Biographie littéraire, Juan Arabia
Tu n’étais rien qu’un fou, chancelant dans d’obscures eaux anciennes,
une sensation occidentale, chargée de pauvreté occidentale
Provence occitane…
À jamais né, à jamais oublié,
clair comme le reste humide de ton existence.
Mais quand les eaux se sont mises à monter, et ces poissons qui semblaient morts,
à battre des nageoires comme des couleuvres aux champs,
les premiers à sourire furent ceux-là qui chargeaient les plus lourdes pièces
baignées de soleil
ceux qui poussaient et protégeaient la première charge.
Depuis qu’on a permis aux uns de s’éloigner, aux autres de s’approcher.
Si les récoltes se sont vues données par quelques mains serviles.
Ou si le premier empoisonnement a généré deux camps :
ici s’imposent les mites de soie sur la lune,
et il ne nous reste plus qu’à attendre, là où s’égarent les barques.
Juan Arabia (traduit de l'espagnol (Argentine) par Joseph Soletier)
Juan Arabia, argentin (né en 1983) est traducteur, critique littéraire et poète. Diplômé de la Faculté de Sciences Sociales de l’Université de Buenos Aires, il est actuellement Directeur de la maison d’édition et de la revue « Buenos Aires Poetry ». En 2018, il était le poète représentatif de l’Argentine au Festival Voix Vives 2018 (Sète, Musée Paul Valery). Il a traduit des livres d’Arthur Rimbaud (Vers nouveaux et chansons) et d’Ezra Pound (Lustra, Exultations, Cathay), entre autres. Sur son œuvre poétique, des critiques comme Marc Wetzel ont écrit : « Des grands poètes (et en voici un, jeune et redoutablement vif), on ne sait pas quoi attendre, car ils assistent, comme nous, leurs lecteurs, à l’incessant engendrement mutuel de leurs images et de leurs idées. L’élégance, la maîtrise, l’ironie – toutes trois bien présentes – n’y changent rien : leur voix avance sauvagement, s’empare de tout ce qu’elle comprend, scande ses thèmes, se nourrit de son propre déferlement. C’est comme un torrent de vie : personne ne demande où il veut en venir, mais nous savons qu’on le retrouvera toujours plus loin, creusant les pentes, sautant les méandres, oubliant sa source plus vite encore que le feu et le vent les leurs. L’impétuosité est telle que même chez les grands poètes conservateurs (Valéry, Claudel, Péguy), la voix est anarchiste (elle ne commande rien à la pensée qui l’anime). Alors, quand (avec Juan Arabia) l’homme poète est lui-même un anarchiste ». L’océan est avare est son premier recueil en français (traduit par Jean Portante, Al Manar Editions, Neuilly, France, 2018), Lauréats Prix 2019 de la revue NUNC (Marché de la poésie (Paris, Place Saint-Sulpice).
Poète, romancier et traducteur, Joseph Soletier est né le 26 août 1986 à Laon en France. Il est l’auteur de poèmes, de nouvelles et d’un roman autobiographique, La Théorie des signatures, publié en 2019 aux Éditions du Rocher, récit fantomatique d’une enfance partagée entre dérives sectaires et amour de la nature ; ainsi que de nombreuses traductions poétiques du roumain, publiées en volumes chez divers éditeurs sous le nom de Benoît-Joseph Courvoisier. Son deuxième roman, inédit, mêle son goût pour l’histoire, en l’occurrence médiévale, et la peinture.
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