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Articles taggés avec: Faurieux Alain

Coups de griffes N°10 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 19 Août 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques

 

Un Papa vivant, Alice Taglioni, Robert Laffont, novembre 2023, 270 pages, 18,90 €

La couverture est une bonne représentation du contenu. Un style un peu cartes de l’UNICEF, simple et épuré. Très joli. Avec de beaux sentiments. Et un enfant. Et des bons sentiments. Et un chien. Je ne connaissais pas l’actrice, ou je l’avais oubliée sitôt entr’aperçue. Cela va sans doute être la même chose avec l’auteure. Petit livre inspiré en grande partie par sa vraie vie – ou quelque chose comme ça – nous dit l’éditeur. Dommage, ça va donner mauvaise conscience de dire à quel point c’est pitoyable. Sujet mièvre : après six ans de veuvage la pianiste/lectrice/bonne fille et bientôt quadra retrouve l’amour. Une poignée de personnages (dont le fantôme du papa mort) échangent des répliques qui semblent provenir de Sète et du Spoon (référence pour les Happy Few).

Coups de griffes N°9 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 18 Juin 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

La Langue des Choses Cachées, Cécile Coulon, L’Iconoclaste, janvier 2024, 134 pages, 17,90 €

Merci Madame Coulon. Je viens de terminer Le langage des choses cachées, votre dernier (ou avant-dernier, vous écrivez si vite) roman. Disons plutôt votre nouvelle, vous et moi savons que quelquefois les éditeurs… Dès les premières lignes j’ai ressenti une certaine familiarité avec votre récit. Des lieux et un temps restant vagues, mal définis, des personnages semblables aux cartes d’un tarot retrouvé. Un conte moral, bien sûr. J’ai d’abord cru que les nombreux heurts, les hésitations ou contradictions dans vos phrases faisaient partie de votre style ; un sens caché. Un voile levé sur notre monde illogique et brutal. Signifiant/signifié, tout ça tout ça. Malheureusement cette lecture s’est révélée optimiste. Et pourtant quand un livre fait moins de cent pages (quelquefois la pagination et l’édition…), le moindre mot compte, non ?

Coups de griffes N°8 (par Alain Faurieux)

, le Lundi, 27 Mai 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Meurs ressuscite, Albane Prouvost, POL, 2015, 64 pages, 10 €

Merci à M.D pour m’avoir, par curiosité et esprit de contradiction, mené à Albane P. Ça a fait ma journée diraient les anglais. Aurais-je dû rire très fort pendant cette lecture ? Jeter des choses à terre ? Prendre comme témoin du ridicule un passant sur la route ? Je ne suis pas si plouc pour ne pas avoir compris « l’intention »… Le manque, la mort, l’absence. Et puis la blancheur/la neige (la page), la Russie et ses poètes, les peintres, gna-gna-gna. Trente pages en fait (la blancheur et tout ça, ça prend de la place ma chère). Quinze ans pour ça : c’est dur être poète ! Alors que m’a-t-il manqué ? Parce qu’après tout me direz vous, la poésie c’est un ressenti, une liberté. Chacun sa définition. Il m’a donc manqué un jeu, un plaisir des mots, un amour de ceux-ci, une découverte, de la beauté, de la force, ou de la violence, de la provocation, de la surprise, des sentiments, ou une vision, des possibilités. A la place le vivier lexical d’un pays en proie à la famine, un patchwork bancal. Des bouts de catalogue de jardinerie mal découpés collés sur un vieux carton en lieu et place de Chagall ou Matisse. M’a manqué une voix, reste un bafouillement. M’a manqué un rythme, un pas (la neige appelle au moins une trace). Reste rien.

Griffes N°7 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 29 Avril 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

L’avenir de l’intelligence, et autres textes, Charles Maurras, 2018, Robert Laffont, Bouquins, 1280 pages, 32 €

J’ai mis du temps à venir à bout de ce gros pavé, mais en ces temps de « réévaluations » et réhabilitations, autant prendre le temps. Au nom des libertés de pensée et d’édition, de vieux monstres relèvent la tête, alors regardons les dans les yeux. J’aime bien Bouquins, le poids, la tenue en main des volumes. Celui-ci ne fait pas exception : édition soignée de textes et d’extraits, groupés par thèmes. Autobiographie, journalisme, poésie, pensée politique et engagement. Préfaces et mises en contexte. La chose est (bien sûr ?) pro-Maurras. J’ai commencé par les poèmes, essayant d’ignorer l’auteur. Belles constructions, culture évidente, mortellement ennuyeux. Des cendres plutôt que de la poussière. Le côté autobiographique (la Provence, Martigues & plus) est de son temps, et sans grand intérêt. La pensée Maurassienne est bien plus intéressante.

Coups de griffes 5 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Jeudi, 08 Février 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Avec les Fées, Sylvain Tesson, Éditions des Équateurs, janvier 2024, 224 pages, 21 €

Pas de mensonge chez Tesson. La posture de l’homme, de l’œuvre, est tout entière dans la couverture. Focus sur le gars qui lit, perché face à la mer déchaînée. On peut lire Tesson et penser à Hegel et Chateaubriand, bien sûr, et aussi à Hugo, ou encore à la prochaine lessive. Nous voilà avec le pendant masculin des Ernaux, Coulon & Co. Je peux enfin dire qu’un livre m’a gonflé sans être accusé de sexisme. Nombrilisme forcené, joli sens de l’esbroufe, du marketing soft et de comment caresser dans le sens du poil. Tesson est, se veut, un enfant du siècle. Duquel est une autre histoire. Que reprocher à notre super-héros gaulois ? Dans une construction globalement classique (Invention de l’esprit Celte > voyage (semi-)initiatique > résolution), l’écriture ne rechigne devant rien. Tesson entasse majuscules, citations, notions, italiques, guillemets et références (littéraires, philosophiques, mystiques, historiques et géographiques).