Réponse au droit de réponse à Michel Host, publié par Arnaud Genon, dans La Cause Littéraire, le 22 septembre 2017, à propos du livre « L’inconfort du Je ».
Cher Arnaud Genon,
Je regrette sincèrement que ma lecture de « L’inconfort du Je » vous ait déplu à ce point et ne conteste nullement votre droit de me le faire savoir. Ma réponse brève ne se veut ni négligente, ni habile, encore moins arrogante. La lecture du livre m’a arrêté d’emblée en ce que son titre est ambigu, voire équivoque. Il faut donc lire, me direz-vous. Ce que j’ai fait, et non pas aussi distraitement que vous le dites.
Pour ma contrition et éventuellement ma défense, ceci : je n’assume qu’à demi l’erreur de vous avoir qualifié d’« universitaire » (titre qui n’a pour moi rien d’infamant) : votre éditeur parle lui-même d’ « enseignant-chercheur », avouez que l’on peut s’y tromper. Enfin, notez que je concentre mes tirs sur l’inénarrable Mme Angot, qui n’est qu’un écrivain de tréteaux. Comme vous aujourd’hui, j’ai enseigné dans le secondaire durant 35 années, avec plaisir et fierté. Pour ce qui est de vous voir en « toulousain », votre éditeur en est aussi la cause, avec l’anecdote liée à l’idée universitaire et l’imprécision de la 4e de couverture ; et vous plaisantez, je pense, en faisant mine de croire que peut-être on vous verra désormais en membre de l’ETA !
Pour ce qui est du terme « particularités », que j’ai choisi, nous les partageons toutes, vous et moi, y compris l’hétérosexualité, la conjugalité, la paternité et les traits de vie. « Singularité » eût été « stigmatisant » selon moi, et je n’y pensais pas. C’est le terme le plus neutre qui m’est venu : j’aurais pu réfléchir davantage, oui, si j’accordais une quelconque importance à ces différences et similarités dans les comportements personnels. Les intéressés eux-mêmes, pour contrer la violence de leurs ennemis, se désignent dans un particularisme spécifique, et d’abord en tant que communauté. Je n’aurai pas la bêtise de vous dire que mes amis homosexuels, je les vois comme des humains particuliers. Les auteurs dont vous traitez (dans votre œuvre personnelle comme dans le livre), les préoccupations que vous mettez en relief, prêtent là encore et pour le moins aux incertitudes. Mais comme vous j’aime Gide, Cocteau, Julien Green et Colette... etc. Cependant, j’assume ici encore ma rapidité de lecture, mon imprudence. Que vous ne soyez pas celui que j’ai cru et dit ne change rien à l’inintérêt que j’ai perçu dans cette réflexion partagée sur « l’écriture de soi ». Cette imprudence peut néanmoins être gênante aux yeux de certains attardés, mais écrivez-vous pour eux ?
Je parle du SIDA, c’est une déduction, et non pas vous : mais ne parlez-vous pas, et amplement, de personnes fauchées par cette maladie, et je ne vous accuse nulle part d’avoir écrit le mot SIDA ? Quant aux dates elles ne sont pas mon fort, je l’avoue, mais je revendique ma pleine responsabilité, ma paternité distraite dans leur grande approximation : au moins je suis resté « dans le siècle » et les historiens rétabliront la chronologie. Je reconnais aussi que l’on est en droit d’exiger l’exactitude à ce sujet.
Pour conclure, en fait de déontologie du lecteur-critique, je revendique pleinement le droit d’être critiqué, et celui de critiquer moi-même (que vous ne me disputez pas !), fût-ce en commettant des erreurs, non dictées par un quelconque désir de nuire aux auteurs.
Je regrette encore de vous avoir donné le souci de me répondre, mais vous remercie de votre réponse, elle me sera utile.
Michel Host - Le 23 / IX / 2017
Voir l'objet de l'échange : http://www.lacauselitteraire.fr/a-propos-de-l-inconfort-du-je-dialogue-sur-l-ecriture-de-soi-laurent-herrou-arnaud-genon-par-michel-host
Le droit de réponse de Arnaud Genon : http://www.lacauselitteraire.fr/droit-de-reponse-a-michel-host-pour-sa-chronique-sur-l-inconfort-de-je-aux-editions-jacques-flament-par-arnaud-genon
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