À celles, par Charles Orlac
À celle qui
Verse l’eau fertile sur les sables de la nuit
Qui barre la route aux vaines encyclopédies
À celle des
Restanques lézardées sous l’effort de mémoire
Celles des
Villages perchés jeunes filles ou grand-mères loquaces
Leurs collines en marche vers des golfes rutilants
À celle des
Oiseaux prénommés de couleurs
Des ravines calcinées et leur bouche plus grave
Celle des
Portraits d’anonymes sous la plume désennuyée
Quand la pensée en panne se cherche un vocabulaire
Celle qui
Souligne les crêtes arpégées d’une glorieuse brume
À celle des
Parapluies emmurés qui désamorcent les malheurs
Qui rapatrie dans leur brousse
Les taxis aux cœurs embouteillés
Celle qui
Rive les ciels nocturnes de réverbères-pleines lunes
Pour tous les mécréants qui craignent
Un jour de les voir s’écraser
À celle des
Abris-bus aux sans-abris parasités de matins clairs
Parasités du luxe de l’espoir
À celle qui
Revêt le vent de pardons jaunissants
Quand sous la porte il glisse paupières mi-closes
Celle qui
Garde-barrière se soulève
Quand passent les soleils couchants
À celle des
Volontés puissantes, des barrages défiant les montagnes
Celle des
Garrigues hiérarchisant les parfums les heures
Celle des
Après-midis incendiés de crépitements d’insectes
À celle qui
Écosse les jours et les délie de leur fil spatio-temporel
Celle des
Balustrades-belvédères où s’arrête la parole
Où le regard vient à nouveau tout unifier tout simplifier
Pour mieux partager l’éternité ainsi retrouvée
À celle qui
Coule l’horloge de cire dans nos cerveaux flottants
Charles Orlac
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