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A mon père (1) - Peut-être te disais-tu, par Emmanuel Levine

30.08.17 dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

A mon père (1) -  Peut-être te disais-tu, par Emmanuel Levine

 

L’écriture économe et le rythme lent donnent au poème le ton d’une berceuse funèbre, adressée au lecteur et au défunt. De vieux mots juifs dérangent et complètent une langue ordinaire, pour raconter l’expérience d’un endeuillé, excaver ses souvenirs et ses mots. Toute une archéologie commence, qui cherche à les restaurer, pour abandonner nos passions tristes.


E.L.


PEUT-ÊTRE TE DISAIS-TU

 

Les clous du soir

tombaient sur tes jours.

Tes paupières fermaient boutique,

mais nous voulions marchander,

tout occupés d’encore un peu,

 

brocantant le drame de ton corps.

 

Toi seul voyais les paniers de l’ombre

couler en toi.

 

Tout sentait les dimanches

les débuts de la fin d’un été,

l’avant-veille de grandes vacances.

 

Entre nous le fil du temps défaisait sa toile,

l’incessance même du temps est en train de passer.

 

Tu voulais contre toi nous serrer,

dans tes longs bras minces

tout contre toi

nous serrer.

 

Alors,

entre nos joues alarmées,

s’ouvrait l’aveu d’un petit chemin de partance

où coule à présent

un petit lit de pierres bleues.

 

Emmanuel Levine

 


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