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Critiques

Le Cow-boy de Malakoff, Thierry Roquet

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 05 Mai 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Le Cow-boy de Malakoff, Editions Le Pédalo Ivre, mars 2014, 75 pages, 10 € . Ecrivain(s): Thierry Roquet

 

 

Le Cow-boy de Malakoff est un héros presque solitaire qui vit avec « une squaw du Maroc, une berbère au sang pur et noble » et une fillette qu’il appelle « mon trésor ». Le Cow-boy de Malakoff vit dans « l’immensité poussiéreuse d’un tipi d’avant-guerre » au troisième étage sans ascenseur, « il n’y a pas de digicode, pas de boîte aux lettres (juste une fente dans la porte) ». Le Cow-boy de Malakoff a un lasso de sept mètres, 10.000 vaches qui paissent « jusqu’au quai de la ligne 13, station plateau de Vanves-Malakoff » et des « crocodiles qui viennent de la cave (les larmes d’encore plus loin) ».

Le cow-boy de Malakoff écrit des poèmes « – Je ne sais pas faire autre chose, ma chérie… » et son ranch donne sur l’open space « ce sont des quartiers à perte de vue des immeubles des villes et encore des villes qui s’étendent à l’infini » qu’il peut observer depuis la fenêtre rectangulaire de son tipi deux pièces. Une fenêtre sur les rebords de laquelle « les rayons du soleil s’échouent comme des merdes ».

Au départ d’Atocha, Ben Lerner

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 03 Mai 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, L'Olivier (Seuil)

Au départ d’Atocha, traduit de l’anglais (USA) par Jakuta Alikavazovic, février 2014, 206 pages, 21 € . Ecrivain(s): Ben Lerner Edition: L'Olivier (Seuil)

 

« Le héros de Ben Lerner restera une voix incontestablement singulière… ». C’en est une autre, inoubliable – celle de Paul Auster – qui le dit. On a envie de lui faire confiance en mettant le pied dans ce livre « singulier ». On ne le regrette pas !

L’histoire tient dans le sac de voyage vite bouclé que le héros traîne partout avec lui. Un américain – époque Bush 2 – est en résidence à l’ombre d’une confortable bourse (et de la carte bleue – pour urgences – de papa, maman) à Madrid. Il est enregistré « poète » et doit au bout de son année maîtriser l’Espagnol. Il loge quelque part au-dessus de la Plaza Santa Ana, boit à toute heure, grappille des tortillas, et surtout fume des joints. Un remake littéraire de L’auberge espagnole, avec Romain Duris dans le rôle-titre ? Pertinent, souventes fois ; en moins léger, pourtant ! Car, important, aussi, le gars est  bipolaire sujet aux crises d’angoisse, et ne fait rien sans « ses pilules blanches… après des heures à réécrire des poèmes, je fondais soudain en larmes, le visage enfoui dans une serviette pour ne pas déranger les voisins, ou, en sortant pour acheter des cigarettes, du vin ou du shit, je ressentais un léger clivage et le monde s’incurvait aux angles ». Voilà l’histoire.

Le mendiant de Velázquez, François Rachline

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 03 Mai 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Albin Michel

Le mendiant de Velázquez, mars 2014, 272 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): François Rachline Edition: Albin Michel

 

« Elevez-vous, Velázquez, je vous soutiendrai toujours ».

Vitalité du 17° siècle espagnol, vitalité de Velázquez et de ses Ménines, de La Famille. Le tableau prend vie à l’Alcázar, la demeure royale, il illumine aujourd’hui Le Prado, Palais des peintres, et n’aura cessé d’interroger Picasso, 58 toiles peintes en 1957 s’en inspirent directement. Tout espagnol sait que « la vie est un songe », Velázquez n’en a jamais douté et François Rachline en bon romancier ne saurait s’en défaire.  Songez donc à cette improbable rencontre entre le carrosse du peintre et un mendiant, Mendigo. Songez que le peintre va l’inviter à s’installer à ses côtés à L’Alcázar, un palais où les plus grands peintres dialoguent avec le sévillan, à devenir son modèle, son confident, son allié. Songez à ce qui se joue là, dans l’entourage de Philippe IV, les hommes de cour qui voient d’un œil noir ce peintre qui intrigue pour porter la croix de Santiago, et ce manant qui désormais le suit comme une ombre.

Pas un tombeau, suite de proses rapides pour dire un père, Bernard Bretonnière

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 03 Mai 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Pas un tombeau, suite de proses rapides pour dire un père, Editions L’œil ébloui, 24 mars 2014, 58 pages, 14 € . Ecrivain(s): Bernard Bretonnière

 

 

C’est un événement. C’est un livre de poèmes important. Aujourd’hui réédité (première parution : 2003, au Dé bleu).

Aujourd’hui, ou plutôt demain. Car il faudra attendre un peu. Ce sera le 24 mars (notez-le dans vos agendas).

 

Le père advenu.

La porte souterraine, Etienne Raisson

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 02 Mai 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Gallimard

La porte souterraine, janvier 2014, 127 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Etienne Raisson Edition: Gallimard

 

Si jeune, Etienne Raisson, et pourtant capable de nous offrir ce petit – joyau – le mot s’impose. Maîtrise littéraire, originalité, atmosphère et rythme. Tout nous séduit, nous emporte. Incontestablement, un univers, qu’on n’oublie pas et qu’on garde – un peu secret, en nous, comme pour certains recueils de poèmes très aimés… une « Porte souterraine » qu’on pousse avec le plus grand bonheur.

Chaque nouvelle – le genre le veut – et on sait à quel point il est exigeant – est ciselée comme un bijou à part : ses lieux (le midi moins le quart du Quercy, qui semble connu comme une deuxième peau ; l’Amérique ; celle de l’Histoire du Far West et les flopées d’images – vraies ou moins, qui vont avec, qui nous éclaboussent, comme une résurrection rêvée par l’enfant-Raisson, pas si loin) ; ses « gens », ceux qui appartiennent à Etienne (ou, du moins on le croit) ; grands-parents, parents, copains, dont il dit parfois beaucoup, et d’autres, pas plus que ça ; monde du travail, des émigrés, du chômage de ce temps…