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À propos de Je voulais vous dire d’Armand Gatti, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres le 16.02.18 dans La Une CED, Les Chroniques

Je voulais vous dire d’Armand Gatti, illust. Emmanuelle Amann, éd. Aencrages&co, décembre 2017, 48 pages, 21 €

À propos de Je voulais vous dire d’Armand Gatti, par Didier Ayres

Une poésie comme acte

Comme je ne peux consacrer que quelques lignes au sujet du dernier livre d’Armand Gatti, j’irai à l’essentiel. Je dirai donc que nous sommes à la fois au sein d’une poésie physique, une poésie du corps, et de poèmes engagés. Et tout s’allie très bien grâce à une écriture très pure, sans scories, fraîche. On devine la relation physique avec une amante non nommée, mais qui entraîne en quelque sorte une relation politique, une nomination poétique, teintée d’érotisme où le corps est aussi un instrument politique.

 

Je ne vous ai appelé que pour le combat

et pour la peine. Mais cette fois

c’est la fête aussi sûre que l’orge imperlé

et le contact des doigts

Ce livre, qui n’est pas paginé, est illustré par des bois gravés qui disent beaucoup du texte du poète, à la fois de sa métaphysique et du caractère corporel de l’œuvre. Pour preuve, la couverture où l’on voit, où l’on devine l’ombre portée d’un visage humain mais habité par les ailes d’un oiseau, sans doute une sterne, un oiseau marin. Dans une autre gravure, on voit l’importance graphique et chromatique de l’empreinte et de la trace, traitées de façon un peu expressionniste, qui est une question, semble-t-il, posée au cœur de l’ouvrage.

 

(Il fallait trouver des mots sans spécialisation

pour assouvir sa faim

et un corps vacant

pour qu’il put s’y loger)

 

Malgré le peu de temps que je peux consacrer à l’écriture de cette chronique, il faut quand même noter l’importance de Paris, de ses rues, de ses quartiers, et peut-être avoir en tête le Paris de La Jetée de Chris Marker, d’où l’on connaît l’épouse d’Armand Gatti, Hélène Châtelain, qui tenait le rôle principal du film. Est-ce la recherche d’un paradis perdu où corps et âme résoudraient le dilemme de la poésie ? Où la poésie ordonne une sorte de désordre habile et concerté ? Il y a sans doute aussi une relation aux Feuillets d’Hypnos dans ce rapport que l’on pressent d’Armand Gatti avec la Résistance, le combat et la vie.

Ils n’avaient pas vécu

pour mourir

dans la mémoire des hommes

mais dans leur devenir

 

En dernier lieu et pour conclure sur ce petit recueil, j’ajouterai que je suis certain que la poésie est du régime hivernal, qu’elle se tient toute entière dans l’exploration du blanc et du rien, dans l’expression du dénudé et de l’absence. Et j’ai reconnu cette même préoccupation dans la poésie de Gatti, qui reste quand même un acte, un acte esthétique et corporel qui réjouit le lecteur dans son poème et lui permet d’explorer une façon d’utopie littéraire.

 

Didier Ayres


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A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

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Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.