52.dimanche (XVII)
le dimanche 22 avril 2012
politique/poétique
la position esthétique, qui est aussi un moment éthique, n’est pas indifférente à la cité et à la vie de la cité
disons que la couleur d’une lampe par exemple, pour un poète, est rouge comme le sang, ou jaune soleil, ou vert-de-gris, et cette couleur n’est pas sans conséquence sur l’univers immédiat et les interattractions probables avec le milieu où le poète se trouve
sachant que glisser sur cette couleur, parfois bleue comme celle des républicains en notre révolution de 89, rouge cerise ou blanche comme l’hermine, c’est déjà une poétique, un afflux de significations, que la simple lampe ornée d’un drapeau est tout de suite plus épaisse, et en ce sens politique, dirais-je
mais, je suis peut-être trop vague, et il faudrait peut-être mieux parler du pouvoir
à ce sujet, le Kagemusha de Kurosawa est une bonne allégorie
ainsi, le simple paysan, qui devient la doublure d’un prince par une ressemblance surprenante, joue à merveille le rôle de chef et parfois de chef de guerre
ce prince n’étant rien sans l’armature régalienne de sa chevelure, de son vêtement de samouraï, ou dans les menus détails sacrés de l’heure du thé, ou encore par l’éventail royal qu’il porte en compagnie de ses gens, donne un sens, par lui-même, à son action
je suis assez peu preneur de machiavel au sujet du prince
je crois qu’écrire est une manière d’agir par incidence, d’espèce noble à mon avis, et que viennent là, toutes les utopies, tous les éléments poétiques à la solde de l’idéal, qui peuvent, en ce jour d’élection, prouver que le poète n’est pas qu’une image
c’est le simple portrait de soi dans l’ombre d’un guerrier – et cela me va très bien tout enivré par le parfum des lilas que nous avons cueillis hier
bien à vous tous
Didier Ayres
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