« Regina », voilà un bien beau nom pour un hameau sordide, perdu au bord du fleuve, quelque part en Guyane.
« Une église, une mairie-école et quelques cases créoles… », et l’épicerie Gomès devant laquelle des hommes venus des alentours se retrouvent chaque matin, boivent et échangent les nouvelles.
Plus loin, à l’écart de tout, le bar du Caïman noir, autre nœud de rencontres, louche, interlope celui-là, lieu de plaisirs tristes, où, le soir surtout, ça danse, ça se soûle, ça se bat parfois, où quelques amérindiennes en voie d’acculturation viennent monnayer leurs charmes, où se croisent orpailleurs clandestins, fonctionnaires métropolitains impatients d’être affectés ailleurs, aventuriers au passé trouble, épaves au passé occulte qui ont choisi d’échouer dans ce trou vaseux pour se faire oublier.
Voilà pour le décor, baignant dans la moiteur, la pluie, la boue et le mal être.