52.dimanche (XLII)
les espaces communicants
la réalité ? je crois qu’il y a tellement de porosité dans la réalité, tellement de discours véhiculés par le temps dans cette réalité, que l’on peut dire qu’elle n’est pas homogène
mais plutôt qu’il y a une coupure, une épissure, un endroit de frottement
c’est ce qui me pousse à vous écrire sur la question des espaces communicants
je mettrais deux chambres côte à côte
dans la première, les formules du discours, les images et leur caractère de représentation, tout ce qui tend à la partie abstraite de soi, sans chair
dans la seconde, cette chambre où je suis – car le bureau était anciennement une chambre à coucher – qui n’existe que dans la mesure où elle devient tangible justement parce que la langue, le langage, écrire, la rend présente, c’est le bureau presque noir, dans cette lumière des orages d’octobre, simplement touché par les couleurs jade et vert anglais du camélia
si on réfléchit, la première chambre non plus ne peut exister indépendamment de ce qui lui fait un espace de représentation, donc cette ancienne pièce devenue un bureau
mais la chambre des idées, la chambre en quoi tout communique, est celle qui fait la compagnie de cette épitre
chambre poreuse, qui tremble et qui subit la tournure de la vraie chambre – le bureau – en quoi elle se décalque
un espace de signification
voilà, cela définit un espace de signification
donc, il s’agit d’incarnation et de nudité
merci encore à vous tous
Didier Ayres
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