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52.dimanche (XXIV)

Ecrit par Didier Ayres 06.07.13 dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

52.dimanche (XXIV)

 

fabrication

pourquoi ce mot ?

car je conçois l’écriture de cette page, tout autant que le reste de mes activités d’écriture, comme un métier d’écrire (ainsi qu’il y a un « métier de vivre »)

donc, écrire est une fabrication, un laboratoire ambulant, un exercice, une pliure, un rapport avec le brouillon, l’encre, la macula, comme la musique, d’ailleurs, qui agit avec des choses flottantes et qui, cependant, se fonde dans le silence des matières

il y a donc une part d’obscurité dans cette puissance que l’on porte en soi, force de la « technè » platonicienne, si je peux dire

cette opération dont je parle, l’affaire de l’écrivain, est suspendue à la fois à des techniques et à du recul, sans que l’on puisse se départir d’une certaine froideur pour ce que l’on écrit, alors qu’en même temps, il faut évoluer dans une demi-pénombre, celle des recherches intérieures, richesses dont l’exploration coûte une vie

tout ce que je dis est très banal, mais c’est ce premier mot de fabrication qui conduit cette page, et je suis moi-même, comme elle, tendu vers l’extériorité de la technique, et je ne peux mieux écrire sur cette tâche qu’en décrivant la banalité de la ligne d’écriture – qui comptait tant pour nos anciens maîtres d’écoles où, pour ma part, j’étais toujours tributaire de la plume et de l’encrier

néanmoins, il ne faut pas trop de matière, et l’équilibre est difficile parfois

je veux dire que fabriquer est la part la plus invisible de ce qui revient au lecteur, si l’on ne poursuit pas le but de montrer le chantier de l’écriture – idée historique

il faut donc s’accommoder de l’imperfection, des dégâts imprévisibles d’une citation, du mystère aussi des formules

tous les arts ont leurs basses œuvres et il ne reste que la consolation d’une impossible issue comme viatique

je vous remercie encore une fois, et je suis désolé pour le désordre bien involontaire de ces lignes, mais je suis légèrement souffrant et bien peu habile aujourd’hui

 

Didier Ayres


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A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

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Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.