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Loupo, Jacques-Olivier Bosco

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 07 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, Jigal

Loupo, septembre 2013, 200 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Jacques-Olivier Bosco Edition: Jigal

 

Il y a du Jacques-Olivier Bosco dans le personnage de Loupo, à moins que ce ne soit l’inverse. Inutile de chercher dans la biographie de l’auteur des points communs avec le parcours chaotique du héros de son dernier polar. Non, l’identification que l’on flaire à chaque page du roman ne passe ni par les origines, ni par l’enfance abandonnée, ni par un CV de bandit spécialisé dans les braquages… Si Bosco est Loupo, ou l’inverse, c’est par la sensibilité exacerbée, par l’incapacité à guérir les bleus à l’âme infligés par les injustices, par la recherche perpétuelle d’un refuge salvateur dans l’amitié virile, le credo dans des valeurs humaines qui se dressent comme autant de remparts face à la désespérance, la jouissance dans l’amour qui donne encore envie d’y croire et de s’accrocher à l’existence. Écorchés, à vif, l’un et l’autre. Parfois désabusés, mais jamais cyniques. La rage en partage, mais aussi et surtout la tendresse.

Loupo, c’est un ancien môme de l’Assistance Publique d’Évry, comme son pote Kangou, le frappé des gros cubes. « Deux loups solitaires et méfiants », 25 piges chacun et déjà à leur actif pas mal de braquages de postes et de banques sur Paris et sa banlieue et qui bénéficient des tuyaux de Le Chat, leur « prospect », au parfum des mouvements de fonds et des sécurités mises en place. Les motos volées et trafiquées pour Kangou, les décisions et les flingues pour Loupo.

L'île invisible, Francisco Suniaga

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 11 Septembre 2013. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Asphalte éditions, Roman

L’île invisible, traduit de l’espagnol par Marta Martínez Valls, 12 septembre 2013, 248 pages, 21 € . Ecrivain(s): Francisco Suniaga Edition: Asphalte éditions

 

Margarita est une petite île vénézuélienne, surnommée « la perle des Caraïbes » pour ses plages de sable fin bordées de cocotiers, sa végétation luxuriante et sa douceur de vivre. Décor de carte postale, de dépliant touristique… « Le dieu à l’origine de cet endroit n’avait suivi ni cours ni méthode /… / Il s’agissait sans doute d’une divinité caribéenne qui, prise par un délire tropical en des temps où l’art n’existait pas, avait composé un site merveilleusement absurde : la mer, le ciel et même l’odeur de l’air, tout était bleu ».

De nombreux touristes allemands y séjournent et parfois s’y installent durablement, comme Wolfang Kreutzer et sa sensuelle femme Renata, qui tiennent un bar-restaurant sur la plage de Playa El Agua. Pourtant, derrière le cadre idyllique, il existe une « autre île » ; celle « où les certitudes n’existaient pas, rien que des attentes ou, à la limite, des espoirs ». L’envers du décor.

La confrérie des chasseurs de livres, Raphaël Jérusalmy

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 27 Août 2013. , dans La Une Livres, Actes Sud, La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, Roman

La confrérie des chasseurs de livres, 21 août 2013, 320 pages, 21 € . Ecrivain(s): Raphaël Jérusalmy Edition: Actes Sud

 

Raphaël Jérusalmy, sur le site de son éditeur, livre au futur lecteur les clés de son ouvrage, ainsi :

« Je tombe sur ceci, à propos du poète François Villon, condamné à être pendu :

Le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement et bannit Villon de Paris. Nul ne sait ce qu’il advint de lui par la suite.

Comment résister à une telle invite !

D’autant plus que Villon est le héros romanesque par excellence. Téméraire, attachant, tragique, rebelle. Mais aussi farceur, gredin, mystérieux. Parfait pour un récit d’aventures. Et puis Villon, c’est surtout un combat. Des comptes à régler avec le pouvoir, l’injustice, la souffrance humaine. Une épopée de l’esprit et de la lutte pour la liberté. Impossible de cantonner un tel personnage dans un seul lieu, un seul niveau de lecture, une seule intrigue. Enfin, il y a les livres. Autres héros de cette histoire. Et la poésie.

Djebel, Gilles Vincent

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 08 Juillet 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Roman, Jigal

Djebel, 256 pages, 8,80 € . Ecrivain(s): Gilles Vincent Edition: Jigal

 

Djebel a pour point de départ la mechta d’Ouadhia en Kabylie. En mars 1960, un détachement de la compagnie du 7e régiment de chasseurs, commandé par le capitaine Murat, campe sous la tente. Le jeune Antoine Berthier, opérateur radio, monte la garde en murmurant des vers de Victor Hugo. Berthier a de la chance. Dans trois jours, c’est la quille, le retour en France, sain et sauf, là où tant d’autres ont laissé leur peau. Quitter l’Algérie dont il ne connaît que « la caillasse et le sang séché » devrait le remplir de joie. Et pourtant, la perspective des retrouvailles l’effraye et le couvre de honte… « Tout le monde s’en est fait un, ici »… tout le monde, sauf lui.

Pas question pour trois gradés de la compagnie de le laisser rentrer « bredouille ». Ce qui se passe ensuite relève de l’impensable, de l’ignoble, de l’inhumain. Trop, beaucoup trop, pour un jeune homme qui choisit sur le bateau qui le ramène vers sa mère et sa sœur jumelle, vers Marseille et ses collines natales de Trets, de se donner la mort plutôt que d’affronter pour le restant de son existence le remords. Pour l’armée, pas question de dire la vérité à la famille. Pendant quarante et une années, Antoine sera mort au combat.

Mais délivrez-nous du mal, Maurice Gouiran

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 03 Juillet 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Jigal

Mais délivrez-nous du mal, mai 2013, 248 pages, 18 € . Ecrivain(s): Maurice Gouiran Edition: Jigal

 

On se souvient du scandale de la Clinique du sport à Paris et du procès de 2010 qui, au terme d’une instruction de dix longues années, se termina par la condamnation du directeur et de l’un des chirurgiens à de la prison ferme. En cause, la mycobactérie xénopi, à l’origine d’infections nosocomiales ayant causé des dommages irréversibles à de nombreux patients. Maurice Gouiran, pour les besoins de son vingt-deuxième roman, transpose l’affaire dans le « milieu » des établissements médicaux marseillais. Nous sommes en mai 2012, et Jean-Lucien de Ponterne, directeur et propriétaire de la clinique Les Acacias, ainsi que deux de ses chirurgiens doivent répondre devant la justice de la contamination par la bactérie de trente-huit personnes, dont plusieurs sportifs de haut niveau. Oui, mais voilà… au moment où le procès s’ouvre, Jean-Lucien de Ponterne joue les abonnés absents. Difficile, en effet, de se présenter à une audience et de s’assoir sur le banc des accusés, lorsque l’on vient de prendre une balle dans la tête et de cramer dans « un champ envahi par les roquettes et les camomilles », à quelques encablures de l’Estaque.