Glam Rock, Glitter, Teenage pop & art rock, Christophe Brault (par Guy Donikian)
Glam Rock, Glitter, Teenage pop & art rock, Christophe Brault, Éditions Le Mot et le reste, janvier 2024, 280 pages, 22 €
Edition: Le Mot et le ResteLe début des années 70 est dominé dans la sphère rock par le hard rock et le rock progressif. N’en déplaise à certains, ce ne sont pas là des variations sur un même thème sans aucune importance, on a ici une évolution qui, a posteriori, semble logique et parfaitement intégrée au genre musical. Quel que soit le mouvement musical considéré, il y a toujours des créateurs pour s’emparer de structures musicales et les faire évoluer. Et bien entendu, le rock, musique populaire, n’échappe pas à cette règle. Ainsi naîtra au début des années 70 le glam rock, objet de cet ouvrage on ne peut plus documenté, un glam rock prêt à tout pour se faire une place.
C’est le 10 mars 1971 que tout commence. Lors de l’émission télévisée britannique « Top of the Pops », Marc Bolan et son groupe T.Rex présentent un nouveau titre, Hot love. Et dans le but de marquer les esprits, Marc Bolan va se présenter avec des paillettes scintillantes sur les joues, pour les faire briller devant les cameras, d’autant que l’émission est diffusée en couleurs (les caméras couleur sont utilisées depuis novembre 69). Marc Bolan veut représenter l’avenir et le pari, risqué, aboutit à une montée dans les charts. Un nouveau mouvement musical est né, le glam rock, qui va prendre une place considérable. Les paillettes ont fait leur œuvre !
Christophe Brault dégage quatre éléments qui vont définir le glam rock ; ce sont le maquillage, le look, l’attitude et la musique.
– Le maquillage a toujours été présent dans l’histoire du rock. L’auteur nous rappelle les facéties de Little Richard, qui choquait aussi par son maquillage. On se souviendra aussi de Sreamin’Jay Hawkins, ou encore de Alice Cooper, dont le maquillage va influencer David Bowie. A partir de 1971, le maquillage devient déterminant pour nombre de groupes, dont les New York Dolls, Roxy Music, et Kiss.
– Le look prend une réelle importance et s’inscrit aussi dans une filiation logique, Presley, Vince Taylor, et d’autres, n’ont-ils pas revêtu costumes à paillettes ou lamé or. Et ce début des seventies est aussi la période de multiplications des images qui conduit chaque artiste au soin de son image, en adéquation avec sa musique.
– L’attitude est bien évidemment un facteur déterminant qui s’appuie sur le look et le maquillage. « L’intérêt se porte sur le maquillage, les vêtements, tout ce qui peut briller, scintiller et attirer l’attention. L’outrance du look et de la tenue vestimentaire, alliée à une exubérance, donnent au glam rock la primauté de la synthèse des paillettes et des guitares, du disco et du punk, sont deux styles qui, en 1975 et 1976 signeront son arrêt de mort ». Outrances, excentricité, vont se conjuguer pour créer des show, loin de toute réalité, où tout est factice et divertissant.
– La musique glam se divise en réalité en trois familles. La plus « respectée » est l’art rock, Boxie, Roxy Music en sont les représentants. Elle se rapproche plus du rock progressif. Le glitter rock est la deuxième famille, où maquillage et exubérance sont des signes forts, ce qu’on retrouve chez Alice Cooper, New York Dolls, et Fiss, pour les USA, T.Rex Slade, ou Gary Glitter, pour la Grande Bretagne. Quant à la 3ème division du glam, ce sont des groupes ou artistes d’un titre, qu’on retrouve souvent dans des compilations, et qu’on pourrait réécouter avec intérêt.
Christophe Brault dresse une liste de « singles » qui, bien qu’étant édités avant la date du 10 mars 1971, appartiennent au glam rock, souvent d’ailleurs en raison d’une production qui fait la part belle à une rythmique plutôt lourde. Ainsi peut-on citer UK Jones avec Let Me Tell Ya, sorti en 1969, ou encore Lally Scott avec Chirpy Chirpy Cheep Cheep, sorti en septembre 1970.
Mais l’âge d’or du glam rock se situe entre 1971 et 1974. Trois années qui ont démarré avec T.Rex dont le déclin s’amorce dès 1973 et qui ont permis à nombre d’artistes d’évoluer dans le glam. Citons, après l’auteur, Slade, Alice Cooper, Kiss, Suzi Quatro, ou les Sparks.
Suit un catalogue exhaustif des groupes et artistes qui, de près ou de loin, ont contribué à faire de ce courant musical l’un des maillons de son évolution, maillon auquel ils sont aujourd’hui nombreux à se référer. Ainsi en est-il de David Bowie en 1972, de Roxy Music, de Mott the Hoople, toujours pour cette même année et nombreux autres artistes ici référencés. A compulser pour tout amoureux de ces musiques.
Christophe Brault a été disquaire et a collaboré à de nombreuses radios. Il est l’auteur d’anthologies consacrées au Rock Garage et au rock’n roll.
Guy Donikian
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