Bravant règles et interdits dans son pensionnat, Eléni Altamura-Boukoura croque frénétiquement ses camarades et tout ce qui l’entoure, et prolonge cet exercice, la nuit, à la lueur de bougies volées. Si sa mère désapprouve sévèrement cette excentricité, son père, le célèbre marin et capitaine de Port Ioannis Boukouris (qui a fait helléniser son nom libanais), non seulement s’en amuse, mais encourage les ébauches de sa fille adorée, son aînée et sa préférée, jusqu’à lui offrir des cours particuliers avec le célèbre peintre italien, Raffaello Ceccoli. Mais ces petites transgressions et largesses prennent une tournure beaucoup plus sérieuse et inquiétante le jour où la jeune fille émet le souhait de se rendre en Italie afin d’étudier la peinture, de parfaire ses connaissances et de réaliser pleinement sa vocation artistique. C’est là que la figure héroïque du père, fantasque et charismatique en public, se réalise aussi dans l’intimité, avec une grandeur d’âme et une noblesse tutélaire hors du commun. Aussi, lorsqu’il accepte d’accompagner sa fille à Rome, dans un contexte politique troublé et incertain, amorce-t-il en même temps qu’il le scelle le destin exceptionnel de la première femme peintre grecque qui, au XIXème siècle, est allée étudier en Italie :