52.dimanche (LII et FIN)
dimanche 23 décembre 2012
façonner
et puisque je suis à cette lettre une dernière fois – avant une sorte de postface que je livrerai la semaine prochaine –, j’aimerais dire quelques mots sur le façonnage
oui, cette sorte de taille qui produit le vêtement du langage, sa capuche
c’est façonné
et en un sens, le mystère est là – comme reste pour l’essentiel le mystère de la croissance, l’action de croître, qui est une activité qui trouve sa raison d’être dans le monde spirituel mais qui ne se comprend pas et qui, restant un fait objectif, garde cependant son énigme
et c’est un travail exigeant et dur, autant parce qu’il ne faut retrancher que ce qu’il faut pour rendre le satiné d’une phrase ou son grain par exemple, épurer et chercher l’idée
c’est peut-être cela, façonner, grâce à la littérature, une sorte de chasuble, comme si cette robe grise du ciel de ce matin pouvait se dédoubler en un mime de langage – ce qui est un espoir sans doute
faire un habit
on me pardonnera la manière un peu courte de ce dimanche, ce n’est pas un manque de gravité, mais plutôt le sentiment net de l’année 2012 qui vient de s’écouler et qui s’ébroue comme le cheval du temps tout entier poursuivi par sa propre fin, comme des fins sans cesse différées, promises, venues puis disparues pour revenir et hanter les heures
Didier Ayres
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