52.dimanche (X)
dimanche 4 mars
la schize
pardonnez-moi tout d’abord de m’avancer à écrire cette épître en étant si peu renseigné sur Jacques Lacan, et de n’utiliser le néologisme dont est fait le titre, que parce que son étymologie grecque me va
car, fendre, séparer, c’est une belle entrée en matière pour décrire cela à quoi je m’applique
l’écriture est une sorte de doublure, un monde abstrait qui habite l’intérieur du monde, comme un vêtement
donc, plier, arc-bouter, tendre en soi le réel
donc, fendre, séparer, dissocier qui sont des actes en quoi conduit l’écriture
je dirai que c’est une question à la fois spéculaire et spéculative, car le caractère séparé de l’image de soi dans l’activité de l’écriture, est bien une fêlure qu’écrire organise
il n’y a pas dans cette schize qu’une impression de coupure, mais aussi une épithète qui dit les deux côtés de la chose coupée, la page écrite et ce qu’elle suppose
modestement nous dirons qu’il s’agit d’un détachement, d’une décollation, d’un moment en surplomb
c’est donc que l’activité de l’écriture déplace le centre de gravité des occupations contingentes, vers un moment en acmé, une espèce de « crise » en quoi tient ce que nous appelons écrire
je ne sais pas pourquoi je suis pris dans cette description intérieure, ou tentant de m’en approcher, sinon pour me conduire vers quelque chose ; mais, qui sait ?
la peinture est, elle aussi, une affaire de schize – par exemple au sens propre avec la lacération de la toile de lucio fontana
elle fait état, elle aussi, du dédoublement entre l’objet peint et l’objet non peint
force inouïe de la performation des arts
Didier Ayres
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