereaux pressaient leurs violons
sous les balcons fleuris de l’aube élémentaire,
où la subtile dague et le lourd cimeterre
ne servaient qu’à tailler le Chêne de Mambré,
où la couleur à l’ombre infligeait sa morsure
et se gorgeait de grâce au fur et à mesure,
où chaque nouveau jour était un jour de fête,
où la bouche du vent n’enflammait la trompette
que pour solenniser les noces de l’inouï,
où le profit perdu n’avait guère réduit
la bête à la disette et l’homme à l’esclavage,
où la fraternité promenait son corsage
à fleur d’égalité, sous un jour symétrique.
Il fut un temps, pourtant, où l’homme était pudique ».
À ce récit froissé, la fifille alunaire
avala son velours calvalétudinaire.
« Et qu’a-t-on fait de l’aube ? Et que s’est-il passé ? »
Les nuptiles tendrons n’en ont jamais assez.
« L’homme a fait du serpent son plus gros bracelet.
Le libre arbitre a pris un bon coup de balai.
Voici mon pied léger. Dessine-moi Sa purge.
Dépêche-toi. J’ai la taupe au guichet. Ça urge ».
Hans Limon
Illustration : Jérôme Bosch, Le Chariot de Foin, 1500-02
Le Caravage, Annonciation, 1608
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