52.dimanche (IX)
ce dimanche 26 février
la coupure
je cherchais aujourd’hui à explorer, à regarder d’un peu près ce qu’est le désir d’écrire, et j’ai trouvé ce mot : la coupure
oui, le désir et son aspect en arrêt devant l’objet consommé, comme une page est « brûlée » en quelque sorte par l’encre qu’elle reçoit
et comme je dis brûlure, désir et brûlure, il est logique de penser à la coupure, à ce que fait le coupant de la page dans le continuum du réel
de cette façon, l’impression d’une maison de papier – comme j’ai parfois aussi des impressions de sommeil, ou de maisons de langue – fait un îlot, une coupure dans l’étoffe de la journée
comme un intervalle entre ce qui est écrit et ce qui est
évidemment la tâche est difficile pour moi, car ce qui fait la référence, intériorisée et profonde, jouit d’une réalité confuse et difficile d’accès et ce qui est disjoint, se donne, seul, pour réel, lequel n’a pas de nature véritable sinon une action effective
le corps dans cette proposition, est attaché, ici, aux fleurs de la fenêtre, à la nature morte des fruits qui sont dans le compotier, quelque chose comme Lubin Baugin – peinture qui parle d’abord de spiritualité, puis de petits poissons séchés parfois –, assemble une réflexion immatérielle, une vision et une page
ce corps est quelque chose qui est interrompu par cet effleurement de la réalité, et pour rendre mieux, par exemple, la qualité musicale du langage, je me guide vers moi-même et en quelque sorte je passe en la compagnie de ce travail d’aujourd’hui, à ne décrire que l’en-tête de l’épître de ce jour
que dire de plus ?
une grande alacrité, ce moment qui, ce moment réuni et assemblé
Didier Ayres
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