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Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres le 12.11.24 dans La Une CED, Les Chroniques, Anthologie, Les Livres

Ainsi parlait Mihai Eminescu, éditions Arfuyen, septembre 2024, Dits et Maximes de vie, trad. roumain, Nicolas Cavaillès, 174 pages, 14 €

Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès (par Didier Ayres)

 

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Je ne crois pas que l’on puisse cataloguer la poésie de Mihai Eminescu de poésie purement lyrique, même si elle est hantée par une musique personnelle, un style, un bruissement intérieur, sorte de musique vocale dénuée de pathos, orientée décidément vers une intellection (intellection qui ne bannit pas l’émotion). Je dirais même que cette réunion de textes de l’auteur de langue roumaine pourrait se tenir entière sous un néologisme : une philo-poésie. Car ses poèmes apprennent à penser. Une esthétique qui n’a pas peur de la réflexion, une esthétique qui pense, qui se pense comme une esthétique.

Nous sommes d’ailleurs à dire vrai, davantage dans l’art que dans la littérature (ce que je préfère). Il me semble que celui-là est plus fort que celle-ci. De ce fait, il faut tout sacrifier ici à l’art, penser, écouter, étudier, approfondir, comprendre où se loge le génie.

La vérité fait mal ; rien ne fait aussi mal qu’elle.

D’autre part et par conséquent, l’écrivain s’échine à décrire des positions abstraites, à traquer la vérité. Il désigne les attributs allégoriques et émotionnels d’une pensée qui n’a rien de didactique, de scolaire, mais qui cherche une objectivité, celle d’une introspection spirituelle. Le poète cherche la profondeur, se méfie des allusions et des résolutions légères d’une forme de littérature qui ne s’apparenterait pas au secret intérieur. En somme, il examine et exprime sa foi dans la poésie, la Poésie.

Ils jugent plutôt d’après leur œil que d’après leur bon sens. Les gens ont tous les yeux ouverts, mais peu d’entre eux ont l’esprit droit.

Le poète ne sombre pas dans l’égo, mais semble plutôt chasser dans les territoires de l’axiologie ; il ne considère l’être que par sa faculté morale. Cela sans avoir peur de la philosophie, philosophie spiritualiste, idéaliste. Il croit dans la capacité d’agrandissement des espaces mentaux de l’être humain, aux effets de la volonté, aux efforts de la personne humaine. Il désigne le mystère, et nous ramène à la Grotte platonicienne, relation à l’ombre, ainsi qu’au rôle du poète dans la République.

Art, politique, vérité, clarté, une expression susceptible de dessiner une âme au travail. Donc, la terrible question du langage : le langage doit-il abandonner sa forme au détriment de sa signification ? L’art littéraire est-il un mensonge ? Est-il capable d’ouvrir les yeux, ses propres yeux et ceux des lecteurs ? Bref, qu’en est-il d’écrire ?

 

Didier Ayres



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A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

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Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.