52.dimanche (XXV)
l’absence
c’est parmi mes lectures de cette semaine que j’ai trouvé le thème de la lettre d’aujourd’hui
d’ailleurs, il y a longtemps que je suis intéressé par la théologie négative, c’est-à-dire, par la complexité aristotélicienne de la chose créée, comme cette fameuse statue sortie du bloc de marbre qui doit sa forme à ce qu’il lui a été retiré
donc, l’absence
dans un sens large, ce qui manque, ce qui manque par exemple dans la crise d’angoisse ou dans le surcroît émotif de l’alacrité
dans un sens strict, la chose qui est négative, l’énigme de vivre, la mort
ou encore, l’absent, celui qui fait et qui recense tout, l’omniscient en même temps que l’inconnu, l’hôte, ce qui peut advenir, le non-présent
on voit que cette absence est une plasticité, car ce qui manque est innombrable et sans calcul, et en un sens infini
je vais essayer d’expliquer avec un exemple concret : le corps de la bâtisse que j’aperçois depuis la fenêtre, existe-t-il alors que je ne le regarde pas ?
et cette ruelle qui fait le carrefour, n’est-elle pas plus qu’une manifestation symbolique, comme le lieu sans lieu des japonais ?
laissez-moi ce suspens
permettez-moi aussi de dire quelques derniers mots sur l’absence et l’écriture
tout d’abord, en regardant deux choses, celui à qui écrire, le lecteur lequel est, par essence, évasif, une personne et un tiers différé, et par ailleurs le message lui-même qui s’emploie à créer l’autre dans l’absent
ou encore, l’écriture et les mots écrits qui sont une ombre portée sur le réel, comme un manteau, comme une robe d’encre (sachant que cette enveloppe se restitue à son propre mouvement dans le caractère expressif des hésitations et des travaux)
absence, la vacuité, rien, l’effacement
Didier Ayres
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