Ah ! Ça ira !
Ce soir les éclopés, les ploucs, les prolétaires,
La lie, les va-nu-pieds, la boue, les culs-terreux,
Les gueux, les affamés, les flous, les ténébreux,
Désertent les clapiers, les égouts, les tanières.
Au glas turbulent des beffrois
Les rebuts jouent les rabat-joie
Dans les tours trépidant d’effroi
Le bourdon bat chez les bourgeois
Digues rompues, ils ruent leurs hordes faméliques
Dans les heureuses rues, sur les pavés ventrus,
Et la juste rumeur de ces meutes d’intrus
Donne aux cliques repues d’horrifiques coliques.
Au glas menaçant des beffrois
Les rebuts jouent les rabat-joie
Dans les tours trépidant d’effroi
C’est bientôt la fête aux bourgeois
Les nantis vont payer pour la désespérance
Qui lancine aux boyaux des miséreux spoliés
Par leurs ongles crochus. Oh ! Joie ! Voir les rentiers
Couiner tout nus, serrant leur bourse sous leur panse !
Au glas triomphant des beffrois
Les rebuts jouent les rabat-joie
Dans les tours trépidant d’effroi
On tranche la tête aux bourgeois
Patryck Froissart
(Extrait du recueil La divine mascarade, Ed. Ipagination, février 2015)
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